Statistiques

Date de création : 09.02.2011
Dernière mise à jour : 03.02.2017
1416 articles


Images
Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· PRIERES MYSTIQUES (9)
· PRIERE POUR SON PERE ET SA MERE (1)
· REVELATIONS SUR LES ANGES (23)
· SAINT JOSEPH (13)
· MARIA VALTORTA (15)
· PSAUMES DE LA PENITENCE (7)
· SAINT YVES (3)
· LES SEPT SAINTS ARCHANGES (8)
· LES MYSTERES JOYEUX DU ROSAIRE (5)
· REVELATION DE MARIE (1)

Rechercher
Blogs et sites préférés


Derniers commentaires

MARIA VALTORTA

5EME MYSTERE GLORIEUX : LE COURONNEMENT DE MARIE

Publié le 23/10/2013 à 22:41 par mammarosa
5EME MYSTERE GLORIEUX : LE COURONNEMENT DE MARIE

LE COURONNEMENT DE MARIE

(Tiré du 10ème Volume de

« L’Evangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA)

 

Marie dit :

« Mon humilité ne pouvait me permettre de penser qu’il m’était réservé tant de gloire au Ciel. Il y avait dans ma pensée la quasi certitude que ma chair humaine, sanctifiée pour avoir porté Dieu, n’aurait pas connu la corruption, puisque Dieu est Vie et quand Il sature et emplit de Lui-même une créature, son action est comme les aromates qui préservent de la corruption de la mort.

Moi, non seulement j’étais restée Immaculée, non seulement j’avais été unie à Dieu par un chaste et fécond embrassement, mais je m’étais saturée, jusque dans mes plus secrètes profondeurs, des émanations de la Divinité cachée dans mon sein et occupée à se voiler de chair mortelle. Mais que la bonté de l’Eternel aurait réservé à sa servante la joie de nouveau sentir sur mes membres le contact de la main de mon Fils, son embrassement, son baiser et d’entendre de nouveau sa voix de mes oreilles, de voir de mes yeux son visage, je ne pensais pas que cela me serait accordé et je ne le désirais pas. Il m’aurait suffi que ces béatitudes soient accordées à mon esprit et de cela aurait déjà été empli de félicité mon moi.

Mais, c’est pour témoigner de sa première pensée créatrice en ce qui concerne l’homme destiné par Lui, Créateur, à vivre en passant sans mourir du Paradis terrestre au céleste, dans le Royaume Eternel, que Dieu m’a voulue, moi, Immaculée, au Ciel en âme et en corps sitôt finie ma vie terrestre.

Moi, je suis le témoignage de ce que Dieu avait pensé et voulu pour l’homme : une vie innocente et ignorant les fautes, un tranquille passage de cette vie à la Vie éternelle. Comme quelqu’un qui franchit le seuil d’une maison pour entrer dans un palais, l’homme, avec son être complet, fait d’un corps matériel et d’une âme spirituelle, serait passé de la terre au Ciel, en augmentant la perfection de son moi que lui a donnée Dieu, de la perfection complète à la fois de la chair et de l’esprit qui était, dans la pensée Divine, destinée à toute créature qui serait restée fidèle à Dieu et à la Grâce. Cette perfection, l’homme l’aurait atteinte dans la pleine lumière qui existe aux Cieux et les remplit, venant de Dieu, Soleil éternel qui les illumine.

Devant les Patriarches, les Prophètes et les Saints, devant les Anges et les Martyrs, Dieu m’a mise, assumée en corps et en âme à la gloire des Cieux, et Il a dit :

« Voici l’œuvre parfaite du Créateur. Voici ce que J’ai crée à ma plus véritable image et ressemblance entre tous les fils de l’homme, fruit d’un chef-d’œuvre de création divine, merveille de l’univers qui voit renfermé en un seul être le divin dans son esprit éternel comme Dieu et comme Lui spirituel, intelligent, libre et Saint, et la créature matérielle dans la plus sainte et la plus innocente des chairs, devant laquelle tout autre vivant, dans les trois règnes de la création, est obligé de s’incliner. Voilà le témoignage de mon amour pour l’homme pour lequel J’ai voulu un organisme parfait et le sort bienheureux d’une vie éternelle dans mon Royaume. Voilà le témoignage de mon pardon pour l’homme auquel, par la volonté d’un Trine Amour, J’ai accordé de se réhabiliter et de se recréer à mes yeux. C’est la mystique pierre de touche, c’est l’anneau qui unit l’homme à Dieu, c’est Celle qui ramène les temps aux premiers jours et donne à mes yeux divins la joie de contempler une Eve telle que Je l’ai créée, et maintenant devenue encore plus belle et plus sainte parce qu’Elle est la Mère de mon Verbe et la Martyre du plus grand pardon. Pour son Cœur Immaculé qui n’a jamais connu aucune tache, même la plus légère, j’ouvre les trésors du Ciel, et pour sa tête qui n’a jamais connu l’orgueil, Je fais de ma splendeur un diadème et Je la couronne puisqu’Elle est pour Moi la plus sainte, pour qu’elle soit votre Reine ».

Dans le Ciel, il n’y a pas de larmes. Mais au lieu des larmes de joie qu’auraient eu les esprits s’il leur avait été accordé de pleurer, liquide qui coule par suite d’une émotion, il y eut, après ces divines paroles, un rayonnement de lumières, un changement de splendeurs en de plus vives splendeurs, une ardeur de flammes de charité en un feu plus ardent, un son insurpassable et indescriptible d’harmonies célestes auxquelles s’unit la voix de mon Fils pour louer Dieu le Père et sa Servante éternellement bienheureuse ». 

4EME MYSTERE GLORIEUX : L'ASSOMPTION DE MARIE

Publié le 23/10/2013 à 22:40 par mammarosa
4EME MYSTERE GLORIEUX : L'ASSOMPTION DE MARIE

L’ASSOMPTION DE MARIE AU CIEL

(Tiré du 10ème Volume de

« L’Evangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA)

 

 

Combien de jours sont-ils passés ? Il est difficile de l’établir sûrement. Si on en juge par les fleurs qui font une couronne autour du corps inanimé, on devrait dire qu’il est passé quelques heures. Mais si on juge d’après le feuillage d’olivier sur lequel sont posées les fleurs fraîches, et dont les feuilles sont déjà fanées, et d’après les autres fleurs flétries, mises comme autant de reliques sur le couvercle du coffre, on doit conclure qu’il est passé déjà des journées.

Mais le corps de Marie est tel qu’il était quand elle venait d’expirer. Il n’y a aucun signe de mort sur son visage, sur ses petites mains. Il n’y a dans la pièce aucune odeur désagréable. Au contraire, il y flotte un parfum indéfinissable qui rappelle l’encens, les lis, les roses, le muguet, les plantes de montagne, mélangés.

Jean, qui sait depuis combien de jours il veille, s’est endormi, vaincu par la lassitude. Il est toujours assis sur le tabouret, le dos appuyé au mur, près de la porte ouverte qui donne sur la terrasse. La lumière de la lanterne, posée sur le sol, l’éclaire par en dessous et permet de voir son visage, fatigué, très pâle, sauf autour des yeux rougis par les pleurs.

L’aube doit maintenant être commencée car sa faible clarté permet de voir la terrasse et les oliviers qui entourent la maison. Cette clarté se fait toujours plus forte et, pénétrant par la porte, elle rend plus distincts les objets même de la chambre, ceux qui, étant éloignés de la lampe, pouvaient à peine être entrevus.

Tout d’un coup, une grande lumière remplit la pièce, une lumière argentée, nuancée d’azur, presque phosphorique, et qui croît de plus en plus, qui fait disparaître celle de l’aube et de la lampe. C’est une lumière pareille à celle qui inonda la Grotte de Bethléem au moment de la Nativité Divine. Puis, dans cette lumière paradisiaque, deviennent visibles des créatures angéliques, lumière encore plus splendide dans la lumière déjà si puissante apparue d’abord. Comme il était déjà arrivé quand les anges apparurent aux bergers, une danse d’étincelles de toutes couleurs se dégage de leurs ailes doucement mises en mouvement, d’où il vient une sorte de murmure harmonieux, arpégé, très doux.

Les créatures angéliques forment une couronne autour du petit lit, se penchent sur lui, soulèvent le corps immobile et, en agitant plus fortement leurs ailes, ce qui augmente le son qui existait d’abord, par un vide qui s’est par prodige ouvert dans le toit, comme par prodige s’était ouvert le Tombeau de Jésus, elles s’en vont, emportant avec eux le corps de leur Reine, son Corps très Saint, c’est vrai mais pas encore glorifié et encore soumis aux lois de la matière, soumission à laquelle n’était plus soumis le Christ parce qu’il était déjà glorifié quand il ressuscita. Le son produit par les ailes angéliques est maintenant puissant comme celui d’un orgue.

Jean, qui tout en restant endormi s’était déjà remué deux ou trois fois sur son tabouret, comme s’il était troublé par la grande lumière et par le son des voix angéliques, est complètement réveillé par ce son puissant et par un fort courant d’air qui, descendant par le toit découvert et sortant par la pote ouverte, forme une sorte de tourbillon qui agite les couvertures du lit désormais vide et les vêtements de Jean, et qui éteint la lampe et ferme violemment la porte ouverte.

L’apôtre regarde autour de lui, encore à moitié endormi, pour se rendre compte de ce qui arrive. Il s’aperçoit que le lit est vide et que le toit est découvert. Il se rend compte qu’il est arrivé un prodige. Il court dehors sur la terrasse et, comme par un instinct spirituel ou un appel céleste, il lève la tête, en protégeant ses yeux avec sa main pour regarder, sans avoir la vue gênée par le soleil qui se lève.

Et il voit. Il voit le corps de Marie, encore privé de vie et qui est en tout pareil à celui d’une personne qui dort, qui monte de plus en plus haut, soutenu par une troupe angélique. Comme pour un dernier adieu, un pan du manteau et du voile s’agitent, peut-être par l’action du vent produit par l’assomption rapide et le mouvement des ailes angéliques. Des fleurs, celles que Jean avait disposées et renouvelées autour du corps de Marie,  et certainement restées dans les plis des vêtements, pleuvent sur la terrasse et sur le domaine de Gethsémani, pendant que l’hosanna puissant de la troupe angélique se fait toujours plus lointain et donc plus léger.

Jean continue à fixer ce corps qui monte vers le Ciel et, certainement par un prodige qui lui est accordé par Dieu, pour le consoler et le récompenser de son amour pour sa Mère adoptive, il voit distinctement que Marie, enveloppée maintenant par les rayons du soleil qui s’est levé, sort de l’extase qui a séparé son âme de son corps, redevient vivante, se dresse debout, car maintenant elle aussi jouit des dons propres aux corps déjà glorifiés.

Jean regarde, regarde. Le miracle que Dieu lui accorde lui donne de pouvoir, contre toutes les lois naturelles, voir Marie qui maintenant qu’elle monte rapidement vers le Ciel est entourée sans qu’on l’aide à monter, par les anges qui chantent des hosannas. Jean est ravi par cette vision de beauté qu’aucune plume d’homme, qu’aucune parole humaine, qu’aucune œuvre d’artiste ne pourra jamais décrire ou reproduire car c’est d’une beauté indescriptible.

Jean, en restant toujours appuyé au muret de la terrasse, continue de fixer cette splendide et resplendissante forme de Dieu, car réellement on peut parler ainsi de Marie, formée d’une manière unique par Dieu, qui l’a voulue Immaculée, pour qu’elle fût une forme pour le Verbe Incarné, qui monte toujours plus haut. Et c’est un dernier et suprême prodige que Dieu-Amour accorde à celui qui est son parfait aimant : celui de voir la rencontre de la Mère Très Sainte avec son Fils Très Saint qui, Lui aussi splendide et resplendissant, beau d’une beauté indescriptible, descend rapidement du Ciel, rejoint sa Mère et la serre sr son cœur et ensemble, plus brillants que deux astres, s’en vont là d’où Lui est venu.

La vision de Jean est finie. Il baisse la tête. Sur son visage fatigué, on peut voir à la fois la douleur de la perte de Marie et la joie de son glorieux sort. Mais désormais la joie dépasse la douleur.

Il dit : « Merci mon Dieu ! Merci ! J’avais pressenti que cela serait arrivé. Et je voulais pour ne perdre aucun détail de son Assomption. Mais cela faisait trois jours que je ne dormais pas ! Le sommeil, la lassitude, joints à la peine, m’ont abattu et vaincu justement quand l’Assomption était imminente…Mais peut-être c’est Toi qui l’as voulu, ô mon Dieu, pour ne pas troubler ce moment et pour que je n’en souffre pas trop…Oui, certainement c’est Toi qui l’as voulu, comme maintenant Tu voulais que je vois ce que sans un miracle, je n’aurais pu voir. Tu m’as accordé de la voir encore, bien que déjà si loin, déjà glorifiée et glorieuse, comme si elle avait été tout près. Et de revoir Jésus ! Oh ! vision bienheureuse, inespérée, inespérable ! Oh ! Don des dons de Jésus-Dieu à son Jean ! Grâce suprême ! Revoir mon Maître et Seigneur ! Le voir Lui près de sa Mère ! Lui semblable au soleil et elle à la lune, tous les deux d’une splendeur inouïe, à la fois parce que glorieux et pour leur bonheur d’être réunis pour toujours ! Que sera le Paradis maintenant que vous y resplendissez, Vous, astres majeurs de Jérusalem céleste ? Quelle est la joie des chœurs angéliques et des saints ? Elle est telle la joie que m’a donnée la vision de la Mère avec le Fils, une chose qui fait disparaître toute sa peine, toute leur peine, même, que la mienne aussi disparaît, et en moi la paix la remplace. Des trois miracles que j’avais demandés à Dieu, deux se sont accomplis. J’ai vu la vie revenir en Marie, et je sens que la paix est revenue en moi. Toute mon angoisse cesse je vous ai vus réunis dans la gloire. Merci pour cela, ô Dieu. Et merci pour m’avoir donné manière, même pour une créature très sainte, mais toujours humaine, de voir quel est le sort des saints, quelle sera après le jugement dernier, et la résurrection de la chair et leur réunion, leur fusion avec l’esprit, monté au Ciel à l’heure de la mort. Je n’avais pas besoin de voir pour croire, car j’ai toujours cru fermement à toutes les paroles du Maître. Mais beaucoup douteront qu’après des siècles et des millénaires, la chair, devenue poussière, puisse redevenir un corps vivant. A ceux-là, je pourrai dire, en le jurant sur les choses les plus élevées, que non seulement le Christ est redevenu vivant par sa propre puissance, mais que sa Mère aussi, trois jours après sa mort, si on peut appeler mort une telle mort, a repris vie et avec sa chair réunie à son corps elle a pris son éternelle demeure au Ciel à côté de son Fils. Je pourrai dire : « Croyez, vous tous chrétiens, à la résurrection de la chair à la fin des siècles, et à la vie éternelle des âmes et des corps, vie bienheureuse pour les saints, horrible pour les coupables impénitents. Croyez et vivez en saints, comme ont vécu en saints Jésus et Marie, pour avoir le même sort. J’ai vu leurs corps monter au Ciel. Je puis vous en rendre témoignage. Vivez en justes pour pouvoir un jour être dans le nouveau monde éternel, en âme et en corps, près de Jésus-Soleil et près de Mari, Etoile de toutes les Etoiles ». Merci encore, ô Dieu ! Et maintenant, recueillons ce qui reste d’Elle. Les fleurs tombées de ses vêtements, les feuillages des oliviers restés sur le lit et conservons-les. Tout servira…Oui, tout servira pour aider et consoler mes frères que j’ai en vain attendus. Tôt ou tard, je les retrouverai… ».

Il ramasse aussi les pétales des fleurs qui se sont effeuillées en tombant, et rentre dans la pièce en les gardant dans un pli de son vêtement. Il remarque alors avec plus d’attention l’ouverture du toit et s’écrie : « Un autre prodige ! Et une autre admirable proportion dans les prodiges de la vie de Jésus et de Marie ! Lui, Dieu, est ressuscité par Lui-même, et par sa seule volonté, il a renversé la pierre du Tombeau, et par sa puissance, il est monté au Ciel. Par Lui-même. Marie, toute Sainte, mais fille d’homme, c’est par l’aide des anges que lui fut ouvert le passage pour son Assomption au Ciel et c’est toujours avec l’aide des anges qu’elle est montée là-haut. Pour le Christ, l’esprit revint animer son Corps pendant qu’il était sur la terre car il devait en être ainsi pour faire taire ses ennemis et pour confirmer dans la foi tous ses fidèles. Pour Marie, son esprit est revenu quand son corps très saint était déjà sur le seuil du Paradis, parce que pour Elle, il ne fallait pas autre chose. Puissance parfaite de l’Infinie Sagesse de Dieu !... »

Jean ramasse maintenant dans un linge les fleurs et les feuillages restés sur le lit, y met ceux qu’il a ramassés dehors, et il les dépose tous sur le couvercle du coffre. Puis il l’ouvre et y place le coussinet de Marie, la couverture du lit. Il descend dans la cuisine, rassemble les autres objets dont elle se servait, le fuseau et la quenouille, sa vaisselle, et les met avec les autres choses.

Il ferme le coffre et s’assoit sur le tabouret en s’écriant : « Maintenant, tout est accompli aussi pour moi ! Maintenant, je puis m’en aller librement, là où l’Esprit de Dieu me conduira. Allez ! Semer la divine Parole que la Maître m’a donnée pour que je la donne aux hommes. Enseigner l’Amour. L’enseigner pour qu’ils croient dans l’Amour et sa puissance. Leur faire connaître ce qu’a fait le Dieu-Amour pour les hommes. Son Sacrifice et son Sacrement et Rite perpétuels, par lesquels, jusqu’à la fin des siècles, nous pourrons être unis à Jésus-Christ par l’Eucharistie et renouveler le Rite et le Sacrifice comme Lui a commandé de le faire. Tous dons de l’Amour Parfait ! Faire aimer l’Amour pour qu’ils croient en Lui, comme nous y avons cru et croyons. Semer l’Amour pour que soit abondante la moisson et la pêche pour le Seigneur. L’Amour obtient tout. Maire me l’a dit dans ses dernières paroles, à moi, qu’elle a justement défini, dans le Collège Apostolique, celui qui aime, l’aimant par excellence, l’opposé de l’Iscariote qui a été la haine, comme Pierre l’impétuosité, et André la douceur, les fils d’Alphée la sainteté et la sagesse unies à la noblesse des manières, et ainsi de suite. Moi, l’aimant, maintenant que je n’ai plus de Maître et sa Mère à aimer sur la terre, j’irai répandre l’Amour parmi les nations. L’Amour sera mon arme et ma doctrine. Et avec lui, je vaincrai le démon, le paganisme et je conquerrai beaucoup d’âmes. Je continuerai ainsi Jésus et Marie, qui ont été l’Amour parfait sur la terre ».

Marie dit :

« Ai-je été morte ? Oui, si on veut appeler mort la séparation d’avec le corps de la partie noble de l’esprit. Non, si par mort, on entend la séparation d’avec le corps de l’âme qui le vivifie, la corruption de la matière qui n’est plus vivifiée par l’âme, et d’abord le caractère lugubre du tombeau et, d’abord parmi toutes ces choses, la douleur de la mort.

Comment je suis morte ou plutôt comment je suis passée de la terre au Ciel, d’abord avec la partie immortelle puis avec celle qui est périssable ? Comme il était juste pour Celle qui n’a pas connu la tache de la faute.

Ce soir-là, on avait déjà commencé le repos de sabbat, je parlais avec Jean. De Jésus, de ses affaires. La soirée était pleine de paix. Le sabbat avait éteint tout bruit de travaux humains et l’heure éteignait toute voix d’homme ou d’oiseau. Seuls autour de la maison, les oliviers bruissaient au vent du soir, et il semblait qu’un vol d’anges effleurait les murs de la maisonnette solitaire.

Nous parlions de Jésus, du Père, du Royaume des Cieux. Parler de la Charité et du Royaume de la Charité, c’est s’enflammer d’un feu vivant, consumer les liens de la matière afin de libérer l’esprit pour ses vols mystiques. Et si le feu est retenu dans les limites que Dieu met pour conserver les créatures sur la terre à son service, on peut vivre et brûler, en trouvant dans son ardeur non pas un épuisement mais un achèvement de vie. Mais quand Dieu enlève les limites et laisse au Feu divin la liberté de pénétrer et d’attirer à Lui l’esprit sans aucune mesure, alors l’esprit, à son tour en répondant sans mesure à l’Amour le pousse et l’invite. Et c’est la fin de l’exil et le retour à la Patrie.

Ce soir-là, à l’ardeur irrésistible, à la vitalité sans mesure de mon esprit, s’unit une douce langueur, un mystérieux sentiment d’éloignement de la matière, de ce qui l’entourait, comme si le corps s’endormait par lassitude alors que l’intellect, encore plus vivant dans son raisonnement, s’abîmait dans les divines splendeurs.

Jean, témoin affectueux et prudent de toute ma conduite depuis qu’il était devenu mon fils adoptif, selon la volonté de mon Unique, me persuada de me reposer sur mon lit et me veilla en priant. Le dernier son que j’entendis sur la terre ce fut le murmure des paroles de Jean, l’apôtre Vierge. Ce fut pour moi comme la berceuse d’une mère près d’un berceau. Elles accompagnèrent mon esprit dans la dernière extase, trop sublime pour être dite. Elles l’accompagnèrent jusqu’au Ciel.

Jean, unique témoin de ce suave mystère, m’arrangea seul, en m’enveloppant dans mon manteau blanc, sans changer le vêtement et le voile, sans me laver ni m’embaumer. L’esprit de Jean savait déjà que mon corps ne se serait pas corrompu et instruisit l’Apôtre de ce qu’il fallait faire. Et lui, chaste, affectueux, prudent à l’égard des mystères de Dieu et de ses compagnons éloignés, pensa qu’il fallait garder le secret et attendre les autres serviteurs de Dieu, pour qu’ils me voient encore et tirent de cette vue réconfort et aide pour les peines et les fatigues de leurs missions. Il attendit, comme s’il était sûr de leur venue.

Mais différent était le décret de Dieu, bon comme toujours pour le Préféré, juste comme toujours pour tous les croyants. Au premier Il alourdit ses paupières pour que le sommeil empêcha le déchirement de se voir enlever aussi mon corps. Il a donné aux croyants une vérité de plus pour les porter à croire en la résurrection de la chair, à la récompense d’une vie éternelle et bienheureuse accordée aux justes, dans les vérités les plus puissantes et les plus douces du Nouveau Testament, mon Immaculée Conception, ma Divine Maternité Virginale, dans la Nature Divine et humaine de mon Fils, vrai Dieu et vrai Homme, né non par une volonté charnelle mais par des épousailles divines et une semence divine déposée dans mon sein, et enfin pour qu’ils croient qu’au Ciel se trouve mon Cœur de Mère des hommes, palpitant d’un amour anxieux pour tous, justes et pécheurs, désireux de vous avoir tous avec Lui, dans la Patrie bienheureuse, pour l’éternité.

Quand les anges m’enlevèrent de la maisonnette, mon esprit était-il déjà revenu en moi ? Non. Mon esprit ne devait plus redescendre sur la terre. Il était en adoration devant le Trône de Dieu. Mais quand la terre, l’exil, le temps et le lieu de la séparation d’avec mon Seigneur Un et Trin furent abandonnés pour toujours, mon esprit revint resplendir au centre de mon âme en tirant la chair de sa dormition. Il est donc juste de dire que je suis montée au Ciel en corps et en âme, non par mes propres moyens, comme il est arrivé pour Jésus, mais avec l’aide des anges. Je me suis réveillée de cette mystérieuse et mystique dormition, je me suis levée, j’ai volé enfin parce que ma chair avait obtenu la perfection des corps glorifiés. Et j’aimai. J’aimai mon Fils retrouvé et mon Seigneur Un et Trin, je l’aimai comme c’est le destin de tous les éternels vivants ».

Jésus dit :

« Quand fut venue sa dernière heure, comme un lis épuisé qui, après avoir exhalé tous ses parfums, se penche sous les étoiles et ferme son blanc calice, Marie, ma Mère, s’étendit sur son lit et ferma les yeux à tout ce qui l’entourait pour se recueillir dans une dernière et sereine contemplation de Dieu.

Penché sur son repos, l’ange de Marie attendait anxieusement que l’urgence de l’extase sépare de la chair cet esprit, au temps marqué par le décret de Dieu, et le sépare pour toujours de la terre pendant que déjà descendait des Cieux le doux et attrayant commandement de Dieu.

Penché, de son côté, sur ce mystérieux repos, Jean, ange de la terre, veillait aussi la Mère qui allait le quitter. Et quand il la vit éteinte, il la veilla encore pour qu’à l’abri des regards profanes et curieux, elle restât même au-delà de la mort l’Immaculée Epouse et Mère de Dieu qui dormait si belle et tranquille.

Une tradition dit que dans l’urne de Marie, rouverte par Thomas, on ne trouva que des fleurs. Pure légende. Aucun tombeau n’a englouti la dépouille de Marie car, au sens humain, il n’y a jamais eu de dépouille de Marie, car Marie n’est pas morte comme meurt quiconque a eu la vie.

Elle s’était seulement, par décret divin, séparée de l’esprit et avec lui, qui l’avait précédée, se réunit sa chair très sainte. Inversant les lois naturelles, selon lesquelles l’extase finit quand cesse le ravissement, c’est-à-dire quand l’esprit revient à l’état normal, ce fut le corps de Marie qui revint s’unir à l’esprit après le long arrêt sur le lit funèbre.

Tout est possible à Dieu. Je suis sorti du Tombeau sans d’autre aide que ma puissance. Marie est venue à moi, à Dieu, au Ciel, sans connaître le tombeau avec sa pourriture horrible et lugubre. C’est un des miracles les plus éclatants de Dieu. Pas unique, en vérité, si on se rappelle Hénoch et Elie qui, étant chers au Seigneur, furent enlevés à la terre sans connaître la mort et furent transportés autre part en un lieu connu de Dieu seul et des célestes habitants des Cieux. Ils étaient justes mais toujours un rien par rapport à ma Mère, inférieure, en sainteté, seulement à Dieu.

C’est pour cela qu’il n’y a pas de relique du corps et du tombeau de Marie car Marie n’a pas eu de tombeau et son corps a été élevé au Ciel ».

Marie dit :

« Comme fut pour moi une extase la naissance de mon Fils, et comme du ravissement en Dieu, qui me prit à cette heure, je revins présente à moi-même et à la terre, avec mon enfant dans les bras, ainsi ce qu’on appelle improprement ma mort, ce fut un ravissement en Dieu.

Me fiant à la promesse que j’avais eue dans la splendeur du matin de la Pentecôte, j’ai pensé que l’approche du moment de la dernière venue de l’Amour, pour me ravir en Lui, devait se manifester par un accroissement du feu d’amour qui toujours me brîlait. Et je ne me suis pas trompée.

De mon côté, plus la vie avançait, plus grandissait en moi le désir de me fondre dans l’Eternelle Charité. J’y étais poussée par le désir de me réunir à mon Fils, et la certitude que je n’aurais jamais fait autant pour les hommes que quand j’aurais été, orante et opérante pour eux, au pied du Trône de Dieu. Et avec un mouvement toujours plus enflammé et plus rapide, avec toutes les forces de mon âme, je criais au Ciel : « Viens Seigneur Jésus ! Viens Eternel Amour ! ».

L’Eucharistie, qui était pour moi comme la rosée pour une fleur assoifée, était vie pour moi, oui, mais plus le temps passait plus elle devenait insuffisante pour satisfaire l’irrésistible anxiété de mon cœur. Il ne me suffisait plus de recevoir en moi mon Fils Divin et de le porter au-dedans de moi dans les Espèces Sacrées comme je l’avais porté dans ma chair virginale. Tout moi-même voulait le Dieu Un et Trin mais pas sous les voiles choisis par mon Jésus pour cacher l’ineffable mystère de la Foi, mais tel qu’il était, est et sera au centre du Ciel. Mon Fils Lui-même, dans ses transports eucharistiques, me brûlait par des embrassements de désir infini et chaque fois qu’il venait en moi avec la puissance de son amour, il m’arrachait pour ainsi dire l’âme dans son premier élan, puis il restait avec une tendresse infinie en m’appelant : « Maman ! », et je le sentais anxieux de m’avoir avec Lui.

Je ne désirais plus autre chose. Je n’avais même plus le désir de protéger l’Eglise naissante, dans les derniers temps de ma vie mortelle. Tout était disparu dans le désir de posséder Dieu, par la conviction que j’avais de tout pouvoir quand on le possède.

Arrivez, ô chrétiens, à ce total amour. Tout ce qui est terrestre perd sa valeur. Ne regardez que Dieu. Quand vous serez riches de cette pauvreté de désir, qui est une richesse incommensurable, Dieu se penchera sur votre esprit pour l’instruire d’abord, pour le prendre ensuite, et vous monterez avec Lui vers le Père, le Fils, l’Esprit Saint, pour les connaître et les aimer pendant la bienheureuse éternité, et pour posséder leurs richesses de grâces pour vos frères.

On n’est jamais si actif pour nos frères que quand on n’est plus parmi eux, mais que l’on est des lumières réunies à la Divine Lumière.

L’approche de l’Amour Eternel fut marquée par ce que je pensais. Tout perdit lumière et couleur, voix et présence, sous la splendeur et la Voix qui, en descendant des Cieux ouverts à mon regard spirituel, s’abaissaient sur moi pour cueillir mon âme. On dit que j’aurais jubilée d’être assistée à cette heure par mon Fils. Mais mon doux Jésus était bien présent avec le Père quand l’Amour, c’est-à-dire l’Esprit Saint, troisième Personne de la Trinité Eternelle, me donna le troisième baiser de ma vie, ce baiser si puissamment divin que mon âme s’exhala en lui, en se perdant dans la contemplation comme une goutte de rosée aspirée par le soleil dans le calice d’un lis. Et je suis montée avec mon esprit et ses hosannas aux pieds des Trois que j’avais toujours adorés.

Puis, au moment voulu, comme une perle dans un chaton de feu, aidée d’abord, puis suivie par la troupe des esprits angéliques venus pour m’assister dans le jour éternel de ma naissance céleste, attendue déjà dès le seuil des Cieux par mon Jésus, et sur leur seuil par mon Juste Epoux de la terre, par les Rois et Patriarches de ma race, par les premiers Saints et Martyrs, je suis entrée comme Reine, après tant de douleur et tant d’humilité de pauvre servante de Dieu, dans le Royaume de la joie sans limite. Et le Ciel s’est refermé sur la joie de me posséder, d’avoir sa Reine dont la chair, unique entre toutes les chairs mortelles, connaissait la Glorification avant la résurrection finale et le dernier jugement ».

Jésus dit :

« Il y a une différence entre la séparation de l’âme d’avec le corps pour une vraie mort, et la séparation momentanée de l’esprit d’avec le corps et d’avec l’âme qui le vivifie par extase ou ravissement contemplatif. Alors que la séparation de l’âme d’avec le corps provoque la mort vraie, la contemplation extatique, c’est-à-dire l’évasion temporaire de l’esprit hors des barrières des sens et de la matière, ne provoque pas la mort. Et cela parce que l’âme ne se détache pas et ne se sépare pas totalement d’avec le corps mais le fait seulement avec sa partie la plus excellente qui se plonge dans les feux de la contemplation.

Tous les hommes, tant qu’ils sont en vie, ont en eux l’âme, morte par suite du péché ou vivante par la justice, mais seuls les grands aimants de Dieu atteignent la contemplation vraie.

Cela tend à montrer que l’âme, qui conserve l’existence tant qu’elle est unie au corps, et cette particularité est pareille en tous les hommes, possède en elle-même une partie plus excellente : l’âme de l’âme ou l’esprit de l’esprit, qui chez les justes sont très forts, alors que chez ceux qui ont cessé d’aimer Dieu et sa Loi, ne serait-ce que par la tiédeur ou les péchés véniels, ils deviennent faibles, privant la créature de la capacité de contempler et de connaître, autant que peut le faire une créature humaine, selon le degré de perfection qu’elle a atteint, Dieu et ses éternelles vérités. Plus la créature aime Dieu et le sert de toutes ses forces et possibilités, et plus la partie la plus excellente de son esprit augmente sa capacité de connaître, de contempler, de pénétrer les éternelles vérités.

L’homme, doué d’une âme rationnelle, est une capacité que Dieu emplit de Lui-même. Marie, étant la plus sainte de toutes les créatures après le Christ, a été une capacité comble, jusqu’à déborder sur ses frères dans le Christ de tous les siècles, et pendant les siècles des siècles, de Dieu, de ses grâces, de sa cahrité et de ses miséricordes.

Elle a trépassé, submergée par les flots de l’amour. Maintenant, au Ciel, devenue un océan d’amour, elle déborde sur les fils qui lui sont fidèles, et aussi sur les fils prodigues, ses flots de charité pour le salut universel, Elle qui est la Mère universelle de tous les hommes ».

3EME MYSTERE GLORIEUX : LA DESCENTE DE L'ESPRIT SAINT

Publié le 23/10/2013 à 22:38 par mammarosa
3EME MYSTERE GLORIEUX : LA DESCENTE DE L'ESPRIT SAINT

LA DESCENTE DE L’ESPRIT SAINT

(Tiré du 10ème Volume de

« L’Evangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA)

 

Il n’y a pas de voix ni de bruit dans la maison du Cénacle. Il n’y a pas de disciples présents, du mois je n’entends rien qui me permette de dire que dans les autres pièces de la maison sont rassemblées des personnes. Il y a seulement la présence et les voix des douze et de Marie Très Sainte, rassemblés dans la salle de la Cène.

La pièce semble plus vaste car le mobilier, disposé différemment, laisse libre tout le milieu de la pièce et aussi deux des murs. Contre le troisième, on a poussé la table qui a servi pour la Cène, et entre eux et les murs, et aussi aux deux côtés les plus étroits de la table, on a mis les lits-sièges qui ont servi à la Cène et le tabouret qui a servi à Jésus pour le lavement des pieds. Pourtant ces lits ne sont disposés perpendiculairement à la table comme pour la Cène, mais parallèlement, de façon que les apôtres puissent rester assis sans les occuper tous, en laissant pourtant un siège, le seul mis verticalement par rapport à la table, tout entier pour la Vierge Bénie qui est au milieu de la table, à la place qu’à la Cène occupait Jésus.

Il n’y a pas de nappe ni de vaisselle sur la table, les crédences sont dégarnies et aussi les murs de leurs ornements. Seul le lampadaire brûle au centre, mais avec la seule flamme centrale allumée ; l’autre cercle de petites lampes qui sert de corolle au bizarre lampadaire est éteint.

Les fenêtres sont fermées et barrées par une lourde barre de fer qui les traverse. Mais un rayon de soleil s’infiltre hardiment par un petit trou et descend comme une aiguille longue et fine jusqu’au pavé où il dessine une tache lumineuse.

La Vierge, assise seule sur son siège, a à ses côtés sur des sièges : Pierre et Jean, Pierre à droite, Jean à gauche. Mathias le nouvel apôtre, est entre Jacques d’Alphée et le Thaddée. La Vierge a devant elle un coffre large et bas de bois foncé et qui est fermé. Marie est vêtue de bleu foncé. Elle a sur ses cheveux son voile blanc et par-dessus un pan de son manteau. Les autres ont tous la tête découverte.

Marie lit lentement à haute voix mais à cause du peu de lumière qui arrive jusque-là, je crois plutôt qu’au lieu de lire, elle répète de mémoire les paroles écrites sur le rouleau qu’elle tient déplié. Les autres la suivent en silence, en méditant. De temps à autre, ils répondent si le cas se présente.

Marie a le visage transfiguré par un sourire extatique. Qui sait ce qu’elle voit, de si capable d’allumer ses yeux comme deux claires étoiles, et de rougir ses joues d’ivoire comme si une flamme rose se réfléchissait sur elle ? C’est vraiment la Rose mystique…

Les apôtres se penchent en avant, en se tenant un peu de biais pour voir son visage pendant qu’elle sourit si doucement et qu’elle lit. Sa voix semble un cantique angélique. Pierre en est tellement ému que deux grosses larmes tombent de ses yeux et, par un sentier de rides gravées aux côtés de son nez, elles descendent se perdre dans le buisson de sa barbe grisonnante. Mais Jean reflète son sourire virginal et s’enflamme d’amour comme elle, pendant qu’il suit du regard ce que lit la Vierge sur le rouleau, et quand il lui présente un nouveau rouleau, il la regarde et lui sourit.

La lecture est finie. La voix de Marie s’arrête et on n’entend plus le bruissement des parchemins déroulés et enroulés. Marie se recueille en une oraison secrète, en joignant les mains sur sa poitrine et en appuyant sa tête contre le coffre. Les apôtres l’imitent…

Un grondement très puissant et harmonieux, qui rappelle le vent et la harpe, et aussi le chant d’un homme et le son d’un orgue parfait, résonne à l’improviste dans le silence du matin. Il se rapproche, toujours plus harmonieux et plus puissant, et emplit la Terre de ses vibrations, il les propage et il les imprime à la maison, aux murs, au mobilier. La flamme du lampadaire, jusqu’alors immobile dans la paix de la pièce close, palpite comme investie par un vent, et les chaînettes de la lampe tintent en vibrant sous l’onde de son surnaturel qui les investit.

Les apôtres lèvent la tête, effrayés. Ce bruit puissant et très beau, qui possède toutes les notes les plus belles que Dieu ait données au Ciel et à la Terre, se fait de plus en plus proche. Alors certains se lèvent, prêts à s’enfuir, d’autres se pelotonnent sur le sol en se couvrant la tête avec leurs mains et leurs manteaux, ou en se frappant la poitrine pour demander pardon au Seigneur. D’autres encore se serrent contre Marie, trop effrayés pour conserver envers la Toute Pure cette retenue qu’ils ont toujours eue. Seul Jean ne s’effraie pas car il voit la paix lumineuse de joie qui s’accentue sur le visage de Marie qui lève la tête en souriant à une chose connue d’elle seule, et qui ensuite glisse à genoux en ouvrant les bras, et les deux ailes bleues de son manteau ainsi ouvert s’étendent sur Pierre et Jean qui l’ont imitée en s’agenouillant. Mais tout ce que j’ai pris des minutes pour le décrire s’est passé en moins d’une minute.

Et puis voilà la Lumière, le Feu, l’Esprit Saint, qui entre avec un dernier bruit mélodieux sous la forme d’un globe très brillant et ardent dans la pièce close, sans remuer les portes et les fenêtres, et qui plane un instant au-dessus de la tête de Marie à environ trois palmes de sa tête qui est maintenant découverte car Marie, voyant le Feu Paraclet, a levé les bras come pour l’invoquer et a rejeté la tête en arrière avec un cri de joie, avec un sourire d’amour sans borne. Et après cet instant où tout le Feu de l’Esprit Saint , tout l’Amour est rassemblé au-dessus de son Epouse, le Globe très Saint se partage en treize flammes mélodieuses et très brillantes, d’une lumière qu’aucune comparaison terrestre ne peut décrire et descend pour baiser le front de chaque apôtre.

Mais la flamme qui descend sur Marie n’est pas une flamme dressée sur son front qu’elle baise, mais une couronne qui entoure et ceint, comme un diadème, sa tête virginale, en couronnant comme Reine la Fille, la Mère, l’Epouse de Dieu, la Vierge incorruptible, la toute Belle, l’éternelle Aimée et l’éternelle Enfant , puisque rien ne peut avilir, et en rien, Celle que la douleur avait vieillie, mais qui est ressuscitée e dans la joie de la résurrection, partageant avec son Fils un accroissement de beauté et de fraîcheur de la chair, du regard, de la vitalité…ayant déjà une anticipation de la beauté de son Corps glorieux monté au Ciel pour être la Fleur du Paradis.

L’Esprit Saint fait briller ses flammes autour de la tête de l’Aimée. Quelles paroles peut-Il lui dire ? Mystère ! Son visage béni est transfiguré par une joie surnaturelle, et rit du sourire des séraphins, pendant que des larmes bienheureuses semblent des diamants qui descendent le long des joues de la Bénie, frappées comme elles le sont par la Lumière de l’Esprit Saint.

Le Feu reste ainsi quelque temps…Et puis il se dissipe…De sa descente il reste comme souvenir un parfum qu’aucune fleur terrestre ne peut dégager…Le Parfum du Paradis…

Les apôtres reviennent à eux… Marie reste extasiée. Elle croise seulement les bras sur sa poitrine, ferme les yeux, baisse la tête…Elle continue son colloque avec Dieu…insensible à tout…Personne n’ose la troubler.

Jean dit en la désignant : « C’est l’Autel. Et c’est sur sa gloire que s’est posée la gloire du Seigneur… ».

« Oui. Ne troublons pas joie. Mais allons prêcher le Seigneur et que soient connues ses œuvres et ses paroles parmi les peuples » dit Pierre avec une surnaturelle impulsivité.

« Allons ! Allons ! L’Esprit de Dieu brûle en moi » dit Jacques d’Alphée.

« Et il nous pousse à agir. Tous. Allons évangéliser les gens ».

Ils sortent comme s’ils étaient poussés ou attirés par un vent ou par une force irrésistible.

 

(Tiré des Cahiers, 18 décembre 1943)

Marie dit :

« Quand l’Esprit du Seigneur descendit pour investir de sa Puissance les douze réunis dans le Cénacle, Il se répandit sur moi aussi. Mais si pour tous, ce fut une connaissance qui leur fit connaître la Troisième Personne et ses dons divins, pour moi ne fut qu’une plus vivante découverte. Pour tous, ce fut une flamme, pour moi, ce fut un embrassement.

Lui, l’Eternel Paraclet, m’était Epoux depuis trente quatre-ans et son Feu m’avait tellement possédée et pénétrée que ma candeur devint un corps de Mère. Même après les noces divines, Il m’avait laissée pleine de Lui, et Il ne pouvait ajouter Perfection à Perfection parce que Dieu ne peut pas augmenter soi-même, étant très parfait et insupérable dans sa mesure et s’étant donné à moi sans limitation, pour faire de ma chair de femme un être si saint qu’il pouvait être habitacle à la Divinité qui descendait s’incarner en moi.

Mais maintenant que l’œuvre de sa donation à moi et de la mienne à Lui s’était accomplie, et notre Fils était revenu au Ciel après voir tout accompli, Il revenait m’embrasser et remercier.

Oh ! Quelle reconnaissance Dieu vous apprend ! Lui, mon Seigneur, ne manquait d’être reconnaissant à sa Servante qui avait été instrument à son service et, tandis que c’était moi qui à tout battement de cœur, répétais : « Saint, Saint, Saint et Béni, Toi, Seigneur Très Haut », Il laissait le Ciel une deuxième fois pour renouveler son embrassement d’Epoux, et entre l’ardeur et la voix de la Flamme partagée me promettre la troisième union sans fin dans la bienheureuse demeure du Ciel.

Et le Ciel fut plus que jamais, alors, mon but parce que, quand on a goûté et re goûté l’Amour, soleil et terre, créatures et choses, disparaissent à nos yeux et il ne reste qu’une vue, une saveur, un désir : celui de Dieu. Celui d’avoir Dieu non pour des moments mais pour un éternel présent ».

2EME MYSTERE GLORIEUX : L'ASCENSION DE JESUS

Publié le 23/10/2013 à 22:37 par mammarosa
2EME MYSTERE GLORIEUX : L'ASCENSION DE JESUS

L’ASCENSION DE JESUS AU CIEL

(Tiré du 10ème Volume de

« L’Evangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA »)

 

L’aurore s’est complètement levée. Le soleil est déjà haut sur l’horizon et les apôtres font entendre leurs voix. C’est un signal pour Jésus et Marie. Ils s’arrêtent. Ils se regardent, l’Un en face de l’Autre et puis Jésus ouvre les bras et accueille sa Mère sur sa poitrine…Oh ! C’était bien un Homme, un Fils de Femme ! Pour le croire, il suffit de regarder cet adieu ! L’amour déborde en une pluie de baisers sur la Mère toute aimée. L’amour couvre de baisers le Fils tout aimé. Il semble qu’ils ne puissent plus se séparer. Quand il semble qu’ils vont le faire, un autre embrassement  les unit encore et parmi les baisers, des paroles de réciproque bénédiction…Oh ! C’est vraiment le Fils de l’Homme qui quitte celle qui l’a engendré ! C’est vraiment la Mère qui congédie, pour le rendre au Père, son Fils, le Gage de l’Amour à la toute Pure…Dieu qui embrasse la Mère de Dieu !...

Finalement la Femme, en tant que créature, s’agenouille aux pieds de son Dieu qui est pourtant son Fils, et le Fils, qui est Dieu, impose ses mains sur la tête de sa Mère Vierge, de l’éternelle Aimée, et il la bénit au Nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, puis il se penche et la relève en déposant un dernier baiser sur son front blanc comme un pétale de lis sous l’or de ses cheveux si jeunes encore…

Ils vont de nouveau vers la maison.

Ils entrent dans la pièce où dix jours avant se trouvaient les femmes pour la cène du quatorzième jour du second mois. Marie accompagne Jésus jusque-là puis elle se retire. Il reste Jésus et les onze.

Sur la table, il y a de la viande rôtie, des petits fromages et des petites olives noires, une petite amphore de vin et une d’eau plus grande, et de larges pains. Une table simple, sans apparat pour une cérémonie de luxe, mais uniquement parce qu’il faut bien manger.

Jésus offre et fait les parts. Il est au milieu entre Pierre et Jacques d’Alphée. C’est Lui qui les a appelés à ces places. Jean, Jude d’Alphée et Jacques sont en face de Lui : Thomas, Philippe, Mathieu sont d’un côté, André, Barthélémy, le Zélote de l’autre. Ainsi, tous peuvent voir leur Jésus. Le repas est bref, silencieux. Les apôtres arrivés au dernier jour de voisinage avec Jésus, et malgré les apparitions successives, collectives ou individuelles, à partir de la Résurrection, toutes pleines d’amour, n’ont plus jamais perdu cette retenue et cette vénération qui ont caractérisé leurs rencontres avec Jésus Ressuscité.

Le repas est fini. Jésus ouvre les mains au-dessus de la table en faisant son geste habituel devant un fait inéluctable et il dit : « Voici venue l’heure où je dois vous quitter pour retourner vers mon Père. Ecoutez les dernières paroles de votre Maître.

Ne vous éloignez pas de Jérusalem pendant ces jours. Lazare, à qui j’ai parlé, a pourvu une fois encore à réaliser les désirs de son Maître, et il vous cède la maison de la dernière Cène pour que vous ayez une demeure où réunir l’assemblée et vous recueillir en prière. Restez là, à l’intérieur pendant ces jours et priez avec assiduité pour vous préparer à la venue de l’Esprit Saint qui vous complètera pour votre mission. Rappelez-vous que Moi, qui pourtant étais Dieu, je me suis préparé par une sévère pénitence à mon ministère d’évangélisateur. Toujours plus facile et plus courte sera votre préparation. Mais je n’exige pas autre chose de vous. Il me suffit seulement que vous priiez assidûment, en union avec les soixante-douze et sous la conduite de ma Mère, que je vous recommande avec l’empressement d’un Fils. Elle sera pour vous une Mère et une Maîtresse d’amour et de sagesse parfaite.

J’aurais pu vous envoyer ailleurs pour vous préparer à recevoir l’Esprit Saint, mais je veux au contraire que vous restiez ici car c’est Jérusalem négatrice qui doit s’étonner de la continuation des prodiges divins, donnés pour répondre à ses négations. Ensuite, l’Esprit Saint vous fera comprendre la nécessité que l’Eglise surgisse justement dans cette ville qui, en jugeant humainement, est la plus indigne de la posséder. Mais Jérusalem, c’est toujours Jérusalem, même si le péché y est à son comble et si c’est ici que s’est accompli le déicide. Cela ne servira à rien pour elle. Elle est condamnée. Mais si elle est condamnée, tous ses habitants ne le sont pas. Restez ici pour le peu de justes qu’elle a dans son sein, et restez-y parce que c’est la cité royale et la cité du Temple, et parce que comme il est prédit par les prophètes, ici où a été oint et acclamé et élevé le Roi Messie, ici doit commencer son Règne sur le monde, et c’est ici encore, où la synagogue a reçu de Dieu le libelle de répudiation à cause de ses crimes trop horribles, que doit surgir le Temple Nouveau auquel accourront des gens de toutes nations. Lisez les prophètes : en eux, tout est prédit. Ma Mère d’abord puis l’Esprit Paraclet, vous feront comprendre les paroles des prophètes pour ce temps.

Restez ici jusqu’au moment où Jérusalem vous répudiera comme elle m’a répudié, et haïra mon Eglise comme elle m’a haï, en couvant des desseins pour l’exterminer. Allez porter ailleurs le siège de cette Eglise que j’aime, car elle ne doit pas périr. Je vous le dis : l’enfer même ne prévaudra pas sur elle. Mais si Dieu vous assure sa protection, ne tentez pas le Ciel en exigeant tout du Ciel. Allez en Ephraïm comme y alla votre Maître parce que ce n’était pas l’heure qu’il soit pris par ses ennemis. Je vous dis Ephraïm pour vous dire terre d’idoles et de païens. Mais ce ne sera pas Ephraïm de Palestine que vous devez choisir comme siège de mon Eglise. Rappelez-vous combien de fois, à vous réunis ou à l’un de vous en particulier, j’ai parlé de cela en vous prédisant qu’il vous faudrait fouler les routes de la terre pour arriver à son cœur et fixer là mon Eglise. C’est du cœur de l’homme que le sang se propage à travers tous les membres. C’est du cœur du monde que le Christianisme doit se propager par toute la Terre.

Pour l’heure, mon Eglise est semblable à une créature déjà conçue mais qui se forme encore dans la matrice. Jérusalem est sa matrice et en son intérieur son cœur encore petit, autour duquel se rassemblent les membres peu nombreux de l’Eglise naissante, donne ses petites ondes de sang à ses membres. Mais une fois arrivée l’heure marquée par Dieu, la Matrice marâtre expulsera la créature qui s’est formée en son sein, et elle ira dans une Terre nouvelle, , et y grandira pour devenir un grand Corps qui s’étendra sur toute la Terre, et les battements du cœur de l’Eglise devenu fort se propageront dans tout son grand Corps. Les battements du cœur de l’Eglise, affranchie de tout lien avec le Temple, éternelle et victorieuse sur les ruines du Temple mort et détruit, vivant dans le cœur du monde pour dire aux hébreux et aux gentils que Dieu seul triomphe et veut ce qu’Il veut et que ni la rancœur des hommes, ni les troupes d’idoles n’arrêtent son vouloir.

Mais cela viendra par la suite, et en ce temps-là, vous saurez ce que faire. L’Esprit de Dieu vous conduira. Ne craignez pas. Pour le moment, rassemblez à Jérusalem la première assemblée de fidèles. Puis d’autres assemblées se formeront à mesure que leur nombre grandira. En vérité, je vous dis que les habitants de mon Royaume deviendront rapidement plus nombreux comme des semences jetées dans une excellente Terre.

Mon peuple se propagera par toute la Terre. Le Seigneur dit au Seigneur : « Puisque Tu as fait cela et que pour Moi, Tu ne T’es pas épargné, Je te bénirai et Je multiplierai ta descendance comme les étoiles du ciel et comme les grains de sable qui sont sur le bord de la mer. Ta descendance possèdera la porte de ses ennemis et en ta descendance seront bénies toutes les nations de la Terre ». Bénédiction est mon Nom, mon Signe et ma Loi, là où ils sont reconnus souverains.

Il va venir l’Esprit Saint, le Sanctificateur et vous en serez remplis. Faites en sorte d’être purs comme tout ce qui doit approcher le Seigneur. J’étais Seigneur. Moi aussi comme Lui. Mais sur ma Divinité, j’avais endossé un vêtement pour pouvoir être parmi vous et non seulement pour vous instruire et vous racheter par les organes et le sang de ce vêtement, mais aussi pour porter le Saint des Saints parmi les hommes, sans qu’il fût inconvenant que tout homme, même impur, pût poser son regard sur Celui que craignent de contempler les Séraphins. Mais l’Esprit saint viendra sans être voilé par la chair et Il se posera sur vous et Il descendra en vous avec ses sept dons et Il vous conseillera. Le conseil de Dieu est chose si sublime qu’il faut vous préparer par une volonté héroïque, d’une perfection qui vous rende semblables à votre Père et à votre Jésus dans ses rapports avec le Père et l’Esprit Saint. Donc une charité parfaite et une pureté parfaite, pour pouvoir comprendre l’Amour et le recevoir sur le trône de votre cœur.

Perdez-vous dans le gouffre de la contemplation. Efforcez-vous d’oublier que vous êtes des hommes et efforcez-vous de vous changer en Séraphins. Lancez-vous dans la fournaise, dans les flammes de la contemplation. La contemplation de Dieu ressemble à une étincelle qui jaillit du choc du silex contre le briquet et produit feu et lumière. C’est une purification le feu qui consume la matière opaque et toujours impure et la transforme en une flamme lumineuse et pure.

Vous n’aurez pas le Royaume de Dieu en vous si vous n’avez pas l’amour. Parce que le Royaume de Dieu, c’est l’Amour, et il apparaît avec l’Amour, et par l’Amour il s’établit en vos cœurs au milieu de l’éclat d’une lumière immense qui pénètre et féconde, enlève l’ignorance, donne la sagesse, dévore l’homme et crée le Dieu, le Fils de Dieu, mon frère, le Roi du trône que Dieu a préparé pour ceux qui se donnent à Dieu pour avoir Dieu, Dieu, Dieu, Dieu seul. Soyez donc purs et saints grâce à l’oraison ardente qui sanctifie l’homme parce qu’elle le plonge dans le feu de Dieu qu’est la charité.

Vous devez être saints. Non pas dans le sens relatif que ce mot avait jusqu’alors mais dans le sens absolu que je lui ai donné en vous proposant la Sainteté du Seigneur comme exemple et comme limite, c’est-à-dire la Sainteté parfaite. Chez nous, on appelle saint le Temple, saint l’endroit où est l’autel, Saint des Saints le lieu voilé où se trouvent l’arche et le propitiatoire. Mais je vous dis en vérité que ceux qui possèdent la Grâce et vivent saintement par amour pour le Seigneur sont plus saints que le Saint des Saints parce que Dieu ne se pose pas seulement sur eux comme sur le propitiatoire qui est dans le Temple pour donner ses ordres mais Il habite en eux pour leur donner ses amours.

Vous rappelez-vous mes paroles de la Dernière Cène ? Je vous avais promis alors l’Esprit Saint. Voilà qu’Il va venir pour vous baptiser non plus avec l’eau, comme Jean l’a fait avec vous pour vous préparer à Moi, mais avec le feu pour vous préparer à servir le Seigneur comme Il le veut de vous. Voilà que Lui va être ici, d’ici peu de jours. Et après sa venue, vos capacités croîtront sans mesure et vous serez capables de comprendre les paroles de votre Roi et de faire les œuvres que Lui vous a dit de faire pour étendre son Royaume sur la terre ».

« Reconstruiras-tu alors, après la venue de l’Esprit Saint, le Royaume d’Israël ? », Lui demandent-ils en l’interrompant.

« Il n’y aura plus de Royaume d’Israël mais mon Royaume. Et il s’accomplira quand mon Père a dit. IL ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père s’est réservé en son pouvoir. Mais vous, en attendant, vous recevrez la vertu de l’Esprit Saint qui viendra sur vous et vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, et en Samarie, et jusqu’aux confins de la Terre, en fondant des assemblées là où des hommes sont réunis en mon Nom ; en baptisant les gens au Nom du Très Saint Père , du Fils et de l’Esprit Saint, comme je vous l’ai dit, pour qu’ils aient la Grâce et vivent dans le Seigneur ; prêchant l’Evangile à toutes les créatures, enseignant ce que je vous ai enseigné, faisant ce que je vous ai commandé de faire. Et je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Et je veux encore ceci : qu’à présider l’assemblée de Jérusalem ce soit Jacques, mon frère. Pierre, comme chef de toute l’Eglise, devra souvent entreprendre des voyages apostoliques parce que tous les néophytes désireront connaître le Pontife Chef Suprême de l’Eglise. Mais grand sera l’ascendant que sur les fidèles de cette première Eglise aura mon frère. Les hommes sont toujours des hommes et ils voient en hommes. Il leur semblera que Jacques me continue, seulement parce qu’il est mon frère. En vérité, je vous dis qu’il est plus grand et semblable au Christ par sa sagesse plutôt que par sa parenté. Mais c’est ainsi. Les hommes qui ne me cherchaient pas pendant que j’étais parmi eux, me chercheront maintenant en celui qui est mon parent. Toi, ensuite, Simon Pierre, tu es destiné à d’autres honneurs… ».

« Que je ne mérite pas Seigneur. Je te l’ai dit quand tu m’es apparu et je te le dis encore en présence de tous. Tu es bon, divinement bon, en plus que sage, et c’est avec justice que tu as jugé que moi, qui t’ai renié dans cette ville, je n’étais pas fait pour en être le chef spirituel. Tu veux m’épargner tant de justes mépris… ».

« Nous avons été tous pareils, Simon, sauf deux. Moi aussi, j’ai fui. Ce n’est pas à cause de cela mais à cause des raisons qu’il dites, que le Seigneur m’a destiné à cette place ; mais tu es mon chef, Simon de Jonas, et je te reconnais comme tel et, en présence du Seigneur et de tous les compagnons, je te promets obéissance. Je te donnerai ce que je puis pour t’aider dans ton ministère mais je t’en prie, donne-moi tes ordres car tu es le Chef et moi, ton subordonné. Quand le Seigneur m’a rappelé une lointaine conversation, j’ai incliné la tête pour dire : « Que soit fait ce que Tu veux ». C’est ce que je te dirai du moment où, le Seigneur nous ayant quittés, tu seras son Représentant sur la Terre. Et nous nous aimerons en nous aidant dans le ministère sacerdotal » dit Jacques en s’inclinant de sa place pour rendre hommage à Pierre.

« Oui, aimez-vous entre vous, en vous aidant mutuellement parce que c’est le commandement nouveau et le signe que vous appartenez vraiment au Christ.

Ne vous troublez pas pour aucune raison. Dieu est avec vous. Vous pouvez faire ce que je veux de vous. Je ne vous imposerai pas des choses que vous ne pourriez pas faire car je ne veux pas votre ruine mais au contraire, votre gloire. Voilà que je vais préparer votre place à côté de mon trône. Soyez unis à Moi et au Père dans l’amour. Pardonnez au monde qui vous hait. Appelez fils et frères ceux qui viennent à vous, ou sont déjà avec vous par amour pour Moi.

Soyez dans la paix en me sachant toujours prêt à vous aider pour porter votre croix. Je serai avec vous dans les fatigues de votre ministère et à l’heure des persécutions, et vous ne périrez pas, vous ne succomberez pas même si cela semblera à ceux qui voient avec les yeux du monde. Vous serez accablés, affligés, lassés, torturés mais ma joie sera en vous car je vous aiderai en tout. En vérité je vous dis, que quand vous aurez pour Ami l’Amour, vous comprendrez que tout ce que l’on subit et vit par amour pour Moi devient léger même si c’est la lourde torture du monde. Car pour celui qui revêt d’amour tout ce qu’il fait volontairement ou tout ce qui lui est imposé, le joug de sa vie et du monde se change en un joug qui lui est donné par Dieu, par Moi. Et je vous répète que la charge que je vous impose est toujours proportionnelle à vos forces et que mon joug est léger car je vous aide à le porter.

Vous savez que le monde ne sait pas aimer. Mais vous, dorénavant, aimez le monde d’un amour surnaturel pour lui apprendre à aimer. Et s’ils vous disent en vous voyant persécutés : «  Est-ce ainsi que Dieu vous aime ? En vous faisant souffrir, en vous donnant la douleur ? Alors ce n’est pas la peine d’appartenir à Dieu », répondez : « La douleur ne vient pas de Dieu. Mais Dieu la permet, et nous en savons la raison et nous nous glorifions d’avoir la part qu’a eue le Sauveur Jésus, Fils de Dieu ». Répondez : « Nous nous glorifions d’être crucifiés et de continuer la Passion de notre Jésus ». Répondez par les paroles de la Sagesse :

« La mort et la douleur sont entrées dans le monde par l’envie du démon, mais Dieu n’est pas l’auteur de la mort et de la douleur et Il ne jouit pas de la douleur des vivants. Toutes les choses qui viennent de Lui sont Vie et toutes sont salutaires ». Répondez : « A présent, nous semblons persécutés et vaincus mais au jour de Dieu, les sorts sont changés : nous justes, persécutés sur la Terre, nous serons glorieux devant ceux qui nous ont tourmentés et méprisés ». Pourtant dites-leur aussi : « Venez à nous ! Venez à la Vie et à la Paix. Notre Seigneur ne veut pas votre ruine mais votre salut. C’est pour cela qu’Il a donné son Fils Bien Aimé afin que vous soyez tous sauvés ».

Et réjouissez-vous de participer à mes souffrances pour pouvoir être ensuite avec Moi dans la gloire. « Je serai votre récompense extrêmement grande » a promis le Seigneur en Abraham à tous ses serviteurs fidèles. Vous savez comment se conquiert le Royaume des cieux : par la force et on y arrive à travers de nombreuses tribulations. Mais celui qui persévère comme Moi j’ai persévéré, sera où je suis. Je vous ai dis quel est le chemin et la porte qui conduisent au Royaume des Cieux, et Moi le premier j’ai marché par ce chemin et suis retourné au Père par cette porte. S’il y avait une autre voie, je vous l’aurais indiquée car j’ai pitié de votre faiblesse d’hommes. Mais il n’y en a pas d’autre…En vous l’indiquant comme unique chemin et unique porte, je vous dis aussi, je vous répète quel est le remède qui donne la force pour parcourir ce chemin et entrer par cette porte : c’est l’amour. Toujours l’amour. Tout devient possible quand nous avons en nous l’amour. Et tout l’amour vous sera donné par l’Amour qui vous aime, si vous demandez en mon Nom assez d’amour pour devenir des athlètes de sainteté.

Maintenant, donnons-nous le baiser d’adieu, ô mes amis bien-aimés ».

Il se lève pour les embrasser. Tous l’imitent. Mais alors que Jésus a un sourire paisible, d’une beauté vraiment divine, eux pleurent, tous troublés, et Jean, s’abandonnant sur la poitrine de Jésus, secoué par tous les sanglots qui lui rompent la poitrine tant ils sont déchirants, demande au nom de tous, voyant le désir de tous : « Donne-nous au moins ton Pain pour qu’il nous fortifie à cette heure ! ».

« Qu’il en soit ainsi ! » lui répond Jésus. Et prenant un pain, il le partage en morceaux après l’avoir offert et béni, en répétant les paroles rituelles. Et il fait la même chose avec le vin, en répétant ensuite : « Faites ceci en mémoire de Moi », ajoutant « qui vous ai laissé ce gage de mon amour pour être encore et toujours avec vous jusqu’à ce que vous soyez avec Moi dans le Ciel ». Il les bénit et dit : « Et Maintenant allons ».

Isl sortent de la pièce, de la maison…

Jésus appelle près de Lui les bergers, Lare, Joseph, Nicodème, Manaen, Maximin et les autres des soixante-douze disciples. Mais Il garde surtout près de lui les bergers pour leur dire : « Ici. Vous près du Seigneur qui était venu du Ciel, penchés sur son anéantissement, vous près du Seigneur qui retourne au Ciel, avec vos esprits qui jouissent de sa glorification. Vous avez mérité cette place car vous avez su croire malgré les circonstances défavorables et vous avez su souffrir pour votre foi. Je vous remercie tous de votre amour fidèle. Je vous remercie tous. Toi, Lazare, mon ami. Toi, Joseph, et toi, Nicodème, pleins de pitié pour le Christ quand cela pouvait être un grand danger. Toi, Manaen, qui a su mépriser les faveurs sordides d’un être immonde pour marcher dans mon chemin. Toi, Etienne, fleur couronnée de justice qui as quitté l’imparfait pour le parfait et qui seras couronné d’un diadème que tu ne connais pas encore mais que t’annonceront les Anges. Toi, Jean, pour un bref laps de temps frère au sein très pur et venu à la Lumière plus qu’à la vue. Toi, Nicolaï, qui, prosélyte, as su me consoler de la douleur des fils de cette nation. Et vous, disciples bonnes et courageuses, dans votre douceur, plus que Judith. Et toi, Margziam, mon enfant, et qui dorénavant prends le nom de Martial, en souvenir du petit romain tué sur le chemin et déposé à la grille de Lazare avec un cartel de défi : « Et maintenant, dis au Galiléen qu’il te ressuscite, s’il est le Christ et s’il est ressuscité », le dernier des innocents qui en Palestine ont perdu la vie pour me servir bien qu’inconsciemment, et prémices des innocents de toute nation qui, venus au Christ, seront pour cela hais et éteints prématurément, comme des boutons de fleurs arrachés à leur tige avant qu’ils n’éclosent. Et ce nom, ô Martial, t’indique ton futur destin : sois apôtre en des terres barbares et conquiers-les à ton Seigneur, comme mon amour a conquis le jeune romain pour le Ciel. Tous, tous bénis par Moi dans cet adieu, pour demander au Père la récompense de ceux qui ont consolé le douloureux chemin du Fils de l’Homme. Bénie l’Humanité dans sa partie choisie qui existe chez les juifs comme chez les gentils, et qui s’est montrée dans l’amour qu’elle a eu pour Moi. Bénie la Terre avec ses plantes et ses fleurs, ses fruits qui tant de fois m’ont réjoui et m’ont restauré. Bénie la Terre avec ses eaux et ses tiédeurs, à cause des oiseaux et des animaux qui bien des fois ont surpassé l’homme pour réconforter le Fils de l’Homme. Bénis sois-tu soleil et toi, mer, et vous, monts, collines, plaines. Soyez bénies, vous, étoiles, qui avez été pour Moi des compagnes dans la prière nocturne et dans la douleur. Et toi, lune, qui m’as éclairé pour me diriger dans mon pèlerinage d’évangélisateur. Soyez toutes bénies, vous, créatures, œuvres de mon Père, mes compagnes en cette heure mortelle, amies pour Celui qui avait quitté le Ciel pour enlever à l’Humanité affligée les tribulations de la Faute qui sépare de Dieu. Et bénis, vous aussi, instruments innocents de ma torture : épines, métaux, bois, cordages tordus, parce que vous m’avez aidé à accomplir la volonté de mon Père ! »

Quelle voix de tonnerre a Jésus ! Elle se répand dans l’air chaud et tranquille comme le son d’un bronze qu’on a frappé, elle se propage en ondes sur la mer des visages qui le regardent de tous côtés.

Je dis que ce sont des centaines de personnes qui entourent Jésus qui monte, avec les plus aimés, vers le sommet de l’Oliveraie. Mais Jésus, arrivé près du camp des Galiléens où il n’y a plus de tentes à cette époque entre les deux fêtes, ordonne aux disciples : « Faites arrêter les gens où ils se trouvent, et puis suivez-moi ».

Il monte encore jusqu’au sommet le plus haut de la montagne, celle qui est déjà plus proche de Béthanie, qu’elle domine d’en haut, que de Jérusalem. Serrés autour de Lui, sa Mère, les apôtres, Lazare, les bergers et Margziam. Plus loin, en demi-cercle pour tenir en arrière la foule des fidèles, les autres disciples.

Jésus est debout sur une large pierre qui dépasse un peu, toute blanche au milieu de l’herbe verte d’une clairière. Le soleil l’investit rendant son vêtement blanc comme la neige et faisant briller comme de l’or ses cheveux. Ses yeux brillent d’une lumière divine. IL ouvre les bras en un geste d’embrassement. Il paraît vouloir serrer sur son sein toutes les multitudes de la Terre que son esprit voit représentées dans cette foule. Son inoubliable, son inimitable voix donne le dernier ordre : « Allez ! Allez en mon Nom pour évangéliser les gens jusqu’aux extrémités de la Terre. Que Dieu soit avec vous. Que son Amour vous réconforte, que sa Lumière vous guide, que sa Paix demeure en vous jusqu’à la vie éternelle ».

Il se transfigure en beauté. Beau ! Beau comme sur le Thabor et davantage. Tous tombent à genoux pour l’adorer. Lui, pendant que déjà il se soulève de la pierre sur laquelle il est posé, cherche encore une fois le visage de sa Mère, et son sourire atteint une puissance que personne ne pourra jamais rendre…C’est son dernier adieu à sa Mère. Il monte, monte…Le soleil, encore plus libre de le baiser, maintenant que nul feuillage même léger ne vient intercepter ses rayons, frappe de son éclat le Dieu-Homme qui monte avec son Corps Très Saint au Ciel et dévoilent ses Plaies glorieuses qui resplendissent comme de vivants rubis. Le reste est un sourire de lumière nacrée. C’est vraiment la Lumière qui se manifeste pour ce qu’elle est, en ce dernier instant comme dans la nuit natale. La Création étincelle de la lumière du Christ qui s’élève. Lumière qui dépasse celle du soleil. Lumière surhumaine et bienheureuse. Lumière qui descend du Ciel à la rencontre de la Lumière qui monte…Et Jésus Christ, le Verbe de Dieu, disparaît à la vue des hommes dans un océan de splendeurs…

Sur terre, deux bruits seulement dans le silence profond de la foule extasiée : le cri de Marie quand il disparaît : « Jésus ! » et la plainte d’Isaac. Un religieux étonnement a rendu les autres muets et ils restent là, jusqu’à ce que deux lumières angéliques d’une extraordinaire candeur apparaissent sous une forme humaine, pour dire les paroles rapportées dans le premier chapitre des Actes des Apôtres.

(Tiré des Cahiers, 14 décembre 1943)

Marie dit :

(Il y a des générosités particulières dont le parfum est émané uniquement par les âmes qui sont unes avec mon Seigneur et dont le parfum est apprécié uniquement de Dieu ou par qui vit déjà dans le Royaume de Dieu.

C’est une générosité de savoir renoncer à la liberté et se fermer dans un couvent s’interdisant ces joies humaines que Dieu a permis et son Fils a béni parce qu’elles entrent dans le champ des desseins créateurs et perpétuent, à travers les créatures, l’œuvre du Créateur.

Source éternelle de nouveaux esprits, le Père crée dans le Ciel les âmes. Graines destinées à monter en graine, elles se revêtent d’une chair et, devenus male et femelle, en union de deux chairs en une, créent sur la terre de nouveaux vêtements pour les âmes nouvelles destinées à descendre sur la terre et la peupler de créatures de Dieu.

Il n’y a pas de joie plus grande, après celle d’aimer le Seigneur, que d’être mère d’une créature propre et dire : « Je t’ai formé, je t’ai nourri et porté, je t’ai donné mon sang et mon lait, ta chair est la mienne et ma pensée est la tienne parce que tu es la pensée et le but de ta mère ».

Il y a une maternité plus haute mais celle-là n’est plus humaine et elle est déjà comprise dans la grande, insupérable, première joie entre toutes, d’aimer le Seigneur, parce que c’est l’amour total à notre Seigneur très saint qui nous fait aimer les créatures au point de devenir mères pour elles, prêtes à leur donner la vie par notre souffrance et pour donner une augmentation de gloire à l’Eternel en augmentant les citoyens de son Royaume.

C’est générosité que de s’offrir victimes pour le monde. C’est une grande générosité parce qu’elle vous fait semblable à mon Jésus, Victime innocente, sainte, dévorée par l’amour. Mais il y a une générosité encore plus grande : la générosité héroïque dans son héroïsme général.

Dieu, grand d’une manière inconcevable pour vous, compense avec des fleuves de délices les âmes généreuses. Il se communique à elles par des contacts spirituels. Il donne lumières qui sont paroles et paroles qui sont lumières. Il donne des vitalités qui sont repos et repos sur son Cœur qui est vitalité. Il se fait soutien de l’âme généreuse et s’unit à elle quand il voit que la générosité de la créature a été si violente à ne pas mesurer ses forces, de manière que la créature fléchit, comme mon Fils, sous un poids exorbitant auquel elle ne se refuse pas mais seulement demande qu’il soit soulevé un moment pour pouvoir se relever et s’avancer, jusqu’au sommet parce que c’est dans le sacrifice total qu’elle sait qu’elle atteint la joie.

Eh bien, il y a l’héroïsme dans le sacrifice quand une créature pousse son amour à être généreuse renonçant même à ce réconfort d’avoir l’aide et la présence sensible de Dieu.

Marie, je l’ai expérimenté. Je sais. Je peux être ta maîtresse dans cette science du sacrifice. Parce que celle-ci n’est plus simple instruction, elle est Science. Qui atteint ce point n’est pas écolier : il est maître dans celle qui est la plus difficile des sciences : savoir renoncer non seulement à la liberté, à la santé, à la maternité, à l’amour humain, mais savoir renoncer au réconfort de Dieu qui rend supportables toutes les renonciations, non seulement : les rend douces et désirées. Alors on boit l’amer que but mon Fils et on connaît la solitude qui entoura mon cœur du matin de l’Ascension à mon Assomption. C’est la perfection de la souffrance. Cependant, Marie, j’étais, dans ma souffrance, heureuse. Il n’y avait pas d’égoïsme en moi, mais seulement charité enflammée.

Comme j’avais su, par degrés ascendants, accomplir toutes les offrandes et les séparations, tenant toujours présent à mon esprit que l’offrande et la séparation qui le perçaient accomplissaient la volonté et augmentaient la gloire de Dieu, mon Seigneur, et puis me détacher de mon Fils pour sa préparation à la mission, pour sa prédication, pour son arrestation, pour sa mort, pour sa sépulture, toutes choses dont je savais la courte durée, ainsi je sus sourire et le bénir, sans tenir compte des larmes de cœur, dans la première aube du quarantième jour de sa vie glorieuse, quand, sans témoins comme au matin de la Résurrection, il vint m’embrasser avant de monter au Ciel.

Moi, Mère, je perdais mon Fils avec sa présence qui me donnait une joie ineffable. Mais moi, sa première croyante, je savais que pour Lui avait fin la pause dans le monde ennemi qui, s’il ne pouvait plus lui faire du mal, parce que les embûches de l’homme ne pouvaient plus l’atteindre, toutefois in ne cessait pas de lui être hostile.

Que les Cieux s’ouvrent pour accueillir dans la gloire le Fils qui revenait au Père après la douleur. Que l’Amour Trinitaire se réunisse sans besoin de séparations. Que la lumière et le souffle me manquent parce que le monde n’était plus habité par mon Jésus et dans l’air, il n’y avait plus son souffle pour le sanctifier. Mais qu’après avoir été « Fils de l’Homme », il revienne « Fils de Dieu » revêtu de sa gloire divine pour l’éternité. Ce fut mon dernier « Fiat ! », et il ne fut pas moins subit et généreux que celui de Nazareth.

Toujours « fiat » à la volonté de Dieu. Soit qu’Il vienne à nous pour devenir part de nous, soit qu’Il s’en détache pour monter nous préparer notre demeure dans son Royaume. L’entourer d’amour quand Il est avec nous, vivre d’amour contemplant le Royaume où Il est, pour Lui rappeler que sa servante l’aime et attend son sourire d’invitation pour mourir dans un élan de joie qui est commencement lumineux à l’éclatant, éternel jour du Paradis. Après l’avoir accueilli, servi, écouté quand Il est avec nous, vivre sans diminuer d’un degré d’amour parce qu’Il ne nous est plus visiblement présent.

Offrir ce renoncement pour sa gloire et pour nos frères. Afin que notre solitude se change pour eux en compagnie divine, et le silence, qui est maintenant notre langueur, se change en parole pour tant d’hommes qui ont besoin d’être évangélisés par le Verbe.

Nous avons les souvenirs, Marie. D’autres n’ont rien. Nous avons la certitude qu’Il travaille pour nous préparer la maison. D’autres regardent le temps comme un fleuve dont l’embouchure est le rien. Je dis « nous » parce que je te joins à mes pensées d’alors. Donnons, donne, et avec toi les généreux qui veulent atteindre les sommets de la générosité, aussi ce renoncement, si elle te sera demandée, pour que ton trésor soit trésor de beaucoup d’autres et les indigents de l’esprit soient revêtus de cette Lumière, les analphabètes de l’esprit de cette Science qui, une fois infusées, ne cessent plus d’être vives et actives, et que la Bonté a donné à ses bien-aimés pour en faire ses élus ».

1ER MYSTERE GLORIEUX : LA RESSURECTION DE JESUS

Publié le 23/10/2013 à 22:34 par mammarosa
1ER MYSTERE GLORIEUX : LA RESSURECTION DE JESUS

LA RESSURECTION DE JESUS

(Tiré du 10ème Volume de

« L’Evangile tel qu’il l’a été révélé de Maria VALTORTA »)

 

 

Dans tout est silence et scintillement de la rosée. Au-dessus, un ciel qui devient un saphir de plus en plus clair, après avoir quitté son bleu-noir criblé d’étoiles qui, pendant toute la nuit, avaient veillé sur le monde. L’aube repousse de l’orient vers l’occident les zones encore obscures, comme fait l’eau pendant une marée haute qui avance toujours plus pour couvrir le rivage obscur, et remplaçant le gris-noir du sable humide par le bleu des eaux marines.

Quelque étoile ne veut pas encore mourir et jette un regard de plus en plus débile sur l’onde de lumière vert-claire de l’aube, d’un blanc laiteux nuancé de gris, comme les feuillages des oliviers engourdis qui couronnent un coteau peu distant. Et puis elle naufrage, submergée par l’onde de l’aube comme une terre que recouvre l’eau. Et puis en voilà une de moins…Et puis encore une de moins…et une autre, et une autre. Le ciel perd ses troupeaux d’étoiles et seulement là-bas, à l’extrême occident, trois, puis deux, puis une restent à regarder ce prodige quotidien qu’est l’aurore qui se lève ;

Et voilà : quand un filet de rose trace une ligne sur la soie turquoise du ciel oriental, un soupir de vent passe sur les feuillages et sur les herbes et dit : « Réveillez-vous. Le jour est revenu ». Mais il ne réveille que les herbes et les feuillages, qui frissonnent sous leur diamant de rosée et ont un bruissement ému, arpégé par les gouttes qui tombent. Les oiseaux ne se réveillent pas encore dans les branches touffues d’un cyprès de grande taille qui semble dominer comme un seigneur dans son royaume, ni dans l’entrelacement embrouillé d’une haie de lauriers qui protège de la tramontane.

Les gardes, ennuyés, transis de froid, pris par le sommeil, dans des poses variées, veillent sur le Tombeau, dont la porte de pierre a été renforcée, sur ses bords, par une épaisse couche de chaux, comme si c’était un contrefort, sur le blanc opaque de laquelle se détachent les larges rosaces de cire rouge, imprimées avec d’autres, directement dans la chaux fraiche, du sceau du Temple.

Les gardes doivent avoir allumé du feu pendant la nuit car il y a de la cendre et des tisons pas encore éteints sur le sol et ils doivent avoir joué et mangé car il y a encore répandus sur le sol, des restes de nourriture et des osselets nets qui ont servi certainement pour quelque jeu, comme notre jeu de domino ou notre jeu enfantin de billes, joués sur un primitif échiquier tracé sur le sentier. Puis ils ont tout laissé en plan par lassitude, pour chercher des poses plus ou moins commodes pour dormir ou pour veiller.

Dans le ciel qui maintenant, à l’Orient, a une étendue toute rosée qui s’agrandit de plus en plus dans le ciel serein, où par ailleurs il n’y a pas encore de rayon de soleil, se présente, venant de profondeurs inconnues, un météore resplendissant qui descend, boulet de feu d’une splendeur insoutenable, suivi d’un sillage rutilant qui peut-être n’est que le souvenir de sa splendeur sur notre rétine. Il descend à toute vitesse vers la Terre, en répandant une lumière si intense, si fantasmagorique, si effrayante dans sa beauté, que la lumière rosée de l’aurore disparaît éclipsée par cette blancheur incandescente.

Les gardes lèvent la tête, étonnés, parce qu’aussi avec la lumière arrive un grondement puissant harmonieux, solennel, qui remplit de lui-même toute la Création. Il vient de profondeurs paradisiaques. C’est l’alléluia, le « Gloria » angélique qui suit l’Esprit du Christ revenant dans sa Chair glorieuse.

Le météore s’abat contre l’inutile fermeture du tombeau, l’arrache, la jette par terre, foudroie de terreur et de bruit les gardes mis comme geôliers du Maître de l’Univers, en produisant, avec son retour sur la Terre, un nouveau tremblement de terre comme il l’avait produit en fuyant la Terre cet Esprit du Seigneur. Il entre dans le sombre Tombeau qu’éclaire sa lumière indescriptible et pendant qu’il reste suspendu dans l’air immobile, l’Esprit se ré infuse dans le Corps sans mouvement sous les bandes funèbres.

Tout cela non dans une minute mais dans une fraction de minute, tant l’apparition, la descente, la pénétration et la disparition de la Lumière de Dieu a été rapide…

Le « Je veux » du Divin esprit a sa chair froide n’a pas de son. Le son est dit par l’Essence à la matière immobile. Aucune parole n’est entendue par l’oreille humaine. La Chair reçoit le commandement et lui obéit en poussant un profond soupir…Rien d’autre pendant quelques minutes.

Sous le Suaire et le Linceul, la Chair glorieuse se recompose en une beauté éternelle, se réveille du sommeil de la mort, revient du « rien » où elle était, vit après avoir été morte. Certainement le cœur se réveille et donne son premier battement, pousse dans les veines le sang gelé qui reste et en crée tout d’un coup la mesure totale dans les artères vides, dans les poumons immobiles, dans le cerveau obscurci, et ramène la chaleur, la santé, la force, la pensée.

Un autre moment, et voilà un mouvement soudain sous le lourd Linceul. Le mouvement est si soudain, depuis l’instant certainement où il remue ses mains croisées jusqu’au moment où il apparaît debout majestueux, splendide dans son vêtement de matière immatérielle, surnaturellement beau et imposant, avec une gravité qui le change et l’élève tout en le laissant Lui-même, que l’œil a à peine le temps d’en suivre le développement. Et maintenant, il l’admire : si différent de ce que la pensée lui rappelle, en forme, sans blessure ni sang, mais seulement éblouissant de la lumière qui jaillit à flot des cinq plaies et sort par tous les pores de son épiderme.

Il fait son premier pas : dans son mouvement, les rayons qui jaillissent des mains et des pieds l’auréolent de lames de lumière ; depuis la tête nimbée d’un diadème qui est fait des innombrables blessures de la couronne qui ne donnent plus de sang mais seulement de la splendeur, jusqu’au bord du vêtement quand, en ouvrant les bars qu’il a croisés sur sa poitrine, il découvre la zone de luminosité très vive qui filtre de son habit en lui donnant l’éclat d’un soleil à la hauteur du cœur. Alors c’est réellement la « Lumière » qui a pris corps, pas la pauvre lumière de la Terre, pas la pauvre lumière des astres, pas la pauvre lumière du soleil. Mais la Lumière de Dieu : toute la splendeur paradisiaque qui se rassemble en un seul Etre et Lui donne ses azurs inconcevables pour pupilles, ses feux d’or pour cheveux, ses candeurs angéliques pour vêtement et coloris, et tout ce qui est, d’indescriptible pour la parole humaine, la suréminente ardeur de la Très Sainte Trinité, qui annule par son ardente puissance tout feu du Paradis, en l’absorbant en Elle-même pour l’engendrer à nouveau à chaque instant du Temps éternel, Cœur du ciel qui attire et diffuse son sang, les innombrables gouttes de son sang incorporel : les Bienheureux, les Anges, tout ce qui est le Paradis : l’amour de Dieu, l’amour pour Dieu, tout ce qui est la Lumière qu’est, que forme, le Christ Ressuscité.

Quand il se déplace, en venant vers la sortie, et que l’œil peut voir au-delà de sa splendeur, voici que m’apparaissent deux clartés très belles, mais semblables à des étoiles par rapport au soleil, l’une d’un côté, l’autre de l’autre côté du seuil, prosternées en adoration pour leur Dieu qui passe, enveloppé dans sa lumière, béatifiant en son sourire. Il sort abandonnant la funèbre grotte et revenant fouler la terre que la joie réveille et qui resplendit toute dans sa rosée, dans les couleurs des herbes et des rosiers, dans les innombrables corolles des pommiers qui s’ouvrent par prodige au premier soleil qui les baise, et au soleil éternel qui avance sous eux.

Les gardes sont là, évanouis…Les forces corrompues de l’homme ne voient pas Dieu pendant que les forces pures de l’univers, les fleurs, les herbes, les oiseaux, admirent et vénèrent le Puissant qui passe dans un nimbe de sa propre Lumière et dans un nimbe de lumière solaire.

Son sourire, le regard qui se pose sur les fleurs, sur les ramilles, qui se lève vers le ciel serein, donne à tout une plus grande beauté. Et plus soyeux et plus nuancés sont les millions de pétales qui font une mousse fleurie au-dessus de la tête du Vainqueur. Et plus vifs sont les diamants de rosée. Et plus bleu est le ciel qui réfléchit ses yeux resplendissants, et plus joyeux le soleil qui peint de gaieté un petit nuage porté par un vent léger qui vient baiser son Roi avec des parfums enlevés aux jardins et des caresses de pétales soyeux.

Jésus lève la main et bénit et puis, pendant que les oiseaux chantent plus fort et que le vent porte ses parfums, il disparaît à mes yeux en me laissant dans une joie qui efface le plus léger souvenir de tristesse et de souffrance et d’hésitation sur le lendemain…

Marie maintenant est prosternée le visage contre terre. On dirait une pauvre chose abattue. On dirait cette fleur morte de soif dont elle a parlé.

La fenêtre close s’ouvre avec un impétueux battement de ses lourds volets et, avec le premier rayon de soleil, Jésus entre.

Marie, qui s’est secouée au bruit et qui lève la tête pour voir quel vent a ouvert les volets, voit son Fils rayonnant : beau, infiniment plus beau qu’il ne l’était avant d’avoir souffert, souriant, vivant, plus lumineux que le soleil, vêtu d’un blanc qui paraît de la lumière tissée, et qui s’avance vers elle.

Elle se redresse sur ses genoux et, joignant en croix les mains sur sa poitrine, elle dit dans un sanglot qui est rire et pleur : « Seigneur, mon Dieu ». Et elle reste ainsi ravie dans sa contemplation, le visage tout baigné de larmes, mais devenu serein, pacifié par le sourire et l’extase.

Mais Lui ne veut pas la voir, sa Maman, à genoux comme une servante. Et il l’appelle en lui tendant les mains, des blessures desquelles sortent des rayons qui rendent encore plus lumineuse sa Chair glorieuse : « Maman ! ». Mais ce n’est pas la parole affligée des colloques et des adieux d’avant la Passion, ni la lamentation déchirée de la rencontre sur le Calvaire et de l’agonie. C’est un cri de triomphe, de joie, de libération, de fête, d’amour, de gratitude. Et il se penche sur sa Mère, qui n’ose pas le toucher, et lui met les mains sous ses coudes pliés, la lève, la serre sur son cœur et l’embrasse.

Oh ! Alors Marie comprend que ce n’est pas une vision, que c’est son Fils réellement ressuscité, que c’est son Jésus, le Fils qui l’aime encore en Fils. Et avec un cri, elle se jette à son cou, l’embrasse et le baise, en riant dans ses pleurs. Elle baise son front où il n’y a plus de blessure, sa tête qui n’est plus dépeignée ni couverte de sang, ses yeux éblouissants, ses joues guéries, sa bouche qui n’est plus enflée. Et puis Elle lui prend les mains et en baise le dessus et la paume, les blessures rayonnantes, et tout à coup se baisse à ses pieds, les découvre de dessous son vêtement de splendeur et les baise. Puis elle se lève, le regarde, n’ose pas.

Mais Lui sourit et comprend. Il entrouvre son vêtement sur la poitrine et il dit : « Et celle-là, Maman, tu ne la baises pas, celle qui t’a fait si mal et que toi seule es digne de baiser ? Baise-moi sur le cœur, Maman. Ton baiser m’enlèvera le dernier souvenir de tout ce qui est douleur et me donnera cette joie qui manque encore à ma joie de Ressuscité ». Il prend dans ses mains le visage de sa Mère et en pose les lèvres sur la lèvre de la blessure du Côté, d’où sortent des flots de lumière très vive.

Le visage de Marie est auréolé par cette lumière, plongé comme il l’est dans ses rayons. Elle le baise, le baise, pendant que Jésus la caresse. Elle ne se lasse pas de le baiser. On dirait un assoiffé qui ait attaché sa bouche à la source et en boit la vie qui lui échappait.

Maintenant Jésus parle :

« Tout est fini, Maman. Maintenant, tu ne dois plus pleurer pour ton Fils. L’épreuve est accomplie. La Rédemption est arrivée. Maman, merci de m’avoir conçu, élevé, aidé dans la vie et dans la mort.

J’ai senti venir à Moi tes prières. Elles ont été ma force dans la douleur, mes compagnes dans mon voyage sur la Terre et au-delà de la Terre. Elles sont venues avec Moi sur la Croix et dans les Limbes. Elles étaient l’encens qui précédaient le Pontife qui allait appeler ses serviteurs pour les amener dans le Temple qui ne meurt pas : dans mon Ciel. Elles sont venues avec Moi dans le Paradis, précédant comme une voix angélique le cortège des rachetés guidés par le Rédempteur pour que les Anges fussent prêts pour saluer le Vainqueur qui revenait dans son Royaume. Elles ont été entendues et vues par le Père et par l’Esprit qui en ont souri comme de la fleur la plus belle et du chant le plus doux nés dans le Paradis. Elles ont été connues par le Patriarche et les nouveaux Saints, par les nouveaux, les premiers habitants de ma Jérusalem, et moi, je t’apporte leurs remerciements, Maman, en même temps que le baiser des parents et que leur bénédiction et celle de Joseph, ton époux d’âme.

Le Ciel tout entier chante son hosanna à toi, ma Mère, Maman Sainte ! Un hosanna qui ne meurt pas, qui n’est pas menteur comme celui qui m’a été donné il y a quelques jours.

Maintenant je vais trouver le Père avec mon vêtement humain. Le Paradis doit voir le Vainqueur dans son vêtement d’Homme avec lequel il a vaincu le Péché de l’homme. Mais ensuite, je viendrai encore. Je dois confirmer dans la Foi ceux qui ne croient pas encore et ont besoin de croire pour amener les autres à la foi, je dois fortifier ceux qui sont chétifs et qui auront besoin de tant de force pour résister au monde.

Puis je monterai au Ciel mais je ne te laisserai pas seule, Maman. Tu vois ce voile ? Dans mon anéantissement, j’ai dégagé encore une puissance de miracle pour Toi, pour te donner ce réconfort. Mais j’accomplis pour Toi un autre miracle. Tu me possèderas dans le Sacrement, réel comme je l’étais quand tu me portais.

Tu ne seras jamais seule. En ces jours, tu l’as été mais pour ma Rédemption, il fallait aussi cette douleur que tu as éprouvée. Beaucoup sera continuellement ajouté à la Rédemption car il sera continuellement crée beaucoup de péché. J’appellerai tous mes serviteurs à cette co participation rédemptrice. Tu es celle qui à elle seule, dera plus que tous les autres saints ensemble. C’est pour cela aussi qu’il fallait ce long abandon. Maintenant, il est fini.

Je ne suis plus séparé du Père. Tu ne seras plus séparée du Fils. Et ayant le Fils, tu as notre Trinité. Ciel vivant, tu porteras sur la Terre la Trinité parmi les hommes et tu sanctifieras l’Eglise, Toi, Reine du Sacerdoce et Mère des Chrétiens.

Puis je viendrai te prendre. Et ce ne sera plus Moi en Toi mais Toi en Moi, dans mon Royaume, pour rendre plus beau le Paradis.

Maintenant, je m’en vais, Maman. Je vais rendre heureuse l’autre Marie. Puis je monte vers le Père. C’est de là que je viendrai à ceux qui ne croient pas.

Maman, ton baiser pour bénédiction, et ma Paix à Toi pour compagne. Adieu ».

Et Jésus disparaît dans le soleil qui descend à flots du Ciel serein du matin.

Jésus dit :

« Les prières ardentes de Marie ont anticipé de quelques temps ma Résurrection.  J’avais dit : « Le Fils de l’homme va être tué mais il ressuscitera le troisième jour ». J’étais mort à trois heures de l’après-midi du vendredi. Soit que vous comptiez les jours par leurs noms, soit que vous comptiez les heures, ce n’était pas l’aube du dimanche qui devait me voir ressusciter. Comme heures, il y avait seulement trente-huit heures au lieu de soixante-douze que mon Corps était resté sans vie. Comme jours, je devais au moins arriver au soir de ce troisième jour pour dire que j’avais été trois jours dans la tombe.

Mais Marie a anticipé le miracle. Comme quand par sa prière, elle a ouvert les Cieux quelques années avant l’époque fixée pour donner au monde son Salut, ainsi maintenant elle obtient d’anticiper de quelques heures pour donner du réconfort à son cœur mourant.

Et Moi, au début de l’aube du troisième jour, je suis descendu comme le soleil et par ma splendeur j’ai brisé les sceaux des hommes, si inutiles devant la puissance de Dieu. J’ai fait levier avec ma force pour renverser la pierre veillée inutilement, de mon apparition j’ai fait la foudre qui a terrassé les gardes trois fois inutiles mis pour la garde d’une mort qui était Vie, que nulle force humaine ne pouvait empêcher d’être telle.

Bien plus puissant que votre courant électrique, mon Esprit est entré comme une épée de Feu divin pour réchauffer la froide dépouille de mon cadavre et au nouvel Adam l’Esprit de Dieu a insufflé la vie, en se disant à Lui-même : « Vis. Je le veux ».

Moi qui avais ressuscité les morts quand je n’étais que le Fils de l’homme, la Victime désignée pour porter les fautes du monde, ne devais-je pas pouvoir me ressusciter Moi-même maintenant que j’étais le Fils de Dieu, le Premier et le Dernier, le Vivant éternel, Celui qui a dans ses mains les clefs de la Vie et de la Mort ? Et mon cadavre a senti la Vie revenir à Lui.

Regarde : comme un homme qui s’éveille après le sommeil produit par une énorme fatigue, j’ai une respiration profonde et je n’ouvre pas encore les yeux. Le sang revient circuler dans les veines, peu rapide encore, il ramène la pensée à l’esprit. Mais je viens de si loin ! Regarde : comme un blessé qu’une puissance miraculeuse guérit, le sang revient dans les veines vides, remplit le cœur, réchauffe les membres, les blessures se cicatrisent, les bleus et les blessures disparaissent, la force revient. Mais j’étais blessé !

Voilà : la Force agit. Je suis guéri. Je suis éveillé. Je suis revenu à la Vie. J’étais mort. Maintenant, je vis ! Maintenant, je ressuscite ! Je secoue les linges de mort, je jette l’enveloppe des onguents. Je n’ai pas besoin d’eux pour paraître la Beauté éternelle, l’éternelle Intégrité. Je me revêts d’un vêtement qui n’est pas de cette Terre mais tissé par Celui qui est mon Père et qui a tissé la soie des lis virginaux. Je suis revêtu de splendeur. Je suis orné de mes plaies qui ne suintent plus du sang mais dégagent de la lumière. Cette lumière qui sera la joie de ma Mère et des Bienheureux et la vue insoutenable des maudits et des démons sur la Terre et au dernier jour.

L’Ange de ma vie d’homme et l’Ange de ma douleur sont prosternés devant Moi et adorent ma Gloire. Ils sont ici tous les deux mes Anges. L’un pour jouir de la vue de Celui qu’il a gardé et qui maintenant n’a plus besoin de défense angélique.  L’autre, qui a vu mes larmes pour voir mon sourire, qui a vu mon combat pour voir ma victoire, qui a vu ma douleur pour voir ma joie.

Et je sors dans le jardin plein de boutons de fleurs et de rosée. Et les pommiers ouvrent leurs corolles pour faire un arc fleuri au-dessus de ma tête de Roi, et les plantes font un tapis de gemmes et de corolles à mes pieds qui reviennent fouler la Terre rachetée après que j’ai été élevée sur elle pour la racheter. Et ils me saluent le premier soleil, et le doux vent d’avril, et la nuée légère qui passe, rose comme la joue d’un enfant, et les oiseaux dans les feuillages. Je suis leur Dieu. Ils m’adorent.

Je passe parmi les gardes évanouis, symbole des âmes en faute mortelle qui ne sentent pas le passage de Dieu.

C’est Pâques ! C’est bien « le Passage de l’Ange de Dieu » ! Son Passage de la mort à la vie. Son Passage pour donner la Vie à ceux qui croient en son Nom. C’est Pâques ! C’est la paix qui passe dans le monde. La Paix qui n’est plus voilée par la condition d’homme mais qui est libre, complète dans l’efficience de Dieu qui lui est revenue.

Et je vais trouver la Mère. Il est bien juste que j’y aille. Cela l’a été pour mes Anges. Ce doit l’être bien plus pour celle qui, en plus d’être ma gardienne et mon réconfort, a été celle qui m’a donné la vie. Avant encore de revenir au Père dans mon vêtement d’Homme glorifié, je vais voir ma Mère. J’y vais dans la splendeur de mon vêtement paradisiaque et de mes Gemmes vivantes. Elle peut me toucher, elle peut me baiser car Elle est la Pure, la Belle, l’Aimée, la Bénie, la Sainte de Dieu.

Le nouvel Adam va à la nouvelle Eve. Le mal est entré dans le monde par la femme et c’est par la Femme qu’il a été vaincu. Le Fruit de la Femme a désintoxiqué les hommes de la bave de Lucifer. Maintenant, s’ils veulent, ils peuvent être sauvés. Elle a sauvé la femme restée si fragile après la blessure mortelle.

Et après qu’à la Pure, à laquelle par droit de Sainteté et de Maternité, il est juste qu’aille son Fils Dieu, je me présente à la femme rachetée, à celle qui est le chef de file, à celle qui représente toutes les créatures féminines que je suis venu délivrer de la morsure de la luxure, pour qu’elle leur dise qu’elles viennent à Moi pour guérir, qu’elles aient foi en Moi, qu’elles croient en ma Miséricorde qui comprend et pardonne, que pour vaincre Satan qui fouille leurs chairs, elles regardent ma Chair ornée des cinq plaies.

Je ne me fais pas toucher par elle. Elle n’est pas la Pure qui peut toucher sans le contaminer le Fils qui revient au Père. Elle a encore beaucoup à purifier par la pénitence mais son amour mérite cette récompense. Elle a su ressusciter par sa volonté du tombeau de ses vices, étrangler Satan qui la possédait, défier le monde par amour pour son Sauveur, elle a su se dépouiller de tout ce qui n’est amour, elle a su n’être plus que l’amour qui se consume pour son Dieu. Et Dieu l’appelle : « Marie ». Entends-la répondre : « Rabboni ! » Il y a son cœur dans son cri.

C’est à elle, qui l’a mérité, que je donne la charge d’être la messagère de la Résurrection. Et encore une fois elle sera méprisée comme si elle avait déliré. Mais rien ne lui importe à Marie de Magdala, à Marie de Jésus, du jugement des hommes. Elle m’a vu ressuscité et cela lui donne une joie qui apaise tout autre sentiment.

Tu vois comme j’aime même celui qui a été coupable, mais a voulu sortir de la faute ? Ce n’est même pas à Jean que je montre d’abord mais à la Magdeleine. Jean avait déjà eu de Moi la qualité de Fils. Il le pouvait avoir car il était pur et il pouvait être le fils non seulement spirituel mais aussi donnant et recevant ces besoins et ces soins qui concernent la chair, à la Pure et de la Pure de Dieu.

Maire-Magdeleine, la ressuscitée à la Grâce, a la première vision de la Grâce Ressuscitée.

Quand vous m’aimez jusqu’à tout vaincre pour Moi, je vous prends la tête et le cœur malades dans mes mains transpercées et je vous souffle au visage ma Puissance. Et je vous sauve, je vous sauve, fils que j’aime. Vous redevenez beaux, sains, libres, heureux. Vous redevenez les fils aimés du seigneur. Je vous fais porteurs de ma Bonté parmi les pauvres hommes, les témoins de ma Bonté envers eux, pour les persuader d’Elle et Moi.

Ayez, ayez, ayez foi en Moi. Ayez l’amour. Ne craignez pas. Que vous rende sûrs de l’amour de votre Dieu tout ce que j’ai souffert pour vous sauver. »

LA MORT DE JESUS SUR LA CROIX

Publié le 23/10/2013 à 22:31 par mammarosa
LA MORT DE JESUS SUR LA CROIX

LA MORT DE JESUS SUR LA CROIX

(Tiré du 9ème Volume de

« L’Evangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA »)

 

Quatre hommes musclés, qui par leur aspect me paraissent juifs et juifs dignes de la croix plus que les condamnés, certainement de la même catégorie que les flagellateurs, sautent d’un sentier sur le lieu du supplice. Ils sont vêtus de tuniques courtes et sans manche et ils ont dans les mains des clous, des marteaux et les cordes qu’ils montrent aux condamnés en se moquant d’eux. La foule est agitée par un délire cruel.

Le centurion offre à Jésus l’amphore pour qu’il boive la mixture anesthésique du vin myrrhé. Mais Jésus la refuse. Les deux larrons, au contraire, en boivent beaucoup. Puis l’amphore, à la bouche largement évasée, est placée près d’une grosse pierre, presque en haut de la cime.

On donne aux condamnés l’ordre de se dévêtir. Les deux larrons le font sans aucune pudeur. Ils s’amusent même à faire des actes obscènes vers la foule et en particulier vers le groupe sacerdotal tout blanc dans ses vêtements de lin et qui est revenu tout doucement sur la petite place plus basse, en profitant de sa qualité pour s’insinuer à cet endroit. Aux prêtres se sont unis deux ou trois pharisiens et d’autres puissants personnages que la haine rend amis.

Les bourreaux offrent aux condamnés trois loques pour qu’ils se les attachent à l’aine, et les larrons les prennent avec les plus horribles blasphèmes. Jésus, qui se déshabille entement à cause de la douleur des blessures, la refuse. Il pense peut-être garder les courtes culottes qu’il a gardées même dans la flagellation. Mais quand on Lui dit de les enlever, il tend la main pour mendier le chiffon aux bourreaux pour cacher sa nudité. C’est vraiment l’Anéanti jusqu’à devoir demander un chiffon aux criminels.

Mais Marie l’a vu et elle a enlevé le long et fin linge blanc qui lui voile la tête sous le manteau foncé et dans lequel elle a déjà versé tant de pleurs. Elle l’enlève sans faire tomber le manteau, le donne à jean pour qu’il le présente à Longin pour son Fils. Le centurion prend le voile sans difficulté. Quand Jésus va se déshabiller complètement, en se tournant non vers la foule mais vers le côté où il n’y a personne, montrant ainsi son dos sillonné de bleus et des ampoules saignant par les blessures ouvertes où par les croûtes sombres, Longin Lui présente le voile maternel. Il s’en enveloppe en lui faisant faire plusieurs fois le tour du bassin en le fixant bien pour qu’il ne tombe pas… Et sur le lin baigné seulement jusqu’alors de pleurs, tombent les premières gouttes de sang, car de nombreuses blessures à peine couvertes de sang coagulé, quand il se baisse pour enlever ses sandales et déposer ses vêtements, se sont rouvertes, et le sang recommence à couler.

Maintenant, Jésus se tourne vers la foule, et on voir ainsi que la poitrine aussi, les bras, les jambes ont été toutes frappées par les fouets. A la hauteur du foie, il y a un énorme bleu et sous l’arc costal gauche il y a sept traces en relief, terminées par sept petites déchirures sanglantes à l’intérieur d’un cercle violacé…un coup féroce de fouet dans cette région si sensible du diaphragme. Les genoux, contusionnés par les chutes répétées qui ont commencé tout de suite après sa capture et se sont terminées sur la calvaire, sont noirs d’hématomes et ouverts sur la rotule, spécialement le genou droit, en une vaste déchirure sanglante.

Les larrons sont attachés sur la croix et amenés à leur place, l’un à droite, l’autre à gauche par rapport à celle destinée à Jésus. Ils poussent des cris, des imprécations, des malédictions et surtout lorsque les croix sont portées près du trou et les secouent, alors que leurs poignets sont sciés par les cordes, leurs blasphèmes contre Dieu, contre la Loi, les romains et les juifs sont infernaux.

C’est le tour de Jésus. Doux, il s’allonge sur le bois. Les deux larrons étaient tellement rebelles, que n’arrivant pas à le faire, les quatre bourreaux avaient dû demander l’intervention des soldats pour les tenir, pour qu’à coups de pieds ils ne repoussent pas les argousins qui les attachaient par les poignets. Mais pour Jésus, il n’est pas besoin d’aide. Il se couche et met la tête où on Lui dit de la mettre. Il ouvre les bras comme on Lui dit de le faire, allonge les jambes comme on le Lui ordonne. Il s’occupe seulement de bien ajuster son voile. Maintenant son long corps, mince et blanc, se détache sur le bois sombre et le sol jaunâtre.

Deux bourreaux s’assoient sur la poitrine pour la tenir immobile. Et je pense à l’oppression et à la souffrance qu’il doit avoir ressenties sous ce poids. Un troisième Lui prend le bras droit en le tenant d’une main à la première partie de l’avant-bras et de l’autre au bout des doigts. Le quatrième, qui a déjà dans les mains le long clou dont la tige quadrangulaire et en pointe se termine en une plaque arrondie et plate, large comme un sou d’autrefois, regarde si le trou déjà fait dans le bois correspond à la jointure radio-ulnaire du poignet. Il va bien. Le bourreau applique la pointe du clou au poignet, lève le marteau et donne le premier coup.

Jésus qui avait les yeux fermés, pousse un cri et a une contraction à la suite de la douleur aigue et ouvre les yeux qui nagent dans les larmes. Ce doit être une douleur atroce qu’il éprouve…Le clou pénètre en rompant les muscles, les veines, les nerfs, en brisant les os…

Marie répond au cri de son Fils torturé par un gémissement qui a quelque chose de la plainte d’un agneau qu’on égorge, et elle se courbe, comme brisée, en tenant sa tête dans ses mains. Jésus pour ne pas la torturer ne crie plus. Mais les coups sont là, méthodiques, âpres, du fer contre le fer…et on pense que dessous c’est un membre vivant qui les reçoit.

La main droite est clouée. On passe à la gauche. Le trou ne correspond pas au carpe. Alors ils prennent une corde, lient le poignet gauche et tirent jusqu’à déboiter la jointure et arracher les tendons et les muscles sans compter qu’ils déchirent la peau déjà sciée par les cordes de la capture. L’autre main aussi doit souffrir car elle est étirée par contre coup et autour de son clou, le trou s’élargit. Maintenant on arrive à peine au commencement du métacarpe, près du poignet. Ils se résignent et ils clouent là où ils peuvent, c’est-à-dire entre le pouce et les autres doigts, exactement au centre du métacarpe. Là le clou entre plus facilement mais avec une plus grande souffrance car il doit couper des nerfs importants, si bien que les doigts restent inertes alors que ceux de la main droite ont des contractions et des tremblements qui indiquent leur vitalité. Mais Jésus ne crie plus, il pousse seulement une plainte rauque derrière ses lèvres fortement fermées, et des larmes de douleur tombent par terre après être tombées sur le bois…

Maintenant, c’est le tour des pieds. A deux mètres et plus de l’extrémité de la croix, il y a un petit coin, à peine suffisant pour un pied. On y porte les pieds pour voir si la mesure est bonne, et comme il est un peu bas, et que les pieds arrivent difficilement, on étire par les chevilles le pauvre Martyr. Le bois rêche de la croix frotte ainsi sur les blessures, déplace la couronne qui ainsi arrache de nouveaux cheveux et menace de tomber. Un bourreau, d’un coup de poing, la remet en place…

Maintenant ceux qui étaient assis sur la poitrine de Jésus se lèvent pour se placer sur les genoux, car Jésus a un mouvement involontaire pour retirer ses jambes en voyant briller au soleil le clou très long qui, en longueur et en largeur est le double de ceux qui ont servi pour les mains. Et ils pèsent sur les genoux écorchés et pressent les pauvres jambes couvertes de contusions pendant que les deux autres accomplissent le travail, beaucoup plus difficile, de clouer un pied sur l’autre, en cherchant à combiner ensemble les deux jointures des tarses.

Bien qu’ils s’appliquent à tenir les pieds immobiles à la cheville et aux doigts, contre le coin, le pied qui est dessous se déplace à cause de la vibration du clou, et ils doivent le déclouer presque parce qu’après être entré dans les parties molles, le clou, déjà épointé pour avoir traversé le pied droit, doit être amené un peu plus vers le milieu. Et ils frappent, frappent, frappent…On n’entend que le bruit atroce du marteau sur la tête du clou, car sur tout le Calvaire, ce ne sont que yeux et oreilles tendues, pour recueillir tout geste et tout bruit, en jouir…

Par-dessus le son âpre du fer, on entend la plainte sourde d’une colombe : le rauque gémissement de Marie, qui se courbe de plus en plus à chaque coup, comme si le marteau la blessait Elle, la Mère Martyre. Et on comprend qu’elle semble près d’être brisée par cette torture. La crucifixion est redoutable, égale à la flagellation pour la douleur, plus atroce à voir car on voit le clou disparaitre dans les chairs vivantes, mais, en compensation, elle est plus brève. Alors que la flagellation épuise par sa durée.

Pour moi, l’Agonie du Jardin, la Flagellation et la Crucifixion sont les moments les plus atroces. Elles me dévoilent toute la torture du Christ. La mort me soulage car je me dis : « C’est fini ! ». Mais elles ne sont pas la fin. Elles sont le commencement pour de nouvelles souffrances.

Maintenant la croix est tramée près du clou et elle rebondit sur le sol inégal, en secouant le pauvre Crucifié. On dresse la croix qui échappe par deux fois à ceux qui la lèvent et retombe une fois soudainement, et une autre fois sur le bras droit de la croix, en donnant un affreux tourment à Jésus, car la secousse qu’il subit déplace les membres blessés.

Mais quand ensuite on laisse tomber la croix dans son trou et, avant d’être immobilisée avec des pierres et de la terre, elle ondule en tous les sens en imprimant de continuels déplacements au pauvre Corps suspendu à trois clous, la souffrance doit être atroce. Tout le poids du corps se déplace en avant et vers le bas, et les trous s’élargissent, en particulier celui de la main gauche, et s’élargit le trou des pieds alors que le sang coule plus fort. Le sang des pieds coule le long des doigts par terre et le long du bois de la croix ; celui des mains suit les avant-bras, car ils sont plus hauts aux poignets qu’aux aisselles, par suite de la position, et il coule aussi le long des côtes en descendant de l’aisselle vers la taille. La couronne, quand la croix ondule avant d’être fixée, se déplace car la tête se rabat vers l’arrière, en enfonçant dans la nuque le gros nœud d’épines qui termine la couronne piquante, et puis revient se placer sur le front et griffe, griffe sans pitié. Finalement la croix est bien en place et il n’y a que le tourment d’y être suspendue.

On dresse aussi les larrons qui, une fois mis verticalement, crient comme si on les écorchait vifs à cause de la torture des cordes qui scient les poignets et rendent les mains noires, en gonflant les veines comme des cordes.

Jésus se tait. La foule ne se tait plus, au contraire, mais reprend son vacarme infernal.

Maintenant la cime du Golgotha a son trophée et sa garde d’honneur. A la limite la plus élevée la croix de Jésus, aux côtés les deux autres. Une demie centurie de soldats, l’arme au pied, tout autour du sommet ; à l’intérieur de ce cercle d’hommes armés, les dix cavaliers maintenant démontés qui jouent aux dés les vêtements des condamnés. Debout, entre la croix de Jésus et celle de droite, Longin. Il semble monter la garde d’honneur a Roi Martyr. L’autre demie centurie, au repos, est aux ordres de l’aide de camp de Longin sur le sentier de gauche et sur la place plus basse, en attendant d’être employée s’il en était besoin. De la part des soldats, c’est une indifférence à peu près totale. Seul quelqu’un lève parfois son visage vers les crucifiés.

Longin, au contraire, observe tout avec curiosité et intérêt, il confronte et juge mentalement. Il confronte les crucifiés, et le Christ spécialement, avec les spectateurs. Son œil pénétrant ne perd aucun détail et, pour mieux voir, de la main il protège ses yeux car le soleil doit le gêner.

C’est en fait un soleil étrange, d’un jaune rouge d’incendie. Et puis il semble que l’incendie s’éteigne tout à coup à cause d’un nuage noir comme de la poix qui surgit de derrière les chaînes juives et qui parcourt rapidement le ciel et va disparaître derrière d’autres montagnes. Et quand le soleil revient, il est si vif que l’œil ne le supporte que difficilement.

En regardant, il voit Marie juste au-dessous du talus, qui tient levé vers son Fils son visage déchiré. Il appelle un des soldats qui joue aux dés et lui dit : « Si la Mère veut monter avec le Fils qui l’accompagne, qu’elle vienne. Accompagne-la et aide-la ».

Et Marie avec Jean, que l’on croit son « fils », monte par un petit escalier creusé dans le tufeau, je crois, et franchit le cordon de soldats pour aller au pied de la croix, mais un peu à l’écart pour être vue et pour voir son Jésus. La foule lui déverse aussitôt les insultes les plus outrageantes, en la joignant dans les blasphèmes à son Fils. Mais elle, de ses lèvres tremblantes et blanches, cherche seulement à le réconforter, avec un sourire déchiré sur lequel viennent s’essuyer les larmes qu’aucune force de volonté ne réussit à retenir dans les yeux.

Le larron de gauche continue ses insultes du haut de sa croix. Il semble qu’il ait voulu rassembler tous les blasphèmes d’autrui et il les débite tous, en disant pour finir : « Sauve-Toi et sauve-nous, si tu veux que l’on te croie. Le Christ, Toi ? Tu es un fou ! Le monde appartient aux fourbes et Dieu n’existe pas. Moi j’existe.

Cela est vrai, et pour moi tout est permis. Dieu ? Fariboles ! Mises pour nous tenir tranquilles. Vive notre moi ! Lui seul est roi et Dieu ! »

L’autre larron, celui de droite, a Marie presque à ses pieds et il la regarde presque plus qu’il ne regarde le Christ. Depuis un moment, il pleure en murmurant : « La Mère » et il dit : « Tais-toi. Tu ne crains pas Dieu, même maintenant que tu souffres cette peine ? Pourquoi insultes-tu celui qui est bon ? Et son supplice est encore plus grand que le nôtre. Et il n’a rien fait de mal ».

Mais l’autre continue ses imprécations.

Jésus se tait. Haletant à cause de l’effort qui Lui impose sa position, à cause de la fièvre et de son état cardiaque et respiratoire, conséquence de la flagellation subie sous une forme aussi violente, et aussi de l’angoisse profonde qui Lui fait suer sang, il cherche à se procurer un soulagement, en allégeant le poids qui pèse sur ses pieds, en se suspendant à ses mains par la force des bras. Peut-être le fait-il pour vaincre un peu la crampe qui déjà tourmente ses pieds et que trahit un frémissement musculaire. Mais le même frémissement affecte les fibres des bras, qui sont forcés dans cette position et doivent être gelés à leurs extrémités parce que placés plus haut et délaissés par le sang, qui arrive difficilement aux poignets et puis coule par les trous des clous en laissant les doigts sans circulation. Surtout ceux de gauche sont déjà cadavériques et restent sans mouvement, repliés vers la paume. Même les doigts des pieds expriment leur tourment. En particulier les gros orteils, peut-être parce que leur nerf est moins blessé, se lèvent, s’abaissent, s’écartent.

Le tronc révèle toute sa peine avec son mouvement rapide mais sans profondeur, qui le fatigue sans le soulager. Les côtes, très larges et élevées d’elles-mêmes, car la structure de ce corps est parfaite, sont maintenant dilatées plus qu’il ne faut à cause de la position prise par le corps et de l’œdème pulmonaire qui s’est surement formé à l’intérieur. Et pourtant elles ne servent pas à alléger l’effort respiratoire d’autant plus que tout l’abdomen aide par son mouvement son diaphragme, qui se paralyse de plus en plus.

La congestion et l’asphyxie grandissent de minute en minute, comme l’indique la couleur cyanotique qui souligne les lèvres d’un rose allumé par la fièvre, et les étirements d’un rouge violet qui badigeonne le cou le long des veines jugulaires gonflées, et s’élargissent jusqu’aux joues, vers les oreilles et les tempes, alors que le nez est effilé et exsangue et que les yeux s’enfoncent en un cercle, qui est livide là où il est privé du sang que la couronne a fait couler.

Sous l’arc costal gauche on voit le coup propagé à partir de la pointe du cœur, irrégulier, mais violent, et de temps en temps, par l’effet d’une convulsion interne, le diaphragme a un frémissement profond qui se manifeste par une détente totale de la peau dans la mesure où elle peut s’étendre sur ce pauvre corps blessé et mourant.

Le visage a déjà l’aspect que nous voyons dans la photographie du Linceul, avec le nez dévié et gonflé d’un côté, et même le fait de tenir l’œil droit presque fermé, à cause de l’enflure qui existe de ce côté, augmente la ressemblance. La bouche, au contraire, est ouverte, avec sa blessure sur la lèvre supérieure désormais réduite à une croûte.

La soif, donnée par la perte de sang, par la fièvre et par le soleil, doit être intense, au point que Lui, par un mouvement machinal, boit les gouttes de sa sueur et de ses larmes, et aussi les gouttes de sang qui descendent du front jusqu’à ses moustaches et il s’en humecte la langue…

La couronne d’épines l’empêche de s’appuyer au tronc de la croix pour aider la suspension par les bras et soulager ses pieds. Les reins et toute l’épine dorsale se courbent vers l’extérieur en restant détachés du tronc de la croix à partir du bassin vers le haut, à cause de la force d’inertie qui fait pencher en avant un corps suspendu comme était le sien.

Les juifs, repoussés au-delà de la petite place, ne cessent pas leurs insultes et le larron impénitent leur fait écho.

L’autre, qui maintenant regarde la Mère avec une pitié toujours plus grande, et pleure, lui riposte âprement quand il se rend compte qu’elle aussi est comprise dans l’insulte. « Tais-toi ! Rappelle-toi que tu es né d’une femme. Et réfléchis que les nôtres ont pleuré à cause de leurs fils, et ce furent des larmes de honte…parce que nous sommes des criminels. Nos mères sont mortes…Je voudrais pouvoir lui demander pardon…Mais le pourra-je ? C’était une sainte…Je l’ai tuée par la douleur que je lui ai donnée…Je suis un pécheur…Qui me pardonne ? Mère, au nom de ton Fils mourant, prie pour moi ».

La Mère lève un moment son visage torturé et elle le regarde, ce malheureux qui a travers le souvenir de sa mère et la contemplation de la Mère va vers le repentir, et elle paraît le caresser de son regard de colombe.

Dismas pleure plus fort, ce qui déchaîne encore plus les moqueries de la foule et de son compagnon. La première crie : « Bravo ! Prends-la pour mère. Ainsi elle a deux fils criminels ! » Et l’autre renchérit : « Elle t’aime car tu es une copie mineure de son bienaimé ».

Jésus parle pour la première fois : « Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font ! ».

Cette prière vainc toute crainte chez Dismas. Il ose regarder le Christ et dit : « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton royaume. Pour moi, il est juste que je souffre ici. Mais donne-moi miséricorde et paix au-delà de la vie. Une fois, je t’ai entendu parler et, dans ma folie, j’ai repoussé ta parole. Maintenant, je m’en repens. De mes péchés, je me repens devant Toi, Fils du Très-Haut. Je crois que tu viens de Dieu. Je crois en ton pouvoir. Je crois en ta miséricorde. Christ, pardonne-moi au nom de ta Mère et de ton Père Très Saint ».

Jésus se tourne et le regarde avec une profonde pitié et il a un sourire encore très beau sur sa pauvre bouche torturée. Il dit : « Moi, je te le dis : aujourd’hui tu seras avec moi au Paradis ».

Le larron repenti se calme et, ne sachant plus les prières apprises pendant son enfance, il répète comme une oraison jaculatoire : « Jésus Nazaréen, roi des juifs, aie pitié de moi. Jésus Nazaréen, roi des juifs, j’espère en Toi. Jésus Nazaréen, roi des juifs, je crois à ta Divinité ».

L’autre persiste dans ses blasphèmes.

Le ciel devient toujours plus sombre. Maintenant, c’est difficilement que les nuages s’ouvrent pour laisser passer le soleil. Mais ils s’amoncellent en couches de plus en plus sombres, blanches, verdâtres, se surmontent, se démêlent selon les caprices d’un vent froid qui parcourt le ciel à intervalles et puis descend sur la terre et puis se tait de nouveau, et l’air est presque plus sinistre quand il se tait, étouffant et mort, que quand il siffle, coupant et rapide.

La lumière, d’abord vive outre mesure, est en train de devenir verdâtre. Les visages prennent des aspects bizarres. Les soldats, sous leurs casques et dans leurs cuirasses d’abord brillantes et devenues maintenant comme enveloppées dans une lumière verdâtre et sous un ciel de cendre, présentent des profils durs comme s’ils étaient sculptés. Les juifs, en majorité bruns de peau et de cheveux et de barbe, paraissent des noyés tant leurs visages deviennent terreux. Les femmes semblent des statues de neige bleutée à cause de leur pâleur exsangue que la lumière accentue.

Jésus semble devenir sinistrement livide, comme s’il commençait à se décomposer, comme s’il était déjà mort. La tête commence à retomber sur la poitrine. Ses forces lui manquent rapidement. Il tremble malgré la fièvre qui le brûle. Et dans sa faiblesse, il murmure le nom que d’abord il a seulement dit du fond du cœur : « Maman ! » « Maman ! ». Il le murmure doucement comme dans un soupir, comme s’il éprouvait déjà un léger délire qui l’empêche de retenir ce que sa volonté voudrait. Et Marie chaque fois ne peut s’empêcher de Lui tendre les bras comme pour le secourir. Les gens cruels rient de ce spasme du Mourant et de celle qui le partage.

Les prêtres et les scribes montent de nouveau par derrière les bergers, qui cependant sont sur la petite place basse. Comme les soldats voudraient les repousser, ils réagissent en disant : « N’y sont-ils pas des galiléens ? Nous devons y être nous aussi qui devons vérifier que justice soit faite complètement, et nous ne pouvons pas voir de loin dans cette lumière étrange ».

En fait, beaucoup commencent à s’impressionner de la lumière qui est en train d’envelopper le monde et certains ont peur. Les soldats aussi regardent le ciel et une sorte de cône, qui semble de l’ardoise tant il est sombre et qui s’élève comme un pin de derrière un sommet. Il semble que ce soit une trombe marine. Il s’élève, s’élève et il semble qu’il produise des nuages de plus en plus noirs, comme si c’était un volcan vomissant de la fumée et de la lave.

C’est dans cette lumière crépusculaire et effrayante que Jésus donne Jean à Marie et Marie à Jean. Il penche la tête car la Mère, pour mieux voir, s’est mise plus près sous la croix, et il lui dit : « Femme, voila ton fils. Fils, voila ta Mère ».

Marie a le visage encore plus bouleversé après cette parole qui est le testament de son Jésus, qui n’a rien à donner à sa Mère sinon un homme, Lui qui par amour de l’homme la prive de l’Homme-Dieu qui est né d’elle. Mais elle, la pauvre Mère, s’efforce de ne pleurer que silencieusement car elle ne peut pas, elle ne peut pas ne pas pleurer…Ses larmes coulent malgré les efforts qu’elle fait pour les retenir, bien que sa bouche ait son sourire déchirant qu’elle ixe sur ses lèvres pour Lui, pour le réconforter Lui…

Les souffrances ne cessent de grandir et la lumière ne cesse de décroître.

Les souffrances sont toujours plus fortes. Le corps éprouve les premières cambrures de la tétanie et chaque clameur de la foule les exaspère. La mort des fibres et des nerfs s’étend des extrémités torturées au tronc, rendant de plus en plus difficile le mouvement de la respiration, plus faible la contraction diaphragmatique et plus désordonné le mouvement cardiaque. Le visage du Christ passe alternativement d’une rougeur intense à la pâleur verdâtre de celui qui meurt par hémorragie. La bouche se meut avec une fatigue plus grande car les nerfs sur fatigués du cou et de la tête elle-même, qui des dizaines de fois ont servi de levier à tout le corps, en s’arc-boutant sur la barre transversale de la croix, propagent la crampe jusqu’aux mâchoires. La gorge, enflée par les carotides engorgées, doit faire mal et doit étendre son œdème à la langue qui paraît grossie et dont les mouvements sont très lents. La colonne vertébrale, même dans les moments où les contractions tétanisantes ne la courbent pas en un arc complet de la nuque aux hanches, appuyées comme points extrêmes au tronc de la croix, se courbe de plus en plus en avant, car les membres ne cessent de s’alourdir du poids de la chair morte.

Les gens voient ces choses peu et mal car la lumière est désormais couleur de cendre sombre et seuls peuvent bien voir ceux qui sont au pied de la croix.

Jésus à un certain moment s’affaisse tout entier vers l’avant et le bas, comme s’il était déjà mort, il n’halète plus, la tête pend inerte en avant. Le corps, depuis les hanches vers le haut, est complètement détaché en faisant un angle avec les bras de la croix.

Marie pousse un cri : « Il est mort ! ». Un cri tragique qui se propage dans l’air obscurci. Et Jésus semble réellement mort.

Un autre cri de femme lui répond, et dans le groupe des femmes, je vois un mouvement. Puis une dizaine de personnes s’éloignent en soutenant quelque chose, mais je ne puis voir qui s’éloigne ainsi. Elle est trop faible la lumière brumeuse. On dirait que l’on est plongé dans une nuée épaisse de cendres volcaniques.

« Ce n’est pas possible » crient des prêtres et des juifs. « C’est une feinte pour nous éloigner. Soldats, pique-le de ta lance. C’est un bon remède pour Lui rendre la voix ». Et comme les soldats ne le font pas, une volée de pierres et de mottes de terre volent vers la croix, frappant le Martyr et retombant sur les cuirasses romaines.

Le remède, comme disent ironiquement les juifs, opère le prodige. Certainement une pierre a frappé adroitement peut-être la blessure d’une main ou la tête elle-même, car ils visaient vers le haut. Jésus pousse un gémissement pitoyable et revient à Lui. Le thorax recommence à respirer avec beaucoup de peine et la tête à se tourner de droite à gauche en cherchant un endroit pour se poser afin de moins souffrir, sans trouver autre chose qu’une peine plus grande.

Avec une grande peine, en s’appuyant une fois encore sur ses pieds torturés, trouvant la force dans sa volonté, uniquement en elle, Jésus se raidit sur la croix, se dresse comme s’il était un homme sain dans toute sa force , il lève son visage en regardant avec des yeux bien ouverts le monde qui s’étend à ses pieds, la ville lointaine qu’on entrevoit à peine comme une vague blancheur dans la brume, et le ciel noir où tout azur et toute trace de lumière ont disparu. Et vers ce ciel fermé, compact, bas, semblable à une énorme plaque d’ardoise sombre, il pousse un grand cri, triomphant par la force de sa volonté, par le besoin de son âme, de l’obstacle des mâchoires raidies, de sa langue enflée, de sa gorge gonflée : « Eloi, Eloi, lamma scébacténi ! » (Je l’entends parler ainsi). Il doit se sentir mourir, et dans un abandon absolu du Ciel, pour reconnaître par un tel cri l’abandon paternel.

Les gens rient et se moquent. Ils l’insultent : « Dieu n’a que faire de Toi ! Les démons sont maudits de Dieu ! ».

D’autres crient : « Voyons si Elie qu’il appelle vient le sauver ».

Et d’autres : « Donnez-Lui un peu de vinaigre pour qu’il se gargarise la gorge, c’est bon pour la voix. Elie ou Dieu, car on ne sait pas ce que le fou, sont loin…Il faut de la voix pour se faire entendre ! ». Et ils rient comme des hyènes ou comme des démons.

Mais aucun soldat ne donne du vinaigre et personne ne vient du Ciel pour le réconforter. C’est l’agonie solitaire, totale, cruelle, même surnaturellement cruelle, de la Grande Victime.

Elles reviennent les avalanches de douleur désolée qui déjà l’avaient accablé au Gethsémani. Elle revient la marée des péchés du monde entier pour frapper le naufragé innocent, pour l’engloutir dans leur amertume. Elle revient surtout la sensation, plus crucifiante que la croix elle-même, plus désespérante que toute torture que Dieu l’a abandonné et que sa prière ne monte pas vers Lui…

Et c’est le tourment final. Celui qui accélère la mort car il exprime les dernières gouttes de sang des pores, parce qu’il écrase les dernières fibres du cœur, car il termine ce que la première connaissance de cet abandon a commencé : la mort. Car c’est de cela comme première cause qu’est mort mon Jésus, ô Dieu qui l’as frappé à cause de nous ! Après ton abandon, par l’effet de ton abandon, que devient une créature ? Ou un fou, ou un mort. Jésus ne pouvait pas devenir fou car son intelligence était divine et, spirituelle comme est l’intelligence, elle triomphait du traumatisme total de Celui que Dieu frappait. Il devint donc un mort : le Mort, le Très Saint Mort, le Mort absolument Innocent. Mort, Lui qui était la Vie, tué par ton abandon et par nos péchés.

L’obscurité devient encore plus épaisse. Jérusalem disparaît complètement. Les pentes du Calvaire lui-même semblent s’annuler. Seule la cime est visible, comme si les ténèbres la surélevaient pour recueillir l’unique et dernière lumière qui restait, en la plaçant comme pour une offrande avec son trophée divin, sur une nappe d’onyx liquide, pour qu’elle soit vue par l’amour et la haine.

Et de cette lumière qui n’est pas de la lumière vient la voix plaintive de Jésus : « J’ai soif ! ».

Il y a en effet un vent qui altère même ceux qui sont en bonne santé, un vent continu, maintenant, violent, chargé de poussière, froid, effrayant. Je pense à la douleur qu’il aura donné par son souffle violent aux poumons, au cœur, au gosier de Jésus, à ses membres glacés, engourdis, blessés. Mais vraiment, tout s’est mis à torturer le Martyr.

Un soldat va à un vase où les aides du bourreau ont mis du vinaigre avec du fiel parce que, par son amertume, il augmente la salivation chez les suppliciés. Il prend l’éponge plongée dans le liquide, l’enfile au bout d’un roseau fin et pourtant rigide qui est déjà préparé tout prêt et il présente l’éponge au Mourant. Jésus se tend avidement vers l’éponge qui approche. On dirait un enfant affamé qui cherche le sein maternel.

Marie qui voit et certainement a cette pensée, gémit, en s’appuyant sur Jean : « Oh ! Je ne puis même pas Lui donner une goutte de mes pleurs…oh ! Mon sein, pourquoi ne donnes-tu plus de lait ? Oh ! Dieu, pourquoi nous abandonnes-tu ainsi ? Un miracle pour mon Fils ! Qui me soulève pour que je le désaltère de mon sang, puisque je n’ai pas de lait ?... ».

Jésus qui a sucé avidement l’âpre et amère boisson, détourne la tête, dégoûté. Cette boisson doit en plus brûler les lèvres blessées et gercées.

Il se retire, s’affaisse, s’abandonne. Tout le poids du corps retombe sur les pieds et en avant. Ce sont les extrémités blessées qui souffrent la peine atroce de s’ouvrir sous le poids d’un corps qui s’abandonne. Plus un mouvement pour soulager cette douleur. Depuis le bassin jusqu’en haut, tout est détaché du bois et reste ainsi.

La tête pend en avant si pesamment que le cou paraît creusé en trois endroits : à la gorge, complètement enfoncée, et de part et d’autre du sterno cléido-mastoïdien. La respiration est de plus en plus haletante et entrecoupée. C’est déjà plus un râle syncopé qu’une respiration. De temps à autre, un accès de toux pénible apporte aux lèvres une écume légèrement rosée. Les intervalles entre deux expirations deviennent toujours plus longs. L’abdomen est déjà immobile. Seul le thorax se soulève encore mais avec beaucoup de difficulté et de peine…La paralysie pulmonaire s’accentue toujours plus.

Et toujours plus faible, se transformant en une plainte enfantine, l’appel : « Maman ! ». Et la malheureuse murmure : « Oui, mon Trésor, je suis ici ». Et quand la vue qui se voile Lui fait dire : « Maman, où es-tu ? Je ne te vois plus. Toi aussi tu m’abandonnes ? », ce n’est même plus une parole mais un murmure à peine audible pour qui recueille avec le cœur plutôt qu’avec l’ouïe tous les soupirs du Mourant. Elle dit : « Non, non, Fils ! Moi, je ne t’abandonne pas ! Ecoute-moi mon Aimé…Maman est ici, elle est ici…et son seul tourment est de ne pas pouvoir venir où tu es… ». C’est un déchirement…

Et Jean pleure sans retenue. Jésus doit entendre ses sanglots mais il ne dit rien. Je pense que la mort imminente le fait parler comme s’il délirait et il ne sait même pas ce qu’il dit et, malheureusement, ne comprend pas même le réconfort maternel et l’amour du Préféré.

Longin, qui a quitté son attitude de repos avec les mains croisées sur la poitrine et les jambes croisées, à cause de la longueur de l’attente, reposant tantôt un pied tantôt l’autre, et maintenant au contraire se raidit dans le garde-à-vous, la main gauche sur son épée, la main droite pendant le long de son côté comme s’il était sur les marches du trône impérial, ne veut pas s’émouvoir. Mais son visage s’altère dans l’effort qu’il fait pour vaincre l’émotion et ses yeux brillent d’une larme que seule retient sa discipline de fer.

Les autres soldats, qui jouaient aux dés, ont cessé, et se sont levés pour remettre les casques qui aveint servi pour agiter les dés, et se tiennent en groupe près du petit escalier creusé dans le tuffeau, silencieux, attentifs. Les autres sont de service et ne peuvent changer de position. On dirait des statues. Mais l’un des plus proches et qui entend les paroles de Marie, bougonne quelque chose entre ses lèvres et hoche la tête.

Un silence. Puis nette dans l’obscurité totale, la parole : « Tout est accompli ! », et ensuite c’est le halètement de plus en plus rauque avec, entre les râles, des intervalles de silence de plus en plus longs.

Le temps court sur ce rythme angoissé. La vie revient quand l’air est rompu par le halètement âpre du Mourant…La vie cesse quand ce son pénible ne s’entend plus. On souffre de l’entendre…on souffre de ne pas l’entendre…On dit : « C’est assez de souffrance ! » et on dit : « Oh ! Dieu ! Que ce ne soit pas son dernier soupir ! ».

Toutes les Marie pleurent, la tête contre le talus. Et on entend bien leurs sanglots car maintenant toute la foule se tait de nouveau pour recueillir les râles du mourant.

Encore un silence. Puis, prononcée avec une infinie douceur, dans une ardente prière : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ! ».

Encore un silence. Le râle devient aussi léger. Ce n’est plus qu’un souffle qui sort des lèvres et de la gorge.

Puis, voilà, le dernier spasme de Jésus. Une convulsion atroce, qui paraît vouloir arracher du bois le corps qui y est fixé par trois clous, monte par trois fois des pieds à la tête, court à travers tous les pauvres nerfs torturés ; elle soulève trois l’abdomen d’une manière anormale, puis le laisse après l’avoir dilaté comme par un bouleversement des viscères, et il retombe et se creuse comme s’il était vidé ; elle se lève, gonfle, resserre si fortement le thorax que la peau se creuse entre les côtes qui se tendent en apparaissant sous l’épiderme et rouvrant les blessures de la flagellation ; elle porte violemment en arrière une, deux, trois fois la tête qui frappe durement contre le bois ; elle contracte en un seul spasme tous les muscles du visage, en accentuant la déviation de la bouche à droite, elle fait ouvrir et dilater les paupières sous lesquelles on voir rouler le globe oculaire et apparaître la sclérotique. Le corps se tend tout entier ; dans la dernière des trois contractions, c’est un arc tendu, vibrant, terrible à voir, et puis un cri puissant, impensable en ce corps épuisé, se dégage, déchire l’air, le « grand cri » dont parlent les Evangiles et qui es la première partie du mot « Maman »…et plus rien…

La tête retombe sur la poitrine, le corps en avant, le frémissement cesse et cesse aussi la respiration. Il a expiré.

La Terre répond par un grondement effrayant au cri de Celui qu’on a tué. Il semble, que de milles trombes, des géants font sortir un son unique et, sur cet accord terrifiant, voici les notes isolées, déchirantes des éclairs qui sillonnent le ciel en tous sens, tombant sur la ville, sur le Temple, sur la foule…Je crois qu’il y aura eu des gens foudroyés car la foule est frappée directement. Les éclairs sont l’unique lumière irrégulière qui permette de voir. Et puis tout à coup, pendant que durent encore les décharges de la foudre, la terre s’ébranle en un tourbillon de vent cyclonique. Le tremblement de terre et la trombe d’air se fondent pour donner un châtiment apocalyptique aux blasphémateurs. Le sommet du Golgotha ondule et danse comme un plat dans la main d’un fou, dans les secousses sussultoires et ondulatoires qui secouent tellement les trois croix qu’il semble qu’elles doivent les renverser.

Longin, Jean, les soldats s’accrochent où ils peuvent, comme ils peuvent, pur ne pas tomber. Mais Jean, pendant qu’avec un bras, il se tient à la croix, avec l’autre soutient Marie qui, à cause de sa douleur et des secousses, s’abandonne sur son cœur. Les autres soldats, et surtout ceux du côté en pente, ont dû se réfugier au milieu pour ne pas être jetés en bas de la pente. Les larrons crient de terreur, la foule crie encore plus fort et voudrait s’enfuir mais elle ne le peut. Les gens tombent les uns sur les autres, s’écrasent, se précipitent dans les fentes du sol, se blessent, roulent le long de la pente, deviennent fous.

Par trois fois se répète le tremblement de terre et la trombe d’air et puis c’est l’immobilité absolue d’un monde mort. Seuls des éclairs mais sans tonnerre, sillonnent encore le ciel et éclairent la scène des juifs qui fuient dans tous les sens, les mains dans les cheveux, ou tendues en avant, ou levées vers le ciel, méprisé jusque là et dont maintenant ils ont peur. L’obscurité est tempérée par une lueur lumineuse qui, aidée par l’émission silencieuse et magnétique des éclairs, permet de voir que beaucoup restent sur le sol : morts ou évanouis, je ne sais. Une maison brûle à l’intérieur des murs et les flammes s’élèvent droites dans l’air immobile, mettant une nuance de rouge vif sur le vert cendre de l’atmosphère.

Marie lève sa tête de dessus la poitrine de Jean et regarde son Jésus. Elle l’appelle car elle le voit mal dans la faible lumière et avec ses pauvres yeux pleins de larmes. Trois fois, elle l’appelle : « Jésus ! Jésus ! Jésus ! ».C’est la première fois qu’elle l’appelle par son nom depuis qu’il est sur le Calvaire. Enfin dans un éclair qui fait une sorte de couronne sur la cime de Golgotha, elle le voit, immobile, tout penché en avant, avec la tête tellement inclinée en avant, et à droite, au point de toucher l’épaule avec la joue et les côtes avec le menton, et elle comprend. Elle tend ses mains qui tremblent dans l’air obscurci et crie : « Mon Fils ! Mon Fils ! Mon Fils ! ». Puis elle écoute…Elle a la bouche ouverte, elle semble vouloir écouter même avec elle, comme elle a les yeux dilatés pour voir, pour voir… Elle ne peut croire que son Jésus n’est plus…

Jean lui aussi a regardé et écouté et il a compris que tout est fini. De ses bras, il saisit Marie et cherche à l’éloigner en disant : « Il ne souffre plus ».

Mais avant que l’apôtre termine la phrase, Marie, qui a compris, se dégage, tourne sur elle-même, se penche vers le sol, porte les mains à ses yeux et crie : « Je n’ai plus de Fils ! ».

Et puis elle vacille et tomberait si Jean ne la recueillait toute sur son cœur, et puis il s’assoit par terre pour mieux la soutenir sur sa poitrine, jusqu’à ce que les Marie remplacent l’apôtre auprès de la Mère. Elles, en effet, ne sont plus retenues par le cercle supérieur des soldats car, maintenant que les juifs se sont enfuis, ils se sont rassemblés sur la petite place qui est au-dessous pour commenter l’évènement.

C’est alors que Longin s’approche de Jean et lui dit un mot que je ne comprends pas, puis il se fait donner une lance par un soldat. Il regarde les femmes qui s’occupent toutes de Marie qui reprend lentement ses forces. Elles tournent toutes le dos à la croix.

Longin se met en face du Crucifié, étudie bien le coup, et puis le donne. La large lance pénètre profondément de bas en haut, de droite à gauche.

Jean qui se débat entre le désir de voir et l’horreur de la vision, tourne la tête un instant.

« C’est fait, ami » dit Longin et il ajoute : « C’est mieux ainsi.

4EME MYSTERE DOULOUREUX : JESUS PORTE SA CROIX

Publié le 23/10/2013 à 22:29 par mammarosa
4EME MYSTERE DOULOUREUX : JESUS PORTE SA CROIX

LA MONTEE DE JESUS AU CALVAIRE

(Tiré du 9ème Volume de « L’Evangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA)

 

Arrivent les deux larrons encadrés chacun par une décurie de soldats. C’est l’heure de partir. Longin donne les derniers ordres.

Une centurie est disposée sur deux rangs distants de trois mètres l’un de l’autre et elle sort ainsi sur la place ou une autre centurie a formé un carré pour repousser la foule afin qu’elle ne gène pas le cortège. Sur la petite place se trouvent déjà des hommes à cheval : une décurie de cavalerie avec un jeune gradé qui les commande et avec les enseignes. Un soldat à pied tient par la bride le cheval moreau du centurion. Longin monte en selle et va à sa place à deux mètres en avant des onze cavaliers.

On apporte les croix : celles des deux larrons sont plus courtes. Celle de Jésus est beaucoup plus longue. Je dis que la pièce verticale n’a pas moins de quatre mètres.

Je la vois apportée déjà formée…c’est-à-dire il y a des années, que la croix fut formée en haut du Golgotha et que le long du chemin, les condamnés portaient seulement les deux poteaux sur leurs épaules.

C’est possible mais moi, je vois une vraie croix bien formée, solide, avec les bras parfaitement encastrés dans la pièce principale et bien renforcée par des clous et des boulons. En fait, si on réfléchit qu’elle était destinée à soutenir le poids appréciable qu’est le corps d’un adulte et à le soutenir même dans les convulsions finales, appréciables aussi, on comprend qu’elle ne pouvait être montée sur le sommet étroit et incommode du Calvaire.

Avant de donner la croix à Jésus, on Lui au cou l’écriteau avec la mention « Jésus le Nazaréen, Roi des Juifs ». La corde qui le soutient s’emmêle dans la couronne qui se déplace et griffe là où il n’y a pas déjà de griffures et pénètre en de nouveaux points en donnant une douleur nouvelle et en faisant de nouveau couler du sang. Les gens rient d’une joie sadique, insultent, blasphèment.

Maintenant, ils sont prêts, et Longin donne l’ordre de marche : « D’abord le Nazaréen, derrière les deux larrons ; une décurie autour de chacun, les sept autres décuries sur les ailes et comme renfort, et le soldat qui fait frapper à mort les condamnés sera responsable ».

Jésus descend les trois marches qui amènent au vestibule sur la place. Et il apparaît tout de suite avec évidence que Jésus est dans des conditions de grande faiblesse. Il vacille en descendant les trois marches, gêné par la croix qui repose sur son épaule toute écorchée, par l’écriteau qui se déplace devant Lui et dont la corde scie le cou, par les balancements qu’imprime au corps la longue pièce de la croix qui saute sur les marches et sur les aspérités du sol.

Les juifs rient de le voir comme un homme ivre qui tâtonne et ils crient aux soldats : « Poussez-le. Faites-le tomber. Dans la poussière le blasphémateur ! » Mais les soldats font seulement ce qu’ils doivent faire, c’est-à-dire ordonnent au Condamné de se mettre au milieu du chemin et de marcher.

Longin éperonne son cheval et le cortège se met lentement en mouvement. Longin voudrait aussi faire vite en prenant le chemin le plus court pour aller au Golgotha car il n’est pas sûr de la résistance du Condamné. Mais la pègre décharnée, et l’appeler ainsi, c’est encore un honneur, ne veut pas de cela. Ceux qui ont été les plus rusés sont déjà en avant, au carrefour où la route bifurque pour aller d’un côté vers les murs, de l’autre vers la ville. Ils s’agitent, crient quand ils voient Longin prendre la direction des murs. « Tu ne dois pas ! Tu ne dois pas ! C’est illégal ! La Loi dit que les condamnés doivent être vus par la ville où ils ont péché ! ». Les juifs, qui sont à la queue du cortège, comprennent que par devant, on essaie de les frustrer d’un droit et ils unissent leurs cris à ceux de leurs collègues.

Par amour de la paix, Longin prend la route qui va vers la ville et en parcourt un tronçon. Mais il fait signe aussi à un décurion de venir près de lui (je dis décurion parce que c’est un gradé mais c’est peut-être quelqu’un que nous appellerions son officier d’ordonnance) et il lui dit doucement quelque chose. Celui-ci revient en arrière au trot, et à mesure qu’il rejoint le chef de chaque décurie, il transmet l’ordre. Ensuite il revient vers Longin pour dire que c’est fait. Enfin, il rejoint sa place primitive dans le rang derrière Longin.

Jésus avance haletant. Chaque trou de la route est un piège pour son pied qui vacille et une torture pour ses épaules écorchées, pour sa tête couronnée d’épines sur laquelle descend à pic un soleil excessivement chaud qui de temps à autre se cache derrière un rideau de nuages de plomb, mais qui, même caché, ne cesse pas de brûler. Jésus est congestionné par la fatigue, par la fièvre et par la chaleur. Je pense que même la lumière et les cris doivent le tourmenter. Et s’il ne peut se boucher les oreilles pour ne pas entendre ces cris déchainés, il ferme à demi les yeux pour ne voir la route éblouissante de soleil…Mais il doit aussi les rouvrir parce qu’il bute contre les pierres et contre les trous et chaque fois qu’il bute, c’est une douleur car il remue brusquement la croix qui heurte la couronne, qui se déplace sur l’épaule écorchée, élargit la plaie et augmente la douleur.

Les juifs ne peuvent plus le frapper directement ; mais il arrive encore quelques pierres et quelques coups de bâtons, les premières spécialement dans les petites places remplies par la foule, les seconds au contraire dans les tournants, dans les petites rues où l’on monte et descend des marches, tantôt une, tantôt trois, tantôt davantage à cause des dénivellations continuelles de la ville. Là, nécessairement, le cortège ralentit et il y a toujours quelque volontaire qui défie les lances romaines pour donner un nouveau coup au chef d’œuvre de torture qu’est désormais Jésus.

Les soldats le défendent comme ils peuvent. Mais même en le défendant, ils le frappent parce que les longs manches des lances, brandies en aussi peu d’espace, le heurtent et le font buter. Mais, arrivés à un certain point, les soldats font une manœuvre impeccable et, malgré les cris et les menaces, le cortège dévie brusquement par un chemin qui va directement vers les murs, en descendant, un chemin qui abrège beaucoup la route vers le lieu du supplice.

Jésus halète toujours plus. La sueur coule sur son visage en même temps que le sang qui coule des blessures de la couronne d’épines. La poussière se colle sur ce visage trempé et le macule de tâches étranges car il y a aussi du vent maintenant. Des coups de vent syncopés à longs intervalles où retombe la poussière que la foule a élevée en tourbillons, qui amènent des détritus dans les yeux et dans la gorge.

A la Porte Judiciaire sont déjà entassés quantité de gens, ceux qui, prévoyants, se sont choisis de bonne heure une bonne place pour voir. Mais un peu avant d’arriver, Jésus a déjà failli tomber. Seule la prompte intervention d’un soldat, sur lequel Lui va presque tomber, empêche Jésus d’aller par terre. La populace rit et crie : « Laissez-le ! Il disait à tous : « Levez-vous ». Qu’il se lève, Lui, maintenant… »

Au-delà de la Porte, il y a un torrent et un petit pont. Nouvelle fatigue pour Jésus d’aller sur ces planches disjointes sur lesquelles rebondit plus fortement le long bois de la croix. Et nouvelle mine de projectiles pour les juifs. Les pierres du torrent volent et frappent le pauvre Martyr…

Alors commence la montée du Calvaire.  Un chemin nu, sans un brin d’ombre, avec des pierres disjointes, qui attaque directement la montée.

Jésus éprouve donc une douleur aigue dans la montée et avec le poids de la croix qui, longue comme elle est, doit être très lourde. Il trouve une pierre qui dépasse et, épuisé comme il est, il lève trop peu le pied, il bute et tombe sur le genou droit réussissant pourtant à se relever à l’aide de la main gauche. La foule pousse des cris de joie…

Il se relève, il avance de plus en plus courbé et haletant, congestionné, fiévreux…L’écriteau, qui cahote devant Lui, Lui gêne la vue et son long vêtement, maintenant qu’il avance courbé, trame par terre par devant et gêne sa marche. Il bute de nouveau et tombe sur les deux genoux, en se blessant de nouveau là où il est déjà blessé, et la croix qui échappe de ses mains et tombe après Lui avoir frappé fortement le dos, l’oblige à se pencher pour la relever et à peiner pour la mettre de nouveau sur ses épaules. Pendant qu’il le fait, on voit nettement sur son épaule droite la plaie faite par le frottement de la croix, qui a ouvert les plaies nombreuses de la flagellation et en a fait une seule qui transsude de l’eau et du sang, de sorte que la tunique est toute tachée à cet endroit. Les gens applaudissent même, heureux de le voir si mal en point.

Longin incite à se hâter et les soldats, à coup de plat de dague, invitent le pauvre Jésus à avancer. On reprend la marche avec une lenteur de plus en plus grande malgré tous les efforts. Jésus semble tout à fait ivre tant sa marche est chancelante et il heurte tantôt l’un tantôt l’autre des deux rangs de soldats, occupant toute la route. Les gens le remarquent et crient : «  Sa doctrine Lui est montée à la tête. Vois, vois comme il titube ! » Et d’autres, qui ne sont pas du peuple mais des prêtres et des scribes, ricanent : « Non ! Ce sont les festins dans la maison de Lazare qui encore Lui montent à l tête. Ils étaient bons ? Maintenant mange notre nourriture… » Et d’autres phrases semblables.

Longin, qui se tourne de temps en temps, a pitié et commande une halte de quelques minutes. Et il est tellement insulté par la populace que le centurion ordonne aux troupes de charger. Et la foule lâche, devant les lances qui brillent et menacent, s’éloigne en criant et en descendant ça et là sur la montagne.

C’est ici que je revois sortir de derrière des décombres, peut-être de quelque muret éboulé, le petit groupe des bergers. Désolés, bouleversés, poussiéreux, déchirés, ils appellent à eux le Maître par la force de leurs regards. Et Lui tourne la tête, les voit…Il les fixe comme si c’était des visages d’anges, paraît se désaltérer et se fortifier de leurs pleurs, et il sourit…On redonne l’ordre d’avancer et Jésus passe juste devant eux et entend leurs pleurs angoissés. Il tourne avec difficulté la tête de sous le joug de la croix et leur sourit de nouveau…Ses réconforts…Dix visages…une halte sous le soleil brûlant…

Et puis, tout de suite, la douleur de la troisième chute complète. Et cette fois, ce n’est pas qu’il bute. Mais il tombe par un soudain fléchissement de ses forces, par une syncope. Il s’allonge en se frappant le visage sur les pierres disjointes, restant dans la poussière, sous la croix retombée sur lui. Les soldats essaient de le relever. Mais comme il paraît mort, ils vont le rapporter au centurion. Pendant qu’ils vont et viennent, Jésus revient à Lui, et lentement, avec l’aide de deux soldats dont l’un relève la croix et l’autre aide le Condamné à se mettre debout, il reprend sa place. Mais il est vraiment épuisé.

« Arrangez-vous pour qu’il ne meurt que sur la croix ! » crie la foule.

« Si vous le faites mourir avant, vous en répondrez au Proconsul, souvenez-vous en. Le coupable doit arriver vivant au supplice » disent les chefs des scribes aux soldats.

Ceux-ci les foudroient de leurs regards féroces mais, par discipline, ne parlent pas.

Longin, cependant, a la même peur que les juifs que le Christ meure en route et il ne veut pas avoir d’ennuis. Sans avoir besoin que quelqu’un le lui rappelle, il sait quel est son devoir de préposé à l’exécution et il y pourvoit. Il y pourvoit en désorientant les juifs, qui sont déjà accourus en avant par la route qu’ils ont rejointe de tous les côtés de la montagne en suant, en se griffant pour passer à travers les buissons rares et épineux du mont aride et brûlé, en tombant sur les détritus qui l’encombrent comme si c’était un lieu de déblai pour Jérusalem, sans sentir d’autre peine que celle de perdre un halètement du Martyr, un de ses regard douloureux, un geste même involontaire de souffrance, et sans d’autre peur que celle de ne pas arriver à avoir une bonne place. Longin donne donc l’ordre de prendre le chemin le plus long qui monte en lacets au sommet et qui pour cela est beaucoup moins rapide.

Il semble que ce soit un sentier qui, à force d’être parcouru, soit devenu un chemin suffisamment pratique. Ce croisement de chemin avec l’autre arrive environ à moitié de la montagne. Mais je vois que plus haut, par quatre fois, la route directe se trouve coupée par celle qui monte avec beaucoup moins de pente et qui, par compensation, est beaucoup plus longue. Et sur cette route, il y a des gens qui montent mais qui ne participent pas à l’indigne chahut des obsédés qui suivent Jésus pour jouir de ses tourments : des femmes pour la plupart, en pleurs et voilées, et quelques petits groupes d’hommes très peu nombreux en vérité qui, plus en avant de beaucoup que les femmes, vont disparaître à la vue quand, en continuant, le chemin fait le tour de la montagne.

Ici le Calvaire a une sorte de pointe faite en museau d’un côté alors que de l’autre elle tombe à pic. Les hommes disparaissent derrière la pointe rocheuse et je les perds de vue.

Les gens qui suivaient Jésus hurlent de rage. C’était plus beau, pour eux, de le voir tomber. Avec des imprécations obscènes au Condamné et à ceux qui le conduisent, ils se mettent en partie à suivre le cortège judiciaire et en partie montent presque en courant par la route rapide pour se dédommager de leur déception par une excellente place sur le sommet.

Les femmes, qui s’avancent en pleurant, se retournent en entendant les cris et voient que le cortège tourne de ce côté. Elles s’arrêtent alors en s’adossant au mont, craignant d’être jetées en bas par les juifs violents. Elles abaissent encore plus leurs voiles sur leurs visages et il y en a qui sont complètement voilées comme des musulmanes, ne laissant libres que ses yeux très noirs. Elles sont vêtues très richement et ont pour les défendre un vieil homme robuste dont, enveloppé dans son manteau comme il est, je ne distingue pas le visage. Je ne vois que sa longue barbe plutôt blanche que noire qui sort de son manteau foncé.

Quand Jésus arrive à leur hauteur, elles sanglotent plus fort et se courbent en profondes salutations. Puis elles s’avancent résolument. Les soldats voudraient les repousser avec leurs lances, mais celle qui est couverte comme une musulmane écarte un instant son voile devant le porte-étendard arrivé à cheval pour voir ce que c’est que ce nouvel obstacle, et il donne l’ordre de la faire passer. Je ne puis voir son visage ni son vêtement, car elle a déplacé son voile avec la rapidité d’un éclair et son habit est complètement caché par un manteau qui arrive jusqu’à terre, lourd, fermé complètement par une série de boucles. La main, qui pour un instant sort de dessous pour déplacer le voile, est blanche et belle, et c’est avec ses yeux noirs l’unique chose que l’on voit de cette grande matrone, certainement influente puisque l’officier de Longin lui obéit ainsi.

Elles s’approchent de Jésus en pleurant et s’agenouillent à ses pieds pendant que Lui s’arrête haletant…et pourtant il sait encore sourire à ces pieuses femmes et à l’homme qui les escorte qui se découvre pour montrer qu’il est Jonathas. Mais celui-ci, les gardes ne le font pas passer, seulement les femmes.

L’une d’elles est Jeanne de Chouza. Elle est plus défaite que quand elle était mourante. De rouge, elle n’a que les traces de ses pleurs et puis c’est tout un visage de neige avec ses doux yeux noirs qui, ainsi brouillés comme ils le sont, sont devenus d’un violet foncé comme certaines fleurs. Elle a dans les mains une amphore d’argent et l’offre à Jésus, mais Lui refuse. D’ailleurs son essoufflement est si grand qu’il ne pourrait même pas boire. De la main gauche, il essuie la sueur et le sang qui Lui tombe dans les yeux, qui, coulant le long de ses joues rouges et de son cou par les veines gonflées dans le battement essoufflé du cœur, trempe tout son vêtement sur la poitrine.

Une autre femme, qui a près d’elle une jeune servante avec un coffret dans les bras, l’ouvre, en tire un linge de lin très blanc, carré, et l’offre au Rédempteur. Il l’accepte et comme il ne peut avec une seule main le faire par Lui-même, la femme pleine de pitié l’aide, en faisant attention de ne pas heurter la couronne, à le poser sur son visage. Jésus presse le linge frai sur son pauvre visage et l’y tient comme s’il trouvait un grand réconfort. Puis il rend le linge et parle : « Merci Jeanne, merci Nique…Sara…Marcella…Elise…Lidia…Valeria…et toi…Mais…ne pleurez pas…sur Moi…filles de… Jérusalem…mais sur les péchés…les vôtres et ceux…de votre ville…Bénis…Jeanne…de n’avoir…plus d’enfant…Vois…c’est une pitié de Dieu…de ne pas…de ne pas avoir d’enfants…car…ils souffrent de…cela. Et toi aussi…Elisabeth…Mieux…comme cela a été…que parmi les déicides…Et vous…mères…pleurez sur…vos fils, car…cette heure ne passera pas…sans châtiment…Et quel châtiment, s’il en est ainsi pour…l’innocent…Vous pleurerez alors…d’avoir conçu…allaité et …d’avoir encore…vos fils…Les mères…de ce moment-là…pleureront parce que…en vérité, je vous le dis…qu’il sera heureux…celui qui alors…tombera…sous les décombres…le premier. Je vous bénis…Allez…à la maison…priez…pour Moi. Adieu, Jonathas…éloigne-les… »

Et au milieu d’un cri aigu de pleurs féminins et d’imprécations juives, Jésus se remet en marche.

Jésus est de nouveau trempé de sueur. Les soldats aussi suent et les deux autres condamnés, car le soleil de ce jour d’orage est brûlant comme la flamme et le flanc de la montagne devenu brûlant lui aussi s’ajoute à la chaleur du soleil. Que devait être l’effet de ce soleil sur le vêtement de laine de Jésus, en contact avec les blessures des fouets, il est facile de l’imaginer et d’en être horrifié…Mais Lui ne profère pas une plainte. Seulement, bien que la route soit beaucoup moins rapide et n’ait pas ces pierres disjointes, si dangereuses pour son pied qui trame maintenant, Jésus titube toujours plus fort, allant heurter un rang de soldats puis le rang opposé, et fléchissant de plus en plus vers la terre.

Ils pensent supprimer cet inconvénient en Lui passant une corde à la taille et en la tenant par les deux bouts comme si c’était des rênes. Oui, cela le soutient, mais ne Lui enlève pas son fardeau. Au contraire, la corde, en heurtant la croix, la déplace continuellement sur l’épaule et ainsi elle frappe la couronne qui désormais a fait du front de Jésus un tatouage sanglant. De plus, la corde frotte la taille où se trouvent tant de blessures et certainement doit les ouvrir de nouveau. Aussi la tunique blanche se colore à la taille d’un rose pâle. Pour l’aider, ils le font souffrir plus encore.

Le chemin continue, il fait le tour de la montagne, revient presque en avant vers la route rapide. Là se trouve Marie avec Jean. Je dirais que Jean l’a amenée en cet endroit ombragé, derrière la pente de la montagne, pour qu’elle se refasse un peu. C’est l’endroit le plus escarpé de la montagne. Il n’y a que ce chemin qui la côtoie. Au-dessous la côte descend rapidement et au-dessus la pente est aussi forte. A cause de cela, les cruels la négligent. Là, il y a de l’ombre, car je dirais que c’est le septentrion, et Marie, adossée comme elle l’est à la montagne, est à l’abri du soleil. Elle se tient debout appuyée au flanc de la montagne mais elle est déjà épuisée. Elle aussi halète, pâle comme une morte dans son vêtement bleu très foncé, presque noir. Jean la regarde avec une pitié désolée. Lui aussi a perdu toute trace de couleur et il est terreux avec deux yeux las et écarquillés, dépeigné, les joues creuses comme s’il avait été malade.

Les autres femmes : Marie et Marthe de Lazare, Marie d’Alphée et de Zébédée, Suzanne de Cana, la maîtresse de la maison et d’autres encore que je ne connais pas, sont au milieu du chemin et elles regardent si le Sauveur arrive. Ayant vu que Longin arrive, elles accourent près de Marie pour lui donner la nouvelle. Marie, soutenue par le coude par Jean, se détache, majestueuse dans sa douleur, de la côte du mont et se met résolument au milieu du chemin, en ne s’écartant qu’à l’arrivée de Longin qui, du haut de son cheval, regarde la femme pâle et celui qui l’accompagne, blond, pâle, aux doux yeux de ciel comme elle. Et Longin hoche la tête pendant qu’il la dépasse suivi des onze cavaliers.

Marie essaie de passer entre les soldats à pied mais ceux-ci, qui ont chaud et sont pressés, cherchent à la repousser avec leurs lances, d’autant plus que du chemin pavé volent des pierres pour protester contre tant de pitié. Ce sont les juifs qui lancent encore des imprécations à cause de l’arrêt causé par les pieuses femmes et disent : « Vite ! Demain c’est Pâque. Il faut tout finir avant le soir ! Complices, qui méprisez notre Loi ! Oppresseurs ! A mort les envahisseurs et leur Christ ! Ils l’aiment ! Voyez comme ils l’aiment ! Mais prenez-le ! Mettez-le dans votre Rome maudite ! Nous vous le cédons ! Nous n’en voulons pas ! Les charognes aux charognes ! La lèpre aux lépreux ! »

Longin se lasse et éperonne son cheval, suivi des dix lanciers, contre la canaille qui l’insulte et qui fuit une seconde fois. C’est en le faisant qu’il voit une charrette arrêtée, montée certainement des cultures maraîchères qui sont au pied de la montagne, et qui attend avec son chargement de salades que la foule soit passée pour descendre vers la ville. Je pense qu’un peu de curiosité chez le Cyrénéen et ses fils l’ont fait monter jusque là, car il n’était pas vraiment nécessaire pour lui de le faire. Les deux fils, allongés sur le tas de légumes, regardent et rient après les juifs en fuite. L’homme, de son côté, un homme robuste sur les quarante-cinquante ans, debout près de l’âne qui effrayé veut reculer, regarde attentivement vers le cortège.

Longin le dévisage. Il pense qu’il peut lui être utile et lui ordonne : « Homme, viens ici ». Le Cyrénéen fait semblant de ne pas entendre mais avec Longin, on ne plaisante pas. Il répète l’ordre de telle façon que l’homme jette les rênes à un de ses fils et s’approche du centurion.

« Tu vois cet homme ? lui demande t-il. Et en parlant ainsi, il se retourne pour indiquer Jésus et il voit à son tour Marie qui supplie les soldats de la laisser passer. Il en a pitié et crie : « Faites passer la femme ». Puis il reprend à parler au Cyrénéen : « Il ne peut plus avancer ainsi chargé. Tu es fort. Prends sa croix et porte la à sa place jusqu’à la cime ».

« Je ne peux pas…J’ai l’âne…il est rétif…les garçons ne savent pas le retenir ».

Mais Longin lui dit : « Va, si tu ne veux pas perdre l’âne et gagner vingt coups comme punition ».

Le Cyrénéen n’ose plus réagir. Il crie aux garçons : « Allez vite à la maison et dites que j’arrive tout de suite », et puis il va vers Jésus.

Il le rejoint juste au moment où Jésus se tourne vers sa Mère que seulement alors il voit venir vers Lui, car il avance si courbé et les yeux presque fermés comme s’il était aveugle, et il crie : « Maman ! ».

C’est la première parole depuis qu’il est torturé, qui exprime sa souffrance. Car dans cette parole il y a la confession de tout et de toute sa terrible douleur de l’esprit, du moral et de la chair. C’est le cri déchiré et déchirant d’un enfant qui meurt seul, parmi les argousins et au milieu des pires tortures…et qui arrive à avoir peur même de sa propre respiration. C’est la plainte d’un enfant qui délire et que déchirent des visions de cauchemar…Et il veut la mère, la mère parce que seul son frais baiser calme l’ardeur de la fièvre, que sa voix fait fuir les fantômes, que son embrassement rend la mort moins effrayante…

Marie porte la main à son cœur comme si elle avait reçu un coup de poignard et vacille légèrement, mais elle se reprend, hâte sa marche et, en allant, les bras tendus vers son Fils martyrisé, elle crie : « Fils ! ». Mais elle le dit d’une telle manière que qui n’a pas un cœur d’hyène le sent se fendre par cette douleur.

Je vois que même parmi les romains il y a un mouvement de pitié…et pourtant ce sont des hommes d’armes habitués aux tueries, marqués de cicatrices…Mais la parole « Maman ! » et « Fils ! » sont toujours les mêmes et pour tous ceux qui, je le répète, ne sont pas pires que des hyènes, et sont dites et comprises partout, et soulèvent partout des flots de pitié…

Le Cyrénéen a cette pitié…IL voit que Marie ne peut embrasser son Fils à cause de la croix, et qu’après avoir tendu les mains, elle les laisse retomber, persuadée de ne pouvoir le faire. Elle le regarde seulement, essayant de sourire de son sourire martyr, pour le réconforter alors que ses lèvres tremblantes boivent ses larmes. Lui, tordant la tête de sous le joug de la croix, cherche à son tour à lui sourire et à lui envoyer un baiser avec ses pauvres lèvres blessées et fendues par les coups et la fièvre. Le Cyrénéen, à ce spectacle, se hâte d’enlever la croix et il le fait avec la délicatesse d’un père, pour ne pas heurter la couronne et ne pas frotter les plaies. Mais Marie ne peut baiser son Fils…L’attouchement, même le plus léger, serait une torture sur les chairs déchirés, et Marie s’en abstient. Et puis…les sentiments les plus saints ont une pudeur profonde et ils veulent le respect ou, du moins, la compassion. Ici, c’est la curiosité et surtout le mépris. Se baisent seulement leurs deux âmes angoissées.

Le cortège se remet en marche sous la poussée des flots d’un peuple furieux qui les presse, les sépare, en repoussant la Mère contre la montagne, l’exposant au mépris de tout un peuple…

Maintenant, derrière Jésus, marche le Cyrénéen avec la croix. Et Jésus, libéré de ce fardeau, marche mieux. Il halète fortement, portant souvent la main à son cœur comme s’il avait une grande douleur, une blessure à la région sterno-cardiaque, et maintenant qu’il le peut, n’ayant plus les mains liées, il repousse les cheveux tombés en avant, tout gluants de sang et de sueur, jusque derrière les oreilles, pour sentir l’air sur son visage congestionné, il délace le cordon du cou qui le fait souffrir quand il respire…Mais sa marche est plus facile.

Marie s’est retirée avec les femmes. Elle suit le cortège une fois qu’il est passé, et ensuite, par un raccourci, elle se dirige vers le sommet de la montagne défiant les imprécations de la plèbe cannibale.

Maintenant que Jésus est libre, le dernier lacet de la montagne est assez vite parcouru et ils sont proches de la cime toute remplie d’un peuple qui pousse des cris.

Longin s’arrête et il ordonne que tous, inexorablement, soient repoussés plus bas, pour dégager la cime, lieu de l’exécution. Une moitié de la centurie exécute l’ordre en accourant sur place et en repoussant sans pitié tous ceux qui s’y trouvent, en se servant pour cela de leurs dagues et de leurs lances. Sous la grêle des coups de plat et des bâtons, les juifs de la cime s’enfuient. Et ils voudraient se placer sur l’esplanade qui est au-dessous. Mais ceux qui y sont déjà ne cèdent pas et parmi ces gens s’allument des rixes féroces. Ils semblent tous fous.

Les soldats, qui ont repoussé la foule de la cime, apaisent, à coups persuasifs de lances, les rixes et dégagent le chemin pour que le cortège puisse passer sans encombre dans le bout de chemin qui reste, et ils restent là à faire la haie pendant que les trois condamnés, encadrés par les cavaliers et protégés en arrière par l’autre demi-centurie, arrivent au point où ils doivent d’arrêter : au pied du plancher naturel, surélevé qui forme la cime du Golgotha.

Pendant que les hommes préposés à l’exécution préparent leurs instruments en achevant de vider les trous, et que les condamnés attendent dans leur carré, les juifs réfugiés dans le coin opposé aux Marie les insultent. Ils insultent même la Mère : « A mort les Galiléens ! A mort ! Galiléens ! Galiléens ! Maudits ! A mort le blasphémateur galiléen ! Clouez sur la croix même le sein qui l’a porté ! Loin d’ici les vipères qui enfantent les démons ! A mort ! Purifiez Israël des femmes qui s’allient au bouc !... ».

Longin, qui est descendu de cheval, se tourne et voit la Mère…Il ordonne de faire cesser ce chahut…La demi-centurie, qui était derrière les condamnés, charge la racaille et désencombre complètement la seconde petite place, alors que les juifs s’échappent à travers la montagne en s’écrasant les uns des autres. Les onze cavaliers descendent aussi de cheval et l’un d’eux prend les onze chevaux en plus de celui du centurion et les mène à l’ombre, derrière la côte de la montagne.

Le centurion se dirige vers la cime. Jeanne de Chouza s’avance, l’arrête. Elle lui donne l’amphore et une bourse, et puis se retire en pleurant, pour aller vers le coin de la montagne avec les autres.

Là-haut, tout est prêt. On fait monter les condamnés. Jésus passe encore une fois près de la Mère qui pousse un gémissement qu’elle cherche à freiner en portant son manteau sur la bouche.

Les juifs la voient et rient et se moquent d’elle. Jean, le doux Jean, qui a un bras derrière les épaules de Marie pour la soutenir, se retourne avec un regard féroce, son œil en est phosphorescent. S’il ne devait pas protéger les femmes, je crois qu’il prendrait à la gorge quelqu’un de ces lâches.

A peine les condamnés sont-ils sur le plateau fatal que les soldats entourent la place de trois côtés. Il ne reste vide que celui qui surplombe.

Le centurion donne au Cyrénéen l’ordre de s’en aller et il s’en va de mauvaise grâce cette fois et je ne dirais pas par sadisme mais par amour, si bien qu’il s’arrête près des galiléens en partageant avec eux les insultes que la foule prodigue au petit nombre de fidèles au Christ.

Les deux larrons jettent par terre leurs croix en blasphémant. Jésus se tait.

Le chemin douloureux est terminé.

 

(Tiré des Cahiers, 8 décembre 1943)

Marie dit :

« Quand dans la fureur du Vendredi Saint je me rencontrai avec mon Fils à un carrefour qui menait au Golgotha, aucun mot ne sortit de nos lèvres hors de : « Maman ! », « Fils ! ».

Autour de nous étaient le Blasphème, la Féroce, la Dérision et la Curiosité. Inutile, devant ces quatre furies, exposer le cœur avec ses palpitations plus saintes. Elles se seraient précipitées sur lui pour le blesser encore plus, parce que quand l’homme atteint la perfection du mal, il est capable non seulement de la perfection du crime vers les corps mais aussi vers la pensée et le sentiment de son prochain.

Nous nous regardâmes, Jésus, qui avait déjà parlé aux femmes miséricordieuses les encourageant à pleurer sur les péchés du monde, ne me regarda que fixement, à travers le voile de la sueur, des larmes, de la poussière, du sang, qui faisaient une croûte sur ses paupières.

Il savait que je priais pour le monde et que j’aurais voulu plier le Ciel à son secours soulageant non son supplice, parce que celui-ci devait être accompli par décret éternel, mais sa durée. J’aurais voulu le plier au prix de mon martyr de toute la vie. Mais je ne pouvais pas. C’était l’heure de la Justice.

Il savait que je l’aimais comme jamais. Et je savais qu’il m’aimait et que plus que le voile de la Véronique miséricordieuse et de tout autre secours, son soulagement serait l’embrassement de sa Maman. Mais cette torture aussi était nécessaire pour réparer les fautes du manque d’amour.

Nos regards se rencontrèrent, se réunirent, se divisèrent déchirant nos cœurs. Puis la foule emporta et poussa la Victime vers son autel et la cacha à l’autre victime qui était déjà sur l’autel du sacrifice et qui était moi-même, Mère Douloureuse. 

Quand je vous vois si durs, obstinés dans le péché, et je pense que notre double déchirement infini n’a pas valu à vous rendre bons, je me demande quel déchirement plus grand était nécessaire pour neutraliser le venin de Satan en vous et je ne le trouve pas parce qu’un déchirement plus grand que le nôtre n’existe pas.

J’ai tenu, du moment de mon Immaculée Conception, la tête de Satan sous mon talon de Femme sans tache. Mais puisqu’il n’a pu corrompre mon corps et mon âme par son venin, il a jeté ce venin comme acide infernal sur mon Cœur maternel et, s’il est immaculé par grâce de Dieu, il est douloureux comme il ne pourrait plus par l’œuvre de Satan, qui l’a percé à mort par l’œuvre des fils de l’homme, meurtriers de mon Fils depuis l’heure du Gethsémani jusqu’à la fin du monde.

La Mère te dit, créature qui m’es chère, que dans la béatitude du Ciel les offenses que vous faites à mon Fils, montent me blesser comme des flèches et chacune rouvre la blessure du Vendredi Saint. Plus nombreuses que les étoiles dans les firmaments de Dieu, sont les blessures que mon Cœur porte pour vous. Et de la Mère qui vous a donné sa vie, vous n’avez pas pitié.

Je reviendrai te parler aujourd’hui parce que je veux te tenir tout le jour avec moi. Aujourd’hui, je suis plus que jamais Reine dans le Ciel et je porte avec moi ton âme.

Tu es un enfant qui connait peu de sa Maman. Mais quand tu sauras bien des choses et tu me connaîtras non comme étoile lointaine dont on voit seulement un rayon et on connaît le nom, non seulement comme entité idéale et idéalisée, mais comme réalité vive et amoureuse, avec mon cœur de Mère de Dieu et de Maman de Jésus, de Femme qui comprend les douleurs de la femme parce que les plus atroces ne lui furent pas épargnées et n’a qu’à se souvenir des siennes pour comprendre celles d’autrui, alors tu m’aimeras comme tu aimes mon Fils : c’est-à-dire avec toute toi-même ».

3EME MYSTERE DOULOUREUX : LE COURONNEMENT D'EPINES

Publié le 23/10/2013 à 22:28 par mammarosa
3EME MYSTERE DOULOUREUX : LE COURONNEMENT D'EPINES

LE COURONNEMENT D’EPINES DE JESUS

(Tiré du 9ème Volume de

« L’Evangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA »)

 

On Lui lie de nouveau les mains et la corde revient scier là où il y a déjà un rouge bracelet de peau écorchée.

« Et maintenant ? Qu’en faisons-nous ? Moi, je m’ennuie ! »

« Attends ! Les Juifs veulent un roi, nous allons le leur donner ? Celui-là… » Dit un soldat.

Et il court dehors, certainement dans une cour qui se trouve derrière, d’où il revient avec un fagot de branches d’aubépine sauvage. Elles sont encore flexibles car le printemps garde ses branches relativement souples, mais bien dures avec leurs épines longues et pointues. Avec leur dague, ils enlèvent les feuilles et les fleurettes, ils plient les branches en forme de cercle et les enfoncent sur la pauvre tête. Mais la couronne barbare Lui retombe sur le cou.

« Elle ne tient pas. Plus étroite. Enlève-là ».

Ils l’enlèvent et griffent les joues au point de l’aveugler et arrachent ses cheveux en le faisant. Ils la resserrent. Maintenant elle est trop étroite et bien qu’ils l’enfoncent en faisant pénétrer les épines dans la tête, elle menace de tomber. Ils l’enlèvent de nouveau en Lui arrachant d’autres cheveux. Ils la modifient de nouveau. Maintenant, elle va bien. Par devant, un triple cordon épineux. En arrière, là où les extrémités des branches se croisent, c’est un vrai nœud d’épines qui entrent dans la nuque.

« Vois-tu comme tu es bien ? Bronze naturel et vrais rubis. Regarde-toi, ô roi, dans ma cuirasse » bougonne celui qui a eu l’idée du supplice.

« La couronne ne suffit pas pour faire un roi. Il faut la pourpre et le sceptre. Dans l’écurie il y a un roseau et aux ordures une chlamyde rouge. Prends-les Cornelius ».

Et quand ils les ont, ils mettent le sale chiffon rouge sur les épaules de Jésus. Avant de mettre dans ses mains le roseau, ils Lui en donnent des coups sur la tête en s’inclinant et en saluant : « Salut, roi des juifs » et ils se tordent de rire.

Jésus les laisse faire. Il se laisse asseoir sur le « trône », un bassin retourné, certainement employé pour abreuver les chevaux. Il se laisse frapper, railler, sans jamais parler. Il les regarde seulement… et c’est un regard d’une douleur et d’une souffrance si atroce que je ne puis le soutenir sans m’en sentir blessée au cœur.

Les soldats n’arrêtent leurs railleries qu’en entendant la voix âpre d’un supérieur qui demande que l’on traduise devant Pilate le coupable. Coupable ! De quoi ?

Jésus est ramené dans l’atrium maintenant couvert d’un précieux vélarium à cause du soleil. Il a encore la couronne et le roseau et la chlamyde.

« Avance, que je te montre au peuple ».

Jésus, bien que brisé, se redresse avec dignité. Oh ! Comme il est vraiment roi !

« Ecoutez, hébreux. L’homme est ici, je l’ai puni. Mais maintenant, laissez-le aller ».

« Non, non ! Nous voulons le voir ! Dehors ! Que l’on voit le blasphémateur ! »

« Conduisez-le dehors et veillez à ce que l’on ne le prenne pas ».

Et pendant que Jésus sort dans le vestibule et se montre dans le carré des soldats, Ponce Pilate le montre de la main en disant :

« Voilà l’homme. Votre roi. Cela ne suffit-il pas encore ? »

Le soleil d’une journée accablante, qui maintenant descend presque à pic car on est au milieu entre terce et sexte, allume et met en relief les regards et les visages. Sont-ils des hommes ? Non, des hyènes enragées. Ils crient, montrent le poing, demandent la mort…

Jésus est debout. Et je vous assure que jamais il n’a eu la noblesse de maintenant. Pas même quand il faisait les miracles les plus puissants. Noblesse de la souffrance. Mais il est tellement divin qu’il suffirait à le marquer du nom de Dieu. Mais pour dire ce nom, il faut être au moins des hommes. Et Jérusalem n’a pas d’homme aujourd’hui. Elle n’a que des démons.

Jésus tourne son regard vers la foule, cherche, trouve dans la mer des visages haineux, des visages amis. Combien ? Moins de vingt amis parmi les milliers d’ennemis…Et il incline la tête, frappé par cet abandon. Une larme tombe…une autre…une autre…la vue de ses pleurs ne suscite pas la pitié mais une haine encore plus forte.

On le ramène dans l’atrium.

« Donc ? Laissez-le aller, c’est justice ».

« Non. A mort ! Crucifie-le ! »

« Je vous donne Barabbas ».

« Non. Le Christ ! »

« Et alors chargez-vous en. Prenez sur vous de le crucifier car moi, je ne trouve aucune faute en Lui pour le faire ».

« Il s’est dit le Fils de Dieu. Notre loi prescrit la mort pour celui qui se rend coupable d’un tel blasphème ».

Pilate devient pensif. Il rentre, il s’assoit sur son petit trône. Il met la main à son front, son coude sur son genoux et il scrute Jésus.

« Approche-toi » dit-il.

Jésus va au pied de l’estrade.

« Est-ce vrai ? Réponds ».

Jésus se tait.

« D’où viens-tu ? Qu’est-ce que Dieu ? »

« C’est le Tout ».

« Et puis ? Que veut dire le Tout ? Qu’est-ce que le Tout pour celui qui meurt ? Tu es fou…Dieu n’existe pas. Moi, j’existe ».

Jésus se tait. Il a laissé tomber la grande parole et puis il recommence à s’envelopper dans le silence.

« Ponce, l’affranchie de Claudia Procula demande à entrer. Elle a un écrit pour toi ».

« Domine ! Les femmes aussi maintenant ! Qu’elle vienne ».

Une romaine entre et elle s’agenouille pour présenter une tablette de cire. Ce doit être celle où Procula prie son mari de ne pas condamner Jésus. La femme se retire à reculons pendant que Pilate lit.

« On me conseille d’éviter ton homicide. Est-ce vrai que tu es plus qu’un haruspice ? Tu me fais peur ».

Jésus se tait.

« Mais ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te libérer ou de te crucifier ? »

« Tu n’aurais aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en Haut. Aussi celui qui m’a mis entre tes mains est plus coupable que toi ».

« Qui est-ce ton Dieu ? J’ai peur… »

Jésus se tait.

Pilate est sur des charbons ardents. Il voudrait et ne voudrait pas. Il craint le châtiment de Dieu, il craint celui de Rome, il craint la vengeance des Juifs. Un moment c’est la peur de Dieu qui l’emporte. Il va sur le devant de l’atrium et dit d’une voix tonnante :

« Il n’est pas coupable ».

« Si tu le dis, tu es ennemi de César. Celui qui se fait roi est son ennemi. Tu veux libérer le Nazaréen. Nous le ferons savoir à César ».

Pilate est pris par la peur de l’homme.

« Vous voulez sa mort, en somme ? Soit ! Mais que le sang de ce juste ne soit pas sur mes mains » et, s’étant fait apporter un bassin, il se lave les mains en présence du peuple qui parait prit de frénésie et crie : « Sur nous, sur nous son sang. Qu’il retombe sur nous et nos enfants. Nous ne le craignons pas. A la croix ! A la croix ! »

Ponce Pilate retourne sur son trône, il appelle le centurion Longin et un esclave. Il se fait apporter par l’esclave une table sur laquelle il appuie une pancarte et y fait écrire : « Jésus Nazaréen, Roi des Juifs » et il la montre au peuple.

« Non, pas ainsi. Pas roi des Juifs mais qu’il a dit qu’il serait roi des juifs ». Ainsi crient plusieurs.

« Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit » dit durement Pilate, et debout, il étend les mains les paumes en avant et en bas et il ordonne : « Qu’il aille à la croix. Soldat, va, prépare la croix ». Et il descend, sans même plus se retourner vers la foule agitée, ni vers le pâle condamné. Il sort de l’atrium…

Jésus reste au milieu de l’atrium sous la garde des soldats, attendant la croix.

2EME MYSTERE DOULOUREUX : LA FLAGELLATION DE JESUS

Publié le 23/10/2013 à 22:26 par mammarosa
2EME MYSTERE DOULOUREUX : LA FLAGELLATION DE JESUS

LA FLAGELLATION DE JESUS

(Tiré du 8ème volume de

« l’Evangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA »)

 

Et Jésus, attaché de nouveau, sort avec une tunique de lin qui Lui arrive aux genoux par-dessus son vêtement rouge de laine.

Et ils reviennent vers Pilate.

Maintenant la centurie fend non sans peine la foule, qui ne s’est pas lassée d’attendre devant le palais proconsulaire. Il est étrange de voir une foule si nombreuse en ce lieu et dans le voisinage alors que le reste de la vielle paraît vide. Jésus voit les bergers en groupe et ils sont au complet : Isaac, Jonathas, Lévi, Joseph, Elie, Mathias, Jean, Syméon, Benjamin et Daniel, avec un petit groupe de Galiléens où je reconnais Alphée et Joseph d’Alphée, avec deux autres que je ne connais pas mais que je dirais juifs à cause de leur coiffure. Et plus loin, qui s’est glissé à l’intérieur du vestibule à demi caché derrière une colonne, avec un romain que je dirais un serviteur, il voit Jean. Il sourit à celui-ci et à ceux-là…Ses amis…Mais que sont ces amis si peu nombreux et Jeanne, et Manaen, et Chouza au milieu d’un océan de haine qui bout ?...

Le centurion salue Ponce Pilate et fait son rapport.

« Ici encore ?! Ouf ! Maudite race ! Faites avancer la populace et amenez ici l’Accusé. Heu ! Quel ennui ! »

Il va vers la foule en s’arrêtant toujours au milieu du vestibule.

« Hébreux, écoutez. Vous m’avez amené cet homme comme fauteur de troubles. Devant vous, je l’ai examiné et je n’ai trouvé en Lui aucun des crimes dont vous l’accusez. Hérode pas plus que moi n’a rien trouvé. Et il nous l’a renvoyé. Il ne mérite pas la mort. Rome a parlé. Cependant pour ne pas vous déplaire en vous enlevant votre amusement, je vais vous donner Barabbas. Et Lui, je le ferai frapper par quarante coups de fustigation. Cela suffit. »

« Non ! Non ! Pas Barabbas ! Pas Barrabas ! Pour Jésus la mort ! Une mort horrible ! Libère Barabbas et condamne le Nazaréen. »

« Ecoutez ! J’ai dit fustigation. Cela ne suffit pas ? Je vais le faire flageller alors ! C’est atroce, savez-vous ? On peut en mourir. Qu’a-t-il fait de mal ? Je ne trouve aucune faute en Lui et je le délivrerai ».

« Crucifie-le ! Crucifie-le ! A mort ! Tu protèges les criminels ! Païen ! Satan toi aussi ! »

La foule s’avance par-dessous et le premier rang de soldats se déforme dans le heurt car ils ne peuvent se servir de leurs lances. Mais le second rang, descendant d’un gradin, fait tourner les lances et dégage ses compagnons.

« Qu’il soit flagellé » commande Pilate à un centurion.

« Combien de coups ? »

« Autant qu’il te semble…Le tout est d’en finir. Et je suis ennuyé. Va. »

Jésus est emmené par quatre soldats dans la cour au-delà de l’atrium. Dans cette cour, toute pavée de marbre de couleur, il y a au milieu une haute colonne semblable à celle du portique. A environ trois mètres du sol elle a un bras de fer qui dépasse au moins d’un mètre et se termine en anneau. On y attache Jésus avec les mains jointes au-dessus de la tête, après l’avoir fait déshabiller. Il ne garde qu’un petit caleçon de lin et ses sandales. Les mains attachées aux poignets, sont élevées jusqu’à l’anneau, de façon que Lui, malgré sa haute taille, n’appuie au sol que la pointe des pieds…Et cette position doit être aussi une torture.
J’ai lu, je ne sais où, que la colonne était basse et que Jésus se tenait courbé. Possible. Moi, je dis ce que je vois.

Derrière Lui se place une figure de bourreau au net profil hébraïque, devant Lui une autre figure pareille. Ils sont armés d’un fouet fait de sept lanières de cuir, attachées à un manche et qui se terminent par un martelet de plomb. Rythmiquement, comme pour un exercice, ils se mettent à frapper. L’un devant, l’autre derrière, de manière que le tronc de Jésus se trouve pris dans un tourbillon de coups de fouets. Les quatre soldats auxquels il a été remis, indifférents, se sont mis à jouer aux dés avec trois autres soldats qui se sont joints à eux. Et les voix des joueurs suivent la cadence des fouets qui sifflent comme des serpents et puis résonnent comme des pierres jetées sur la peau tendue d’un tambour. Ils frappent le pauvre corps si mince et d’un blanc de vieil ivoire et qui se zèbre d’abord d’un rose de plus en plus vif, puis violet, puis il se couvre de traces d’indigo gonflées de sang, qui se rompent en laissant couler du sang de tous côtés. Ils frappent en particulier le thorax et l’abdomen, mais il ne manque pas de coups donnés aux jambes et aux bras et même à la tête, pour qu’il n’y eut pas un lambeau de la peau qui ne souffrit pas.

Et pas une plainte…S’il n’était pas soutenu par les cordes, il tomberait. Mais il ne tombe pas et ne gémit pas. Seulement, après une grêle de coups qu’il a reçus, sa tête pend sur sa poitrine comme s’il s’évanouissait.

« Ohé ! Arrête-toi ! Il doit être tué vivant » crie et bougonne un soldat.

Les deux bourreaux s’arrêtent et essuient leur sueur.

« Nous sommes épuisés » disent-ils. « Donnez-nous la paie, pour que l’on puisse boire pour se désaltérer… »

« c’est la potence que je vous donnerais ! mais prenez… » et le décurion jette une large pièce à chacun des deux bourreaux.

« Vous avez travaillé comme il faut. Il ressemble à une mosaïque. Tito, tu dis que c’était vraiment lui l’amour d’Alexandre ? Alors nous le lui ferons savoir pour qu’il en fasse le deuil. Délions-le un peu ».

Ils le délient et Jésus s’abat sur le sol comme s’il était mort. Ils le laissent là, le heurtant de temps en temps de leurs pieds chaussés de caliges pour voir s’il gémit. Mais Lui se tait.

« Qu’il soit mort ? C’est possible ? Il est jeune et c’est un artisan, m’a-t-on dit…et on dirait une dame délicate ».

« Maintenant, je m’en occupe » dit un soldat. Et il l’assoit, le dos appuyé à la colonne. Où il était, il y a des caillots de sang…Puis il va à une fontaine qui coule sous le portique, remplit d’eau une cuvette et la renverse sur la tête et le corps de Jésus. « Voilà ! L’eau fait du bien aux fleurs ».

Jésus soupire profondément et il va se lever mais il reste encore les yeux fermés.

« Oh ! Bien ! Allons, mignon ! Ta dame t’attend !... »

Mais Jésus appuie inutilement les mains au sol pour tenter de se redresser.

« Allons ! Vite ! Tu es faible ? Voilà pour te redonner des forces » raille un autre soldat. Et avec le manche de sa hallebarde il Lui donne une volée de coups au visage et il atteint Jésus entre la pommette droite et le nez, qui se met à saigner.

Jésus ouvre les yeux, les tourne. Un regard voilé…Il fixe le soldat qui l’a frappé, s’essuie le sang avec la main, et ensuite se lève grâce à un grand effort.

« Habille-toi. Ce n’est pas décent de rester ainsi. Impudique ! ». Et ils rient tous en cercle autour de Lui.

Il obéit sans parler. Il se penche, et Lui seul sait ce qu’il souffre en se penchant vers le sol, couvert de contusions comme il l’est et avec des plaies qui, lorsque la peau se tend, s’ouvrent plus encore et d’autres qui se forment à cause des cloques qui crèvent. Un soldat donne un coup de pied aux vêtements et les éparpille et chaque fois que Jésus les rejoint, allant en titubant où ils sont tombés, un soldat les repousse ou les jette dans une autre direction. Et Jésus, qui éprouve une souffrance aigue, les suit sans dire un mot pendant que les soldats se moquent de Lui en tenant des propos obscènes.

Il peut finalement se revêtir. Il remet aussi le vêtement blanc resté propre dans un coin. Il semble qu’il veuille cacher son pauvre vêtement rouge, qui hier seulement était si beau et qui maintenant est sale et taché par le sang versé au Gethsémani. Et même, avant de mettre sa tunicelle sur la peau, il essuie avec elle son visage mouillé et le nettoie ainsi de la poussière et des crachats. Et Lui, le pauvre, le saint visage, apparaît propre, marqué seulement de bleus et de petites blessures. Il redresse sa coiffure tombée en désordre, et sa barbe, par un besoin inné d’être ordonné dans sa personne.

Et puis il s’accroupit au soleil, car il tremble, mon Jésus…La fièvre commence à se glisser en Lui avec ses frissons, et aussi se fait sentir la faiblesse venant du sang perdu, du jeûne, du long chemin.

1ER MYSTERE DOULOUREUX : L'AGONIE DE JESUS

Publié le 23/10/2013 à 22:24 par mammarosa
1ER MYSTERE DOULOUREUX : L'AGONIE DE JESUS

L’ORAISON DE JESUS DANS LE JARDIN DES OLIVIERS

(Tiré du 9ème volume de l’Evangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA)

 

« Maintenant, séparons-nous. Moi, je monte là-haut pour prier. Je veux avec moi Pierre, Jean et Jacques. Vous, restez ici. Et si vous êtes accablés, appelez. Et ne craignez pas. On ne touchera pas à un cheveu de votre tête. Priez pour moi. Déposez la haine et la peur. Ce ne sera qu’un instant…et ensuite la joie sera pleine. Souriez. Que j’ai dans mon cœur vos sourires. Et encore, merci de tout, amis. Adieu. Que le Seigneur ne vous abandonne pas… »

Jésus se sépare des apôtres et va en avant pendant que Pierre se fait donner par Simon la torche. Celui-ci auparavant a allumé avec elle des rameaux résineux qui brûlent en crépitant au bord de l’oliveraie et répandent une odeur de genièvre.

Je souffre de voir le Thadée qui regarde Jésus d’un regard tellement intense et douloureux que ce dernier se retourne et cherche qui l’a regardé. Mais le Thadée se cache derrière Barthélémy et se mord les lèvres pour se dominer.

Jésus fait de la main un geste qui est bénédiction et adieu puis il continue son chemin. La lune, maintenant très haute, entoure de sa lumière sa haute figure et paraît la faire plus grande, en la spiritualisant, en rendant plus clair son vêtement rouge et plus pâle l’or de ses cheveux. Derrière Lui, hâtent le pas Pierre avec la torche et les deux fils de Zébédée.

Ils continuent jusqu’à ce qu’ils rejoignent le bord du premier escarpement du rustique amphithéâtre de l’oliveraie, auquel sert d’entrée la petite place irrégulière et de gradins les différents escarpements qui montent par échelons des oliviers sur le mont. Puis Jésus leur dit : « - Arrêtez-vous, attendez-moi ici pendant que je prie mais ne dormez pas. Je pourrais avoir besoin de vous. Et je vous le demande par charité : priez ! Votre Maître est très accablé ! »

Et en effet, il est déjà profondément accablé. Il paraît chargé d’un fardeau. Où est désormais le viril Jésus qui parlait aux foules, beau, fort, l’œil dominateur, souriant paisiblement avec sa voix retentissante et pleine de charme ? Il paraît déjà pris par l’angoisse. Il est comme quelqu’un qui a couru ou qui a pleuré. Sa vois est lasse et angoissée. Triste, triste, triste…

Pierre répond au nom de tous : « Sois tranquille, Maître. Nous veillerons et nous prierons. Tu n’as qu’à nous appeler et nous viendrons. »

Et Jésus les quitte alors que les trois se penchent pour ramasser des feuilles et des branches pour faire un feu qui serve à les tenir éveillés et aussi pour combattre la rosée qui commence à descendre abondamment. 

Il marche, en leur tournant le dos, de l’occident vers l’orient, ayant donc en face la lumière de la lune. Je vois qu’une grande douleur dilate encore davantage son œil, c’est peut-être un bistre de lassitude qui l’élargit, peut-être est-ce l’ombre de l’arcade sourcilière. Je ne sais pas. Je sais qu’il a l’œil plus ouvert et plus enfoncé. Il monte, la tête penchée, seulement de temps en temps il la lève en soupirant comme s’il se fatiguait et haletait et alors il tourne son œil si triste sur l’oliveraie paisible. Il fait quelques mètres en montée puis il tourne autour d’un escarpement qui se trouve ainsi entre Lui et les trois qu’il a laissés plus bas.

L’escarpement, qui au début ne monte que de quelques décimètres, ne cesse de monter et il a bientôt atteint deux mètres, de sorte qu’il met complètement Jésus à l’abri de tout regard indiscret ou ami. Jésus continue jusqu’à un gros rocher qui à un certain point barre le petit sentier, peut-être mis pour soutenir la côte qui descend plus raide et nue jusqu’à un espace désolé qui précède les murs au-delà desquels est située Jérusalem, et qui vers le haut continue à monter avec d’autres escarpements et d’autres oliviers. Justement au-dessus du gros rocher se penche un olivier tout noueux et tordu. Il semble un bizarre point d’interrogation mis par la nature pour poser quelque question. Les branches touffues au sommet donnent un réponse à la question du tronc, en disant tantôt oui quand elles se penchent vers la terre, tantôt non en se déplaçant de droite à gauche, sous un vent léger qui passe par vagues successives à travers les feuillages et qui parfois exhale seulement l’odeur de la terre, parfois l’odeur légèrement amère de l’olivier, parfois un parfum mêlé de roses et de muguets dont on se demande d’où il peut bien venir. Au-delà du petit sentier, vers le bas, il y a d’autres oliviers et l’un, justement au-dessous du rocher, frappé par la foudre et ayant pourtant survécu, ou découpé je ne sais comment, a, du tronc primitif, fait deux tronc qui se dressent comme les deux branches d’un grand V moulé et les deux feuillages se présentent d’un côté et de l’autre du rocher comme si en même temps ils voulaient voir et cacher, ou lui faire une base d’un gris argenté tout paisible.

Jésus s’arrête à cet endroit. Il ne regarde pas la ville qui se fait voir tout en bas, toute blanche dans le clair de lune. Au contraire, il lui tourne le dos et il prie, les bras ouverts en croix, le visage levé vers le ciel. Je ne vois pas son visage car il est dans l’ombre,  la lune étant pour ainsi dire perpendiculaire au-dessus de sa tête, c’est vrai, mais ayant aussi le feuillage épais de l’olivier entre Lui et la lune dont les rayons filtrent à peine entre les feuilles en produisant des tâches lumineuses en perpétuel mouvement. Une longue, ardente prière. De temps en temps, il pousse un soupir et fait entendre quelque parole plus nette. Ce n’est pas un Psaume ni le Pater. C’est une prière faite du jaillissement de son amour et de son besoin. Un vrai discours fait à son Père. Je le comprends par les quelques paroles que je saisi : « Tu le sais… Je suis ton Fils… Tout mais aide-moi… L’heure est venue… Je ne suis plus de la terre. Cesse tout besoin d’aide à ton Verbe…Fais que l’homme te satisfasse comme Rédempteur, comme la Parole t’a été obéissante…Ce que Tu veux…C’est pour eux que je te demande pitié…Les sauverai-je ? C’est cela que je te demande. Je les veux ainsi : sauvés du monde, de la chair, du démon…Puis-je te demander encore. C’est une juste demande, mon Père. Pas pour Moi. Pour l’homme qui est ta création et qui voulut rendre fange jusqu’à son âme. Je jette dans ma douleur et dans mon Sang cette boue pour qu’elle redevienne l’incorruptible essence de l’esprit qui t’est agréable. ..Il est partout. C’est lui le roi ce soir : au palais royal et dans les maisons, parmi les troupes et au Temple…La ville en est pleine et demain, ce sera un enfer… »

Jésus se tourne, appuie son dos au rocher et croise ses bras. Il regarde Jérusalem. Le visage de Jésus devient de plus en plus triste. Il murmure : « Elle paraît de neige…et elle n’est que péché. Mais dans elle, combien j’en ai guéris ! Combien j’ai parlé !...Où sont ceux qui me paraissaient fidèles ? »…

Jésus penche la tête et regarde fixement le terrain couvert d’une herbe courte et que la rosée rend brillante. Mais bien qu’il ait la tête penchée, je comprends qu’il pleure car des gouttes brillent en tombant de son visage sur le sol. Puis il lève la tête, desserre ses bras, les joints en les tenant au-dessus de sa tête et en les agitant ainsi unis.

Puis il se met en route. Il revient vers les trois apôtres assis autour de leur feu de branchages. Il les trouve à moitié endormis. Pierre appuie ses épaules à un tronc et, les bras croisés sur la poitrine, il balance sa tête, dans le premier brouillard d’un sommeil profond. Jacques est assis, avec son frère sur une grosse racine qui affleure et sur laquelle ils ont mis leurs manteaux pour moins sentir les aspérités mais malgré cela, bien qu’ils soient moins à l’aise que Pierre, eux aussi somnolents. Jacques a abandonné sa tête sur l’épaule de Jean qui a penché la tête sur celle de son frère comme si le demi-sommeil les avait immobilisés dans cette pose.

« Vus dormez ? Vous n’avez pas su veiller une seule heure ? Et Moi j’ai tant besoin de votre réconfort et de vos prières ! »

Les trois sursautent confus. Ils se frottent les yeux, ils murmurent une excuse, accusant la digestion pénible d’être la première cause de leur sommeil : « C’est le vin, la nourriture mais maintenant, cela passe. Cela n’a été qu’un moment. Nous ne désirions pas parler et cela nous a endormis. Mais maintenant nous allons prier à haute voix et cela ne nous arrivera plus ».

« Oui, priez et veillez. Pour vous aussi, vous en avez besoin. »

« Oui, Maître, nous allons t’obéir. »

Jésus s’en retourne. La lune Lui frappe le visage si fort que sa clarté d’argent fait pâlir de plus en plus son vêtement rouge comme si elle le couvrait d’une poussière blanche et lumineuse. Je vois dans cette clarté son visage découragé, affligé, vieilli. Le regard est toujours dilaté mais paraît embué de larmes. La bouche a un pli de lassitude.

Il revient à son rocher plus lentement et tout penché. Il s’y agenouille en appuyant ses bras au rocher qui n’est pas lisse, mais à mi-hauteur il a une sorte de sein, comme si on l’avait travaillé exprès. Sur ce sein de dimension réduite, il a poussé une petite plante qui me semble de ces fleurettes semblables à de petits lis que j’ai vues aussi en Italie. Les petites feuilles sont rondes mais dentelées sur les bords et charnues avec des fleurettes sur les tiges très grêlés. On dirait des petits flocons de neige qui saupoudrent la grisaille du rocher et les feuilles d’un vert foncé. Jésus appuie ses mains près d’elles et les fleurettes Lui frôlent la joue car il pose sa tête sur ses mains jointes et Il prie. Après un moment, il sent la fraîcheur des petites corolles et il lève la tête. Il les regarde, les caresse, leur parle : « Vous êtes pures !...Vous me réconfortez ! Dans la petite grotte de Maman, il y avait aussi de ces fleurettes… et Elle les aimait car elle disait : « Quand j’étais petite, mon père me disait : »Tu es un lis si petit et tout plein de la rosée céleste »…Maman ! Oh ! Maman ! » Il éclate en sanglots. La tête sur ses mains jointes, retombé un peu sur ses talons, je le vois et l’entends pleurer alors que ses mains serrent ses doigts et se tourmentent l’une l’autre. Je l’entends qui dit : « A Bethléem aussi… et je te les ai apportées, Maman. Mais celles-ci, qui te les apportera désormais ?... »

Puis il recommence à prier et à méditer. Elle doit être bien triste sa méditation car, pour y échapper, il se lève, va en avant et en arrière en murmurant des paroles que je ne saisis pas, levant son visage, le rabaissant, faisant des gestes, passant sur ses yeux, sur ses joues, sur ses cheveux, ses mains avec des mouvements machinaux et agités comme ceux de quelqu’un qui est dans une grande angoisse. Ce n’est rien de le dire. Le décrire est impossible. Le voir, c’est partager son angoisse.

Il fait des gestes vers Jérusalem. Puis il recommence à élever les bras vers le ciel comme pour demander de l’aide. Il enlève son manteau comme s’il avait chaud. Il le regarde… Mais que voit-il ? Ses yeux ne regardent pas autre chose que sa torture et tout sert à cette torture pour l’augmenter, même le manteau tissé par sa Mère. Il le baise et dit : « Pardon, Maman ! Pardon ! » Il semble le demander à l’étoffe filée et tissée par l’amour de sa Mère…Il le reprend. Il est pris par un tourment. Il veut prier pour le surmonter mais avec la prière reviennent les souvenirs, les appréhensions, les doutes, les regrets… C’est toute une avalanche de noms, de villes, de personnes, de faits…Je ne puis le suivre car il est rapide et irrégulier. C’est sa vie évangélique qui défile devant Lui… et Lui ramène Judas le traître.

Son angoisse est si grande, que pour l vaincre, il crie le nom de Pierre et Jean. Et il dit : « Maintenant, ils vont venir. Ils sont bien fidèles, eux ! » Mais « eux » ne viennent pas. Il appelle de nouveau. Il paraît terrorisé comme s’il voyait je ne sais quoi.

Il s’enfuit rapidement vers l’endroit où se trouve Pierre et les deux frères. Et il les trouve plus commodément et plus pesamment endormis autour de quelques braises qui vont mourir et produisent seulement des éclairs rouges dans la cendre grise. « Pierre ! Je vous ai appelés trois fois ! Mais que faites-vous ? Vous dormez encore ? Mais vous ne sentez pas à quel point je souffre ? Priez. Que la chair n’ait pas le dessus, ne vous vainque pas. En aucun de vous. Si l’esprit est prompt, la chair est faible. Aidez-moi… »

Les trois s’éveillent plus lentement mais finalement, ils y arrivent et s’excusent, les yeux ébahis. Ils se lèvent, en commençant par s’asseoir puis ils se mettent vraiment debout.

« Mais vois un peu ! » murmure Pierre. « Ceci ne nous est jamais arrivé ! Ce doit être vraiment ce vin. Il était fort. Et aussi ce froid. On s’est couvert pour ne pas le sentir (en effet, ils s’étaient couverts avec leurs manteaux, même la tête) et on n’a plus vu le feu, on n’a plus eu froid et voila que le sommeil est venu. Tu dis que tu nous as appelés ? Et pourtant, il ne me semblait pas que je dormais si profondément…Allons Jean, cherchons des branches, remuons-nous. Cela va passer. Sois tranquille, Maître, que dorénavant !...Nous resterons debout… », et il jette une poignée de feuilles sèches sur la braise et souffle pour faire reprendre la flamme. Il l’alimente avec les branches de ronce apportées par Jean, pendant que Jacques apporte une grosse branche de genièvre ou d’une plante du même genre qu’il a coupé dans un buisson peu éloigné et le met par-dessus le reste.

La flamme monte haut et gaie éclairant le pauvre visage de Jésus, un visage vraiment d’une tristesse telle que l’on ne peut le regarder sans pleurer. Toute clarté de ce visage a disparu dans une lassitude mortelle. Il dit : « J’éprouve une angoisse qui me tue ! Oh ! Oui ! Mon âme est triste à en mourir. Amis !…Amis !...Amis ! » Mais même s’il ne le disait pas, son aspect dirait qu’il est vraiment comme quelqu’un qui meurt et dans l’abandon le plus angoissé et le plus désolé. Il semble que chacune de ses paroles soit un sanglot…

Mais les trois sont trop appesantis par le sommeil. Ils semblent presque ivres tant ils marchent en titubant les yeux demi-clos…Jésus les regarde…Il ne les mortifie pas par des reproches. Il secoue la tête, soupire et s’en va à la place qu’il occupait.

Il prie de nouveau debout, les bras en croix. Puis à genoux comme avant, le visage penché sur les petites fleurs. Il réfléchit. Il se tait…Puis il se met à gémir et à sangloter fortement presque prosterné tant il s’est relâché sur ses talons. Il appelle le Père avec toujours plus d’angoisse…

« Oh ! dit-il. Il est trop amer ce calice ! Je ne puis pas ! Je ne puis pas. Il est au-dessus de ce que je puis. J’ai tout pu ! Mais pas cela…Eloigne-le, Père, de ton Fils ! Pitié pour moi !...Qu’ai-je fait pour le mériter ? » Puis il se reprend et dit : « Cependant mon Père, n’écoute pas ma voix si elle te demande ce qui est contraire à ta volonté. Ne te souviens pas que je suis ton Fils mais seulement ton serviteur. Que soit faite non pas ma volonté mais la Tienne ».

Il reste ainsi un moment puis il pousse un cri étouffé et lève un visage bouleversé. Un seul instant puis il tombe sur le sol, le visage réellement contre terre et il reste ainsi. Une loque d’homme sur qui pèse tout le péché du monde, sur qui s’abat toute la Justice du Père, sur qui descendent les ténèbres, la cendre, le fiel, cette redoutable, redoutable, absolument redoutable chose qu’est l’abandon de Dieu, pendant que Satan nous torture…C’est l’asphyxie de l’âme, c’est être ensevelis vivants dans cette prison qu’est le monde quand on ne peut plus sentir qu’entre nous et Dieu il y a un lien, c’est être enchaînés, bâillonnés, lapidés par nos propres prières qui nous retombent dessus hérissées de pointes et pleines de feu, c’est se heurter contre un Ciel fermé où ne pénètrent pas la voix et les regards de notre angoisse, c’est être « orphelins de Dieu », c’est la folie, l’agonie, le doute de s’être jusqu’alors trompés, c’est la persuasion d’être chassés par Dieu, d’être damnés. C’est l’enfer !...

Jésus gémit, au milieu des râles et des soupirs d’une véritable agonie : « Rien ! …Rien !... Va t’en !...La volonté du Père ! Elle…Elle seule !...Ta volonté, Père. La Tienne, non pas la mienne…Inutile. Je n’ai qu’un Seigneur : le Dieu Très Saint. Une Loi : l’obéissance. Un amour : la rédemption…Non, je n’ai plus de Mère. Je n’ai plus de vie. Je n’ai plus de divinité. Je n’ai plus de mission. C’est inutilement que tu me tentes, démon, avec la Mère, la vie, ma divinité, ma mission. J’ai pour Mère l’humanité et je l’aime jusqu’à mourir pour elle. La vie, je la rends à Celui qui me l’a donnée et me la demande, au Maître suprême de tout vivant. La Divinité, je l’affirme en montrant qu’elle est capable de cette expiation. La mission, je l’accomplis par ma mort. Je n’ai plus rien sauf de faire la volonté du seigneur, mon Dieu. Va-t’en Satan ! Je l’ai dit la première et la seconde fois. Je le redis pour la troisième : « Père : s’il est possible, que ce calice s’éloigne de Moi. Mais pourtant, que ce ne soit pas ma volonté mais la Tienne qui soit faite ». Va-t’en Satan ! J’appartiens à Dieu. »

Puis il ne parle plus que pour dire entre ses halètements : « Dieu ! Dieu ! Dieu ! ». Il l’appelle à chaque battement de son cœur et il semble qu’à chaque battement, le sang déborde. L’étoffe tendue sur les épaules s’en imbibe et devient sombre malgré le grand clair de lune qui l’enveloppe tout entier.

Pourtant une clarté plus vive se forme au-dessus de sa tête, suspendue à environ un mètre de Lui, une clarté si vive que même le Prostré la voit filtrer à travers les ondulations des cheveux déjà alourdis par le sang et malgré le voile dont le sang couvre ses yeux. Il lève la tête…La lune resplendit sur le pauvre visage et encore plus resplendit la lumière angélique semblable au diamant blanc-azur de l’étoile Vénus. Et apparaît la terrible agonie dans le sang qui transsude des pores. Les cils, les cheveux, la moustache, la barbe sont aspergés et couverts de sang. Le sang coule des tempes, le sang sort des veines du cou, les mains dégouttent du sang. Il tend les mains vers la lumière angélique et quand les larges manches glissent vers les coudes, les avant-bras du Christ se voient en train de suer du sang. Dans le seul visage, les larmes tracent deux lignes nettes à travers le masque rouge.

Il enlève de nouveau son manteau et s’essuie les mains, le visage, le cou, les avant-bras. Mais la sueur continue. Il presse plusieurs fois l’étoffe sur son visage en la tenant pressée avec ses mains, et chaque fois qu’elle change de place, apparaissent nettement sur l’étoffe rouge foncé, les empreintes qui, humides comme elles le sont, semblent être noires. Sur le sol, l’herbe est rouge de sang.

Jésus paraît près de défaillir. Il délace son vêtement au cou comme s’il se sentait étouffer. Il porte la main à son cœur et puis à sa tête et l’agite devant son visage comme pour s’éventer, en gardant la bouche entrouverte. Il se traîne vers le rocher mais plutôt vers le sommet du talus et s’y appuie le dos. Il reste les bras pendants le long du corps comme s’il était déjà mort, la tête pendant sur la poitrine. Il ne bouge plus.

La lumière angélique décroît tout doucement puis elle se trouve comme absorbée dans le clair de lune. Jésus rouvre les yeux. Il lève péniblement la tête. Il regarde. Il est seul mais il est moins angoissé. Il allonge une main. Il tire à Lui le manteau qu’il a abandonné sur l’herbe et se met à s’essuyer le visage, les mains, le cou, la barbe, les cheveux. Il prend une large feuille, qui a poussé justement sur le bord du talus, toute couverte de rosée et avec elle, il achève de se nettoyer en se lavant le visage et les mains et en s’essuyant de nouveau. Il le fait plusieurs fois avec d’autres feuilles, jusqu’à ce qu’il ait effacé les traces de sa terrible sueur. Seul son vêtement est tâché et spécialement sur les épaules et aux plis des coudes, au cou et à la ceinture, aux genoux. Il le regarde et secoue la tête. Il regarde aussi le manteau mais il le voit trop taché. Il le plie et le pose sur le rocher, là où il forme un berceau près des fleurettes.

Avec difficulté, à cause de sa faiblesse, il se tourne pour se mettre à genoux. Il prie en appuyant la tête sur le manteau sur lequel sont déjà ses mains. Puis il s’appuie au rocher, se lève, et encore légèrement titubant, il va trouver les disciples. Son visage est très pâle mais il n’est plus troublé. C’est un visage d’une beauté divine bien qu’il soit exsangue et plus triste qu’à l’ordinaire.

Les trois dorment profondément, tous enveloppés dans leurs manteaux, tout à fait allongés près du feu éteint. On les entend respirer profondément en un commencement de ronflement sonore.

Jésus les appelle inutilement. Il doit se pencher et secouer Pierre généreusement.

« Qu’est-ce ? Qui m’arrête ? » Dit-il en sortant abasourdi et effrayé de son manteau vert foncé.

« Personne. C’est Moi qui t’appelle. »

« C’est le matin ? »

« Non. La seconde veille est à peu près terminée. »

Pierre est tout engourdi.

Jésus secoue Jean qui pousse un cri de terreur en voyant penché sur lui un visage de fantôme tant il semble de marbre. « Oh !...Tu me paraissais mort ! ». Il secoue Jacques et celui-ci croit que c’est son frère qui l’appelle et il dit : « Ils ont pris le Maître ? ».

« Pas encore, Jacques » répond Jésus. « Mais levez-vous maintenant et allons. Celui qui me trahit est proche ».

Les trois encore étourdis se lèvent. Ils regardent autour…Oliviers, lune, rossignols, brise, la paix…Rien d’autre. Cependant, ils suivent Jésus sans parler. Les huit aussi sont plus ou moins endormis auprès du feu éteint.

« Levez-vous ! » tonne Jésus. « Pendant que Satan arrive, montrez à celui qui ne dort jamais et à ses fils que les fils de Dieu ne dorment pas ! »

« Oui, Maître ! »

« Où est-il Maître ? »

« Jésus, moi… »

« Mais qu’est-il arrivé ? »

Et au milieu des questions et des réponses confuses, ils remettent leurs manteaux…

A peine à temps pour apparaître en ordre à la troupe de sbires, commandée par Judas, qui fait irruption dans la petite place tranquille en l’éclairant violemment avec une foule de torches allumées. C’est une horde de bandits déguisés en soldats, des figures de galériens que déforme un sourire démoniaque. Il y aussi quelques zélateurs du Temple.

Les apôtres sautent tous dans un coin. Pierre devant, et les autres en groupe derrière. Jésus reste où il est.

Judas s’approche soutenant le regard de Jésus, redevenu le regard étincelant de ses jours les meilleurs. Et il n’abaisse pas son visage. Au contraire, il s’approche avec un sourire d’hyène et le baise sur la joue droite.

« Ami, et qu’es-tu venu faire ? C’est par un baiser que tu me trahis ? »

Judas baisse un instant la tête puis la relève…insensible au reproche comme à toute invitation au repentir.

Jésus, après les premières paroles dites avec la majesté de Maître, prend le ton affligé de qui se résigne à un malheur.

Les sbires, en criant, s’avancent avec des cordes et des bâtons et cherchent à s’emparer des apôtres en plus du Christ, sauf de Judas Iscariote, naturellement.

« Qui cherchez-vous ? » demande Jésus calme et solennel. 

« Jésus, le Nazaréen ».

« C’est Moi ! ». Sa voix est un tonnerre. Devant le monde assassin et à celui innocent, devant la nature et les étoiles, Jésus se rend ce témoignage ouvert, loyal, plein d’assurance. Je dirais qu’il est heureux de pouvoir se le donner.

Mais s’il avait dégagé la foudre, il n’aurait pu faire davantage. Tous s’abattent comme une gerbe d’épis fauchés. Ne restent debout que Judas, Jésus et les apôtres qui reprennent courage au spectacle des soldats abattus, si bien qu’ils s’approchent de Jésus en menaçant si explicitement Judas que celui-ci fait un saut juste à temps pour éviter un coup de maître de l’épée de Simon. Poursuivi sans résultat à coups de pierres et de bâtons que lui lancent par derrière les apôtres qui ne sont pas armés d’épées, il s’enfuit au-delà du Cédron et disparaît dans l’obscurité d’une ruelle.

« Levez-vous ? Qui cherchez-vous ? Je vous le demande de nouveau. »

« Jésus, le Nazaréen ».

« Je vous ai dit que c’est Moi » dit Jésus avec douceur. Oui : avec douceur. « Laissez donc libres ces autres. Je viens. Déposez les épées et les bâtons. Je ne suis pas un larron. J’étais toujours parmi vous. Pourquoi ne m’avez-vous pas pris alors ? Mais c’est votre heure et celle de Satan… »

Mais pendant qu’il parle, Pierre s’approche de l’homme qui déjà tend les cordes pour lier Jésus et il donne un coup d’épée maladroit. S’il s’était servi de la pointe, il l’égorgeait comme un mouton. Ainsi il ne fait que lui décoller l’oreille qui reste pendante et laisse couler beaucoup de sang. L’homme crie qu’il est mort. Il y a du désordre entre ceux qui veulent avancer et ceux qui ont peur à la vue des épées et des poignards qui brillent.

« Déposez ces armes. Je vous le commande. Si je voulais, j’aurais les Anges du Père pour me défendre. Et toi, sois guéri. Dans ton âme, si tu peux, pour commencer ». Et avant de tendre les mains aux cordes, il touche l’oreille et la guérit.

Les apôtres poussent des cris désordonnés…Oui, je regrette de le dire mais c’est ainsi. Qui crie une chose, qui une autre. L’un crie : « Tu nous as trahis ! », et un autre : « Mais il est fou ! », et un autre encore : « Et qui peut te croire ? ». Qui ne crie pas s’enfuit…

Et Jésus reste seul…Seul avec les sbires…Et le chemin commence…